De Ségou où l’arrivée a eu lieu de nuit la veille, la délégation est partie tôt ce dimanche matin du 8 juin à l’assaut des bourgades des cercles de San et Macina, dans le centre du Mali. Le président en avait donné la consigne ferme : aller à la rencontre des populations qui vivent dans cette zone assez particulière entre les deux fleuves, le Niger et le Bani. Zone difficile d’accès, avec des terres inondées et des villages coupés du reste du pays en saison d’hivernage et à la montée des eaux. C’était le choix de Modibo Sidibé d’aller au contact de ces populations, loin des centres urbains, dans le pays profond.
Le programme de la tournée avait été soigneusement adapté au vœu du président : en trois jours, du 9 au 11 juin, ce ne sont pas moins de vingt cinq localités qui ont accueilli la délégation de Modibo Sidibé. Des villages qui surgissent au détour de routes à peine praticables. Des populations qui ont souvent attendu longtemps l’arrivée de ce visiteur inconnu, mais que tous ont envie de voir. Des villages dont on n’entend souvent pas parler. Ceux du pays de Macina, Kologo, Kouy, Matomou, Sounley et d’autres moins connus encore ; et les villages du pays de San : Yasso, Sanékuy, Mafouné, Madiakuy et encore bien d’autres.
Et partout, le même accueil débordant d’enthousiasme des populations. La visite cependant obéit à des règles strictes : d’abord la parole aux anciens, Chefs de villages, Imams, et ensuite l’accueil par les groupes des hommes, puis des jeunes et enfin le tour des femmes.
C’est après seulement que Modibo Sidibé a la possibilité de parler à la population, de leur expliquer la raison de sa présence, et pourquoi il est venu jusqu’à eux.
Plus d’une fois, la même révélation est faite à la délégation : c’est la première fois que beaucoup de ces villages accueillent une délégation de cette nature. Jamais, « depuis que le Mali est Mali » (entendez depuis l’indépendance), aucun candidat à l’élection présidentielle n’est venu à ces populations. Jamais, elles n’ont le privilège d’accueillir un président de la République !
Au bout de la fatigue des pistes défoncées, les rencontres avec ces populations sont des moments de rare intensité émotionnelle, malgré la brièveté du temps d’escale. Mais les poignées de mains échangées, les paroles dites par le Chef de village ou l’Imam,celles murmurées timùidement par les présidentes des associations de femmes, toutes ces paroles et les quelques confidences faites dans le creux de l’oreille du visiteur, demeureront comme un précieux témoignage d’une intimité partagée.
Et comme certains l’ont dit à Modibo Sidibé au cours des rencontres, nul besoin de dire quelles sont les attentes des populations à celui qui est venu les voir vivre sur leurs terres : lui sait déjà quelles sont ces attentes.
En quittant San ce mercredi matin, Modibo Sidibé lui sait ce que les populations attendent.