Le fichier biométrique fait presque l’unanimité mais tous comprennent-ils ses modalités et implications ? L’introduction de la biométrie dans l’organisation des élections au Mali augure une nouvelle dynamique et suscite un espoir important dans la classe politique. Conformément à la volonté d’une majorité de la classe politique, le gouvernement a opté pour le fichier biométrique issu du recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) qui servira à identifier les électeurs lors des scrutins à venir. Ce facteur neuf a conduit à la relecture de la loi électorale pour l’adapter à l’innovation. Mais dans le monde politique, l’arrivée de la biométrie soulève toujours des interrogations sur ses modalités, contenu, objectif, conséquences sur la loi électorale.
Pour répondre à ces questions, le Centre malien pour le dialogue interpartis et la démocratie (CMDID) et Electoral institute for sustainable democracy in Africa (EISA) ont organisé samedi un atelier d’échanges interpartis sur les changements de la loi électorale en rapport avec la biométrie. La rencontre était présidée par le représentant du ministre de l’Administration territoriale, le capitaine Mamadou Sangaré. Elle s’est déroulée au Grand hôtel en présence du président et du directeur exécutif du CMDID, Seydou Nourou Kéïta et Moumouni Soumano, et du délégué général aux élections, le général Siaka Sangaré. On notait également la présence du représentant de EISA, Justin Doua Gore, et du vice président de la CENI du Burkina Faso, Bagagna Joachim.
Seydou Nourou Kéïta a expliqué que les échanges interpartis et d’expériences organisés par la fondation CMDID ont permis d’enrichir la classe politique sur la question du choix de fichier électoral. Le voyage d’étude organisé par le CMDID en décembre 2012 au Burkina Faso qui a réuni des représentants de partis politiques, du ministère de l’Administration territoriale, de la DGE et de la CENI, a été une grande opportunité d’apprentissage et d’échanges au profit des acteurs politiques maliens grâce à l’atelier de partage qui s’en est suivi. Forte des acquis de cette visite et des différents ateliers organisés par la fondation CMDID, une frange importante de la classe politique s’est exprimée en faveur de l’adoption de la biométrie comme moyen d’organisation d’élections crédibles.
Justin Doua Gore a cité les deux niveaux de l’intervention de EISA au Mali : la médiation électorale et le renforcement du cadre existant de concertation entre les organes de gestion des élections que sont le ministère de l’Administration territoriale, la DGE, la CENI et les partis politiques.
L’appui de EISA au renforcement du cadre de concertation entre les organes de gestion des élections et les partis politiques tient à sa conviction que des échanges réguliers entre ces différents acteurs permettent de fournir toutes les informations aux partis politiques pendant le processus électoral et de maintenir une atmosphère de confiance, tout en respectant la liberté des partis et les différences d’opinions. Persuadé que c’est dans l’implication de tous les acteurs qu’un processus électoral peut être conduit avec succès, EISA s’engage, toujours avec le CMDID, à répliquer chaque atelier tenu à Bamako dans les différentes régions dans un souci de décentralisation du cadre de concertation entre les OGE et les partis politiques.
Pour Mamadou Sangaré, le choix d’organiser les élections sur la base des données biométriques procède de la volonté du gouvernement d’organiser des élections crédibles et transparentes ainsi qu’une manifestation des aspirations des acteurs politiques pour l’ancrage de la démocratie dans notre pays. Cette thématique, a-t-il expliqué, entre pour une part importante dans le débat politique actuel et représente un défi important de consolidation des acquis démocratiques de notre pays.
La rencontre a été ponctuée de plusieurs exposés dont un portant sur les articles de la loi électorale qui ont fait l’objet de changement et les innovations que la biométrie a amenées dans notre processus électoral.