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Le Mali indépendant aura cinquante huit ans le 22 Septembre (Première partie): Bilan d’un parcours politique fait de hauts et de bas
Publié le mercredi 19 septembre 2018  |  Infosept
Commémoration
© aBamako.com par A.S
Commémoration du 55e anniversaire de l’indépendance du Mali
Bamako, le 22 septembre 2015 le Président de la République Ibrahim Boubacar Keita a assisté au défilé militaires et au dépôt de gerbe devant la place de l’indépendance
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Le 22 Septembre 2018, le Mali soufflera ses 58 bougies de son accession à l’indépendance. Que de chemins parcourus, que d’obstacles surmontés, que d’actes posés, mais aussi et surtout, que d’espérances déçues et d’angoisses causées par des hommes qui ont laissé le destin de tout un peuple basculer entre les mains de certains pendant un temps bien déterminé.
Le Mali a été le berceau de trois grands empires : l’empire du Ghana, l’empire du Mali et l’empire songhaï. Il est par la suite une colonie française de 1895 à 1960. Quelques années après son indépendance, il subit la dictature de Moussa Traoré avant de connaître un régime démocratique (depuis le début des années 1990). Bilan d’un parcours politique fait de hauts et de bas.

MODIBO KEITA
Le Soudan Français accéda à l’indépendance le 22 Septembre 1960 et devient la République du Mali après l’échec de l’éphémère Fédération avec le Sénégal de Léopold Sédar Senghor. Modibo devient le premier président de la république du Mali. Pendant huit ans, le régime socialiste a œuvré pour la relance de l’économie et l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Voici quelques grandes réalisations du régime de Modibo Keita En octobre 1960, la Société malienne d’importation et d’exportation (Somiex) est créée et se voit attribuer le monopole des exportations des productions locales et de l’importation des produits manufacturés et de biens alimentaires comme le sucre, le thé et le lait en poudre, et leur distribution à l’intérieur du pays
Le 1er juillet 1962, le gouvernement créé le Franc malien qui remplace le franc CFA. Le franc malien n’est pas convertible et la détention de l’ancienne devise est interdite. Cette décision aggrave les dissensions avec les commerçants.

L’un d’eux est emprisonné pour détention de francs CFA. Le 20 juillet 1962, une manifestation de commerçant est violemment réprimée, faisant plusieurs morts. Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko, ancien responsable du Parti progressiste soudanais sont arrêtés avec Kassim Touré, chef de file des commerçants de Bamako. Ils sont jugés pour complot contre l’État par un tribunal populaire du 24 au 27 septembre 1962 qui les condamne à la peine de mort, peine commuée en condamnation à perpétuité. Ils mourront au bagne de Kidal dans le Nord du Mali. Le 22 janvier 1968, Modibo Keïta dissout l’Assemblée nationale et décide de gouverner par ordonnance. Son régime fut renversé le 19 novembre 1968 par un Comité Militaire de Libération Nationale, CMLN, dirigé par le Lieutenant Moussa Traoré

MOUSSA TRAORE
Le 19 novembre 1968 des officiers militaires, dont les capitaines Yoro Diakité et Mamadou Cissoko et les lieutenants Youssouf Traoré, Kissima Doukara et Moussa Traoré renversent le régime de Modibo Keïta. Le président est arrêté au retour d’un voyage officiel dans la région de Mopti. Un Comité militaire de libération nationale (CMLN) est formé qui met en place un régime d’exception. Le 23 novembre 1968, un gouvernement placé sous l’autorité du CMLN est constitué avec le capitaine Yoro Diakité comme Premier ministre. Le capitaine Charles samba Cissokho et le chef d’escadron de gendarmerie Balla Koné sont nommés respectivement ministre de la Défense nationale et ministre de l’Intérieur, de l’Information et de la Sécurité. Deux personnalités modérées du régime de l’US-RDA font partie du gouvernement: Jean-Marie Koné qui a négocié les accords franco-maliens, nommé ministre des Affaires étrangères et Louis Nègre qui conserve son poste de ministre des Finances auquel s’ajoute le Plan et les Affaires économiques.

Le 7 décembre 1968, la constitution du 22 septembre 1960 est abolie et remplacée par la Loi fondamentale. Le CMLN est l’organe suprême du pays, son président, Moussa Traoré, est chef de l’État. Le CMLN promet l’adoption rapide d’une nouvelle constitution et des élections dans l’année à venir.

Yoro Diakité est démis rapidement de ses fonctions de Premier ministre qui sont attribués au chef de l’État. Du 10 septembre au 26 novembre 1970 il occupe les fonctions de ministre de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité. Il est démis de ces fonctions au profit de Kissima Doukara. Rayé des cadres de l’armée, il est arrêté pour tentative de coup d’État le 7 mars 1971 et condamné le 31 juillet aux travaux forcés à perpétuité dans une mine de sel où il meurt de mauvais traitement deux ans plus tard. Le capitaine Malick Diallo, ministre de l’Information est condamné en même temps et à la même peine. En octobre 1971, Moussa Traoré prend le titre de colonel.

