Des innovations salutaires aux incohérences nominatives, voici bien des remarques faites par un analyste politique malien. Formé il y a à peine une semaine avec 32 ministres dont huit entrants contre 12 sortants, toutes les attentions semblent braquées sur ce nouveau gouvernement face aux enjeux et défis majeurs qui se posent au Mali. De l’avis de cet observateur qui a préféré garder l’anonymat, l’actuelle équipe gouvernementale dirigée par Soumeylou Boubèye Maïga est juste intérimaire.
En cedébut de quinquennat pour le Président de la République Ibrahim Boubacar KEITA, qui vient de renouveler sa confiance à son ancien Premier ministre SBM, tous les yeux étaient rivés sur cette nouvelle équipe pour les grands chantiers du pays. Avec des véritables défis qui restent à relever sur de nombreux axes, notamment la sécurité, la diplomatie, l’éducation, la santé,la justice, l’emploi, le transport, les infrastructures et bien d’autres, la tâche ne sera pas facile pour le présent gouvernement qui ne bénéficiera pas de délais de grâce.
Mais à regarder de près la configuration de cette équipe, on peut se permettre d’affirmer que c’est un gouvernement intérimaire. Car, comme le dit le Président IBK à qui veut l’entendre, il a été le candidat de l’ensemble de la soixantaine de partis politiques qui l’ont désigné. Ce qui lui a permis de devenir le Président de tous les Maliens.
Président de tous les courants, la composition du gouvernement doit refléter cela. Même s’ils ne sont pas nombreux les politiques et observateurs à critiquer la qualité des hommes qui le composent, les gens rêves de voir un gouvernement plus inclusif. Il s’agit de faire de la place à tous les partenaires, tout en prenant en compte le RPM dont est issu le candidat. Même si la mise à l’écart du secrétaire général dudit parti est perçue comme une sanction politique eu égard à sa contreperformance dans sa localité natale lors de la présidentielle, celle de son président, Dr BokaryTreta, mérite une explication.
En entendant d’entrer dans les détails de ce qui se passe entre Tréta et le PM, SBM dans nos prochaines parutions, il faut souligner que la dizaine de portefeuilles ministériels devrait englober les ministères clés comme la Défense et l’Economie, entre autres.
La non-prise en compte de cet aspect nous amène sur la piste du gouvernement intérimaire. En plus, la composition de l’actuel gouvernement laisse croire qu’il faut s’attendre à un nouveau gouvernement après les législatives. Ce, afin d’appliquer les orientations du Chef de l’Etat qui déclarait : «Je suis le candidat de tous les partis politiques et de tous les Maliens. Car le score que j’ai en 2013, à savoir 77%, ne peut pas être l’œuvre d’un seul parti.
Que cela soit clair pour tous. Je vous invite à travailler avec cette démarche d’union, d’entente et de non-violence surtout. Que vous ne manquiez de respect à personne. Que dans cette mission, personne ne se sous-estime».
Aussi, dans la Plateforme d’alliance, il est indiqué que les partis seront représentés chacun en fonction de son poids électoral.
Dans la Plateforme d’alliance, il est précisé : «d’ œuvrer ensemble pour former une majorité de gouvernement en vue de soutenir l’action de S.E Ibrahim Boubacar Kéita après sa réélection à la magistrature suprême ;
respecter scrupuleusement les engagements de la présente Plateforme; promouvoir et garantir la mise en œuvre des mesures constitutionnelles, législatives et règlementaires propices a l’organisation d’élections justes, libres, crédibles, transparentes et inclusives ;oeuvrer à faire respecter par l’ensemble de la population nationale les principes, lois et règlements de la République, en évitant d’attiser et d’entretenir les divisions communautaires;promouvoir une économie solidaire et sociale de marché ; relever les défis du monde agricole, de rééducation nationale, de l‘emploi, de la sécurité, de la sante publique et de la justice ;assurer aux populations les moyens de leur promotion professionnelle et sociale.
Pour assurer la réélection de S.E Ibrahim Boubacar Kéita à la présidentielle de 2018 et l’obtention d’une majorité parlementaire confortable, en vue d’un exercice partagé du pouvoir, les partis politiques de l’Alliance s’engagent à tout mettre en œuvre pour : une stratégie électorale efficace pour l’élection présidentielle ;une stratégie de candidature concertée ou commune pour les élections législatives ;une stratégie de liste concertée aux élections locales ;la création d’une coordination des structures en charge des élections ;l’élaboration d’un programme commun de gouvernement.
Pour l’élection présidentielle, chaque parti politique de l’Alliance s’engage à ne soutenir aucun autre candidat que S.E Ibrahim Boubacar Kéita et ce, dès le 1er tour ». Pour respecter cet engament et mettre en application les orientations du Président de la République, il faut s’attendre à un nouveau gouvernement après les élections législatives. Car, à ce stade actuel, personne ne peut mesurer le poids réel d’un parti politiques. C’est pourquoi, les ambitions de certains chefs de partis politiques à reporter les scrutins législatifs au 1er semestre de 2019 créent des remous au sein de la majorité. Car certains ne veulent pas donner le temps necessaire à d’autres de se préparer pour s’imposer à l’hémicycle.