Venir au pouvoir au Mali ne signifie quelque chose que pour le chef et ses proches. Une fois au trône Il est facile de construire un discours démagogique pour orienter toute la vie de la nation vers la direction voulue. Se fabriquer une personnalité artificielle avec laquelle incarner un style personnel, se tailler un charisme sur mesure pour se mettre à la hauteur des défis.
Cette image pourrait durer tant que le chef suprême tient la situation en main. Il faut surtout tirer les traits du visage pour ne pas laisser passer le moindre sourire déstructurant la force de caractère. S’imposer une démarche seigneuriale, savoir donner des ordres qui terrorisent et installer une psychose permanente à ses ministres, ses conseillers et toutes les hiérarchies… sous commandement.
Dès qu’un président se lève c’est le silence parfait qui règne. S’il parle, personne ne doit plus respirer à pleins régime. Dans ses déplacements c’est tout un branle-bas de combat, à sa nombreuse suite qui joue des pieds et des mains pour se mettre au bon endroit. Dans l’avion pas d’égards au reste de l’équipage.
De hautes personnalités politiques du pays, saluaient dès le décollage tout le monde, avant de regagner le salon. L’homme qui se hisse au sommet de l’État pour une deuxième fois n’est plus ce qu’il fut avec ses petites histoires, ses petits et grands défauts, ses limites intellectuelles, verbales, ses soucis financiers etc.
Ses familiers doivent revoir leurs rapports avec lui car c’est lui le Rais. Il n’est plus à tutoyer ni à se faire taper d’une main amicale avec un grand éclat de rire. Chacun aimerait, si l’occasion se présente, rappeler des souvenirs précis de certains faits vécus ensembles, des aventures ou mésaventures partagés, histoire de rappeler qu’avant tout, il y eut un commencement.
Mais un Président ne voudrait pas entendre se réveiller des vieux souvenirs de son passé. Surtout pas trop « sage ». Il paraît qu’un ami de classe d’un de nos nombreux présidents qui eut le privilège de s’entretenir avec lui conta un jour un vieux récit de copain qui provoqua un profond rire au point qu’il renoua avec cet ancien camarade qu’il ne lâchera plus durant tout l’exercice de son pouvoir.
C’est ce côté humanisant qui meurt chez les chefs que le pouvoir corrompt, grise très vite. Nous avons certes eu des présidents modestes, forts de caractères, affables. Nous en avons aussi d’autres taciturnes, arrogants qui piquent une colère rouge à la moindre allusion.
Un président doit être un mélange de toutes les incarnations humaines sociales, politiques capable de mettre tout son peuple en confiance avec un petit sourire naturel gratuit. Aucun être humain n’a le don de se donner des qualités que les hommes n’ont pas. Prenez soins de porter les apparats dignes d’un chef car cela renforce la posture d’un homme au perchoir.
Mais gardez vous de croire à l’éternité de votre mandat. La moindre faute peut coûter plus cher à votre magistère que tous les gestes de générosité ne pourraient réparer…