Incorrigible, mon cousin l’est, puisqu’il n’arrive toujours pas à se défaire de ses vilaines habitudes. Il dort toujours à poings fermés pendant que les choses prennent une mauvaise tournure. Faire la grasse matinée, la sieste, en sus de dormir comme un loir la nuit, mon cousin passe le plus clair de son temps dans les bras de Morphée. Ça vous paraît tautologique ?
Sinon, le connaissant, républicain qu’il dit être et démocrate convaincu, il ne laisserait pas prospérer des arrestations extrajudiciaires. La démocratie sous l’ère de mon cousin ne s’encombre pas du respect des principes, elle privilégie le compagnonnage et la docilité.
Avoir un point de vue opposé à celui de mon cousin est un crime de lèse-majesté. Tout le monde devrait rentrer dans le rang. Signe des temps, mon cousin semble n’avoir pas la conscience tranquille. Qui pourrait avoir la conscience tranquille en ayant conscience d’avoir promis, juré et triché ?
À la veille de la présidentielle, il avait promis remettre le pouvoir à celui qui aura mérité la confiance des Maliens. Mais il ne s’est guère privé de fausser le jeu pour s’assurer un nouveau contrat avec ses compatriotes. S’il en a gros sur le cœur, il devrait aussi en avoir lourd sur la conscience. D’où sa tendance à tout réprimer, sa fébrilité devant la moindre contestation.
Oui, sous l’ère de mon cousin, il est permis de passer de longues siestes à l’ombre de l’Etat. Mais guère de faire le moindre bruit ou de lever la moindre protestation ! Sinon, vous aurez droit à un traitement spécial : il vous agitera son doigt (index). Au pire, vous allez en taule.