Moussa Traoré fait approuver le 2 juin 1974 une nouvelle constitution créant la 2e république par référendum. Le Oui l’emporte par 99,71 % mais l’opposition qualifie ce référendum de « farce ». Le 30 mars 1976, le parti unique Union démocratique du peuple malien (UDPM) est créé. Le régime autoritaire met en place également l’Union nationale des jeunes du Mali afin de contrôler la jeunesse et réduire l’influence du syndicat étudiant, l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM), qui avait des liens avec des partis clandestins comme le PMT, le Parti malien pour la démocratie et la révolution (PMDR) et le Comité de défense des libertés démocratiques au Mali (CDLDM). Le 16 mai 1977, Modibo Keïta meurt, officiellement d’un œdème pulmonaire. Cependant, aucune autopsie n’ayant été pratiqué, les raisons de sa mort sont incertaines : manques de soin, empoisonnement sont des raisons invoqués par les proches de l’ancien président.

Le 27 juin 1990, un poste de gendarmerie est attaqué à Ménaka. C’est le point de départ de l’insurrection armée menée par le Mouvement populaire de l’Azawad de Iyad Ag Ghali.
Le 15 octobre 1990 est créée l’Association des jeunes pour la démocratie et le progrès (AJDP). Le 18 octobre 1990, le Comité nationale d’initiative démocratique (Cnid) est créée à Bamako par Mountaga Tall et Demba Diallo, afin d’agir à visage découvert pour le multipartisme. Une semaine plus tard, le 25 octobre 1990, l’Alliance pour la démocratie au Mali est créé par des militants du PMT, du PMDR, du FDPM et de l’US-RDA créent l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), présidée par Abdrahamane Baba Touré. Ces associations vont mobiliser la population, en organisant des marches à Bamako et dans d’autres villes du pays. Le 10 décembre 1990, le Cnid organise une manifestation pacifique qui réunit 10 000 personnes à Bamako. Le 30 décembre 1990 une marche unitaire est organisée par le Cnid et l’Adéma à Bamako. Entre 30 000 à 50 000 personnes y participent.

Le régime interdit d’activité l’Adéma et le Cnid le 18 janvier 1991. Le 18 janvier 1991, une nouvelle manifestation est organisée à Bamako. Mountaga Tall, le leader du Cnid est blessé par un tir de grenade lacrymogène. Le lendemain, une manifestation a lieu à Ségou. Le 3 mars 1991, une marche unitaire rassemble le Cnid, L’adéma, l’Association des jeunes pour la démocratie et le progrès (AJDP) et la Jeunesse libre et démocratique (JLD). Le 17 mars 1991, l’Adema, le Cnid et l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) organisent une marche silencieuse en souvenir de Cabral, leader étudiant assassiné le 17 mars 1980.

Le Comité de coordination des associations et des organisations démocratiques, communément appelé Mouvement démocratique voit le jour le 22 mars 1991. Il est constitué par le Cnid, l’Adéma, l’AJDP, la JLD, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), l’AEEM et le barreau…

AMADOU TOUMANI TOURE
Le 26 mars 1991, Moussa Traoré est arrêté par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré. Un comité de réconciliation nationale est formé par les militaires Le Comité de réconciliation nationale rencontre les organisations démocratiques regroupées au sein du Comité de coordination des associations et des organisations démocratiques (CCAOD). Ils décident de constituer le Comité transitoire pour le salut du peuple (CTSP), qui comprend dix militaires et quinze représentants des organisations démocratiques dont 4 représentations des associations de jeunes et deux du mouvement de rébellion du nord. Le CTSP, présidé par Amadou Toumani Touré assume les fonctions de gouvernement provisoire31.

Le CTSP organise une conférence nationale du 29 juillet 1992 au 12 août 1992 afin d’élaborer une nouvelle constitution et définir le processus électoral. Le multipartisme est reconnu et une charte des partis politiques est établie par l’ordonnance CTSP du 10 octobre 1991. Les maliens approuvent par référendum le 12 janvier 1992 la nouvelle constitution. Le oui l’emporte avec 98,35 % des suffrages. Des élections municipales sont organisées la semaine suivante le 23 février et le 8 mars puis des élections législatives le 23 février et le 8 mars. Sur les 48 partis déjà créés, 22 participent aux élections et 10 obtiennent des élus. L’Adéma-Pasj, avec 76 députés sur 116, obtient une large majorité absolue.

Le nouveau gouvernement signe un pacte national de réconciliation avec les Touaregs le 11 avril 1992 qui prévoit notamment : l’intégration des ex-rebelles dans les services publics (corps en uniforme et administration générale) et dans les activités socio économiques; l’allégement du dispositif militaire dans les régions du Nord; le retour de l’administration et des services techniques dans le Nord; la reprise des activités économiques et la mise en œuvre de programmes de développement socio-économique d’envergure pour le moyen et le long terme.
A suivre….
Youssouf Sissoko
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