Si aucun dialogue d’envergure n’est entamé avant la tenue des prochaines élections législatives, l’opposition incarnée par Soumaïla Cissé, Tièbilé Dramé, Choguel Maïga et autres risquent de réaliser des contre-performances électorales, les mêmes causes produisant les mêmes effets… Peut-elle imposer un dialogue pour lui faire reprendre ses forces ?
C’est à un dilemme cornélien que le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, est confronté aujourd’hui en cette veille des élections législatives des 28 octobre et 18 novembre prochain. La stratégie de la contestation électorale des résultats de la présidentielle ayant montré ses limites, le leader de l’URD et sa troupe risquent de voir sa représentativité parlementaire prendre un coup par les manœuvres des alliés de la majorité, qui semble requinquée par la remise en selle d’IBK.
Dans la majorité pour ne pas tirer le diable par la queue ?
Avec l’investiture du président réélu, le mardi 4 septembre dernier, c’est quasiment une nouvelle page de l’histoire politique du Mali moderne qui se tourne. IBK entame son second mandat à la tête du pays, même si cela est précédée et marquée par la contestation bruyante dans la rue. Tant à Bamako, à l’intérieur du pays qu’au sein de la diaspora. Mais cela n’a pas empêché une sorte de realpolitik de nombreux acteurs. Le PRVM Faso ko de Mamadou Sidibé, Mali Kanu de Modibo Koné, Kalifa Sanogo (conseillé, dit-on, par son épouse) et son groupe et quelques transfuges des FARE, qui avaient critiqué le régime IBK, ont rejoint la mouvance présidentielle. Sans compter l’ADEMA et un pan du PDES, qui soufflent dans la trompette IBK. Ce qui pourra donner une base importante à tous ceux qui préfèrent être dans l’attelage présidentiel pouvant permettre un renvoi d’ascenseur social : un poste électif ou nominatif quelconque. Histoire de ne pas tirer le diable par la queue !
En effet, en réussissant à prêter serment comme président de la République pour la période 2018-2023, IBK a, malgré tout, scellé « sa victoire » sur son challenger de toujours, Soumaïla Cissé dans la course pour le pouvoir. L’inefficacité du combat de la rue de Soumi champion sera alors constatée par tous. « Les chiens aboient, la caravane passe ! », jubilent allégrement les tenants du pouvoir. IBK sera à Koulouba dans un contexte sociopolitique difficile certes, mais y sera tout de même… Il envisagerait, selon des sources crédibles, comment « récupérer » certains mécontents flexibles du camp de l’opposition. Cela peut se faire à travers les nombreuses opportunités qu’offre l’exercice du pouvoir d’Etat. Surtout que bien rares sont ces cadres qui cracheraient sur des offres de postes nominatifs aux avantages bien huilés. Avec cette option, IBK peut apaiser un tant soit peu la colère de certains déçus et piocher dans le camp de ses adversaires. Et, peut-être, d’une pierre deux coups, IBK pourrait, murmure-t-on, ainsi tenter d’isoler le chef de file de l’opposition. Et surtout que certains de ses partisans pronostiquent une « alternance au cabinet du chef de file de l’opposition ».
Accepter la main tendue par patriotisme
Ce qui ne pourra se faire qu’avec une nouvelle majorité de députés au sein de l’opposition. L’on parle du parti ADP-Maliba d’Aliou Diallo ou de l’alliance du RpDM-Yelema du duo Cheick Modibo Diarra-Moussa Mara. Ce dernier vient, du reste, d’appeler Soumaïla Cissé à saisir la main vers lui tendue par le président reconduit. Mais, comment doit se faire cette acceptation de la main tendue ? 0 travers une sortie publique ? Par une correspondance adressée au chef de l’Etat ? A travers une mission envoyée vers Koulouba ? Il semble que pour l’intérêt supérieur du Mali et surtout pour la paix sociale, Soumaïla Cissé ne peut se permettre de cracher sur cette invitation à lui faite par son « aîné » de président. Il en tirerait un dividende politique certain. L’image serait celle du gagnant qu’il clame être avec plus de 51% des voix qui accepte par patriotisme, malgré lui, d’avoir perdu… Il marquerait alors quelques points sur le terrain de la victimisation…
Par ailleurs, avec l’enjeu des réforme politiques majeures à venir, les caciques du RPM et alliés parient dur sur le renforcement de leur représentativité à l’Hémicycle. Ils n’hésiteront donc pas à mettre en branle les gros moyens pour l’atteinte de cet objectif. L’opposition ne devrait pas leur offrir un boulevard pour atteindre cet objectif. Cela conduira quasiment à un hémicycle monocolore. Ce qui serait un recul pour la démocratie malienne.
Et IBK, tenant à rassembler autour de ces réformes, voudra composer avec les mécontents de cette opposition et en particulier Soumaïla Cissé. C’est cela qui impose, comme cela se susurre déjà, un report de quelques semaines, des dates des élections législatives. Toute chose permettant à chaque composante de la classe politique de se remettre d’aplomb. Dans l’intérêt exclusif du Maliba !