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Moussa Kimbiri en absence de toutes procédures légales : Bientôt une plainte des avocats contre les responsables de ces actes devant les juridictions nationales et internationales
Publié le samedi 8 septembre 2018  |  Aujourd`hui
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Le pool d’avocats, constitué pour défendre Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri arrêtés par la Direction générale de la Sécurité d’Etat (Dgse) puis remis à la disposition du Service d’investigations judiciaires de la Gendarmerie nationale, a animé, le dimanche 2 septembre dernier, dans la grande salle de la Maison de la presse, une conférence de presse pour informer l’opinion nationale et internationale de l’évolution du dossier et inviter le procureur de la commune III du district de Bamako à prendre ses responsabilité en ordonnant la mise en liberté de leurs clients, compte tenu de l’expiration du délai de garde à vue.

Le pool était composé de Me Hassane Barry, Me Abdrahamane Ben Mamata Touré, Me Mohamed A.M Diallo, Me Alifa Habib Koné et Me Ibrahim Marouf Sacko, tous avocats à la Cour.

Premier à prendre la parole, Me Alifa Habib Koné est revenu sur le film des évènements qui ont conduit à la constitution du pool d’avocats pour défendre Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri. Selon lui, les circonstances et les conditions de l’arrestation de Paul et Kimbiri respectivement le 26 août et le 27 août pour “tentative de déstabilisation des institutions de la République” sont illégales. Ainsi, il a indiqué que seul le parquet du Tribunal de grande instance de la commune III a l’opportunité d’engager des poursuites pour des faits de “tentative de déstabilisation des institutions de la République”.

A le croire, leurs clients ont été arrêtés de façon extrajudiciaire, en dehors de tout circuit officiel de poursuites puisque non autorisées par un parquet, encore moins un juge d’instruction. “Un mode d’arrestation peu ordinaire pour une affaire que la simple unité d’enquête du quartier aurait pu traiter, une détention au secret pendant plus de 24 heures sous un régime juridiquement absent du droit au Mali, un traitement inhumain et dégradant pendant la détention au secret frisant la torture. Ces pratiques, nous pensions, étaient d’un autre temps, nous pensions ces pratiques à jamais révolues au Mali, c’est pourquoi, nous n’acceptons pas que cela recommence, nous disons non à toute forme d’arbitraire”, a-t-il ajouté.

A sa suite, Me Mohamed A.M Diallo, a laissé entendre que ce dossier est vide car il a été monté en épingles pour intimider Paul et Kimbiri. “Nos clients sont séquestrés au service d’investigation judiciaire. Nous nous réservons le droit de porter plainte contre les personnes qui sont responsables de ces actes d’enlèvement et de séquestration de nos clients, qu’ils sachent qu’ils ne sont pas au-dessus de la loi et qu’ils peuvent être traduits devant la justice nationale, mais aussi devant les juridictions communautaires, notamment la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples”, a-t-il ajouté.

Pour Me Ibrahim Marouf Sacko, les Maliens ne sont plus en sécurité au Mali, en plus du djihadisme, nous faisons face à un banditisme d’Etat. “A cet effet, nous allons pourchasser tous les auteurs des violations des droits de l’homme” a-t-il poursuivi.

Le procureur de la commune III invité à prendre ses responsabilités

Lui succédant au micro, Me Abdrahamane Ben Mamata Touré a déploré la perquisition de la maison de Paul I Boro sans aucun mandat. “La dénonciation à elle seule ne suffit plus, il faut des actes. Nous interpellons la Division des droits de l’Homme et des Peuples de la Mission onusienne au Mali pour le respect des droits de l’Homme. Nous demandons au procureur de la commune III de remettre en liberté Paul et Kimbiri “, a-t-il souhaité.

Quant à Me Hassan Barry, il dira que leurs clients sont des prisonniers politiques. “Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri sont détenus par une police politique et non judiciaire. C’est juste une façon d’intimider les acteurs politiques dans leur contestation. Et nous tenons à préciser que la Direction générale de la sécurité d’Etat n’est pas habilitée à arrêter les gens. Toutes sortes de rumeurs ont couru par rapport à ce dossier, du financement des mercenaires Burkinabé à l’armement de manifestants lors d’une marche de l’opposition. Il n’en est rien”, a martelé l’avocat.

Dans un document de presse élaboré pour la circonstance, les avocats affirment que la seule arme retrouvée avec Paul est son arme personnelle qui fait l’objet de toutes les autorisations légales. “Si d’autres armes ont pu être prétendument retrouvées, il est loisible pour les autorités de poursuivre alors leurs détenteurs qui jouissent certainement jusqu’ici de toute leur liberté puisque aucune autre arrestation en dehors de Paul et Moussa n’a été annoncée. Ce faisant, leur présence dans les locaux du Service d’investigations judiciaires relève plus d’une séquestration que d’une détention légale, au sens juridique”, révèle le document.

Aussi, les avocats demandent que l’équilibre soit rétabli en les remettant en liberté afin que cette affaire reçoive un traitement conforme au droit, car, selon eux, ces actes violent allègrement tous les Accords auxquels le Mali a souscrit au niveau international, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ainsi que la Résolution de l’Union Africaine sur le droit à un procès équitable et à l’assistance judiciaire.

Précisons que Paul et Kimbiri sont en grève de la faim depuis le vendredi, date à laquelle le délai de garde à vue est expiré.

Boubacar PAÏTAO

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