Le tant attendu remaniement ministériel du second quinquennat du président Ibrahim Boubacar Kéita après la reconduction du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, est désormais définitif. Le décret N°0712 P-RM portant nomination des membres du gouvernement a été rendu public, avant-hier, dimanche, 09 septembre 2018, par le secrétaire général de la présidence Moustaph Ben Barka. Cette nomination intervient après plusieurs jours de tractations à couper le souffle. Des informations indiquent qu’on a même frôlé l’instabilité institutionnelle tant le président et le Premier ministre n’étaient pas souvent sur la même longueur d’ondes.
Plusieurs raisons expliquent ce bras de fer latent entre la première et la deuxième institution du pays. Du côté du Premier ministre, lui voulait un Exécutif débarrassé des chefs de partis politiques, en dehors de tout militantisme ou autre forme de récompense politique pour tel ou tel soutien lors des dernières présidentielles. Une telle option agaçait un peu le locataire de Koulouba enclin à calmer la situation politico-géostratégique par l’adoubement de certains camarades issus des formations politiques, de la société civile et des partenaires du Nord. Sur la mise à l’écart des deux familles respectives, les deux hommes embouchaient la même trompette. Chaque partie tirait sur sa ficelle en raison des affinités ça et là. Mais le sentiment de construction nationale a dépassionné le son de cloche, évitant une exhibition de muscle de part et d’autre.
Soumeylou tire sa légitimité des dernières consultations électorales où il fut considéré comme le catalyseur de la reconquête du pouvoir par le président sortant. En effet, le Premier ministre reconduit a mouillé le maillot en tirant son épingle du jeu pour la réussite des présidentielles dernières. Nul doute qu’il a damé le pion à l’opposition et contraint des proches d’IBK à un retrait forcé ou à faire marche arrière. Vu sous cet angle, Soumeylou Boubèye est apparu comme un faiseur de Roi, un enfant chouchou dans le camp d’IBK attirant sur lui des admirations par-ci, par-là. Donc, sans conteste, le Premier ministre est arrivé appuyé au betting au moment où il mettait en place son attelage gouvernemental. IBK le sait bien. Justement à propos d’IBK, il est apparu conciliateur, rassembleur, à l’écoute de son PM, déterminés, ensemble, à conduire le navire Mali à bon port. Cette complémentarité dans l’action est le fruit du gouvernement qui a été proposé aux Maliens.
Ce gouvernement, version deuxième mandat d’IBK, comprend des ministres très aguerris, rompus aux taches de la haute administration malienne, prêts aux combats et au sacrifice suprême pour le Mali. Dans ce gouvernement postélectoral, on constate le départ des grands ténors qi avaient bataillé dur pour la réélection du président de la République parmi lesquels le très sérieux et l’inusable Abdel Kader Konaté anciennement ministre du Commerce qui aurait demandé à sortir de l’attelage gouvernemental en vue de se préparer pour les législatives à venir.
Comme on le voit, on constate que les chefs de partis se font rares dans le gouvernement. Il ne s’agit point d’une incartade du PM, mais d’une mesure courageuse et sa propension à les orienter vers l’Hémicycle qui les sied bien et non le gouvernement où ils ont tendance à implanter leurs partis reléguant au second rang le travail gouvernemental sur la base duquel ils ont été nommés.