A la veille de la fête de l’indépendance couplée avec l’investiture du président Ibrahim Boubacar Keita pour un second mandat présidentiel, l’Opposition politique et une bonne partie de la société civile se sont fait entendre dans les rues de Bamako. C’est pour dire que l’Appel de la coalition « Ensemble restaurons l’espoir » a eu un écho retentissant au sein de la population, laquelle a répondu activement par sa présence massive dans les rues de la capitale, et dans tous les quartiers. En effet, dès le vendredi après-midi, des caravanes formées un peu dans les six communes de Bamako ont convergé vers la Bourse du travail où les manifestants devaient passer la nuit, jusqu’au lendemain, jour de l’indépendance du Mali, pour y tenir un meeting géant.
Les contestataires, qui ne reconnaissent pas IBK comme leur président, le qualifient de « grand voleur » et appellent à la résistance jusqu’à ce qu’il plie bagages et laisse Koulouba au « vainqueur », Soumaila Cissé, ex-chef de file de l’Opposition.
La main tendue d’IBK annoncée plusieurs fois n’aura donc rien servi car tombée dans les oreilles de sourds qui foncent tout droit vers leur objectif de rejet du diktat de la fraude électorale et de l’imposture qui cherche à imposer l’illégalité et l’illégitimité comme source de pouvoir. Comme si le vol était créateur de droit !
En tout cas, les thuriféraires du clan IBK ont tout faux car ce qu’ils tentaient d’éviter à leur mentor arrivera : les hôtes du président IBK ont senti le malaise ambiant et restent convaincus que la réalité perçue sur le terrain reste de loin en contradiction avec les résultats miroités. Par conséquent, IBK est loin de faire l’unanimité comme ce fut le cas en 2013, malgré le score fantaisiste publié à l’issue du dernier scrutin présidentiel.
En commune V, les caravanes ont bloqué le Pont Fad emprunté par les invités de marque. Dans le centre, la commune IV, nid de la résistance, sous la gouvernance de Oumar Aladji Touré, patron de l’Association Kaoural Renouveau, a fait face pendant des heures aux policiers déployés pour empêcher toute manifestation.
Devant la Bourse du travail qui était le point de rendez-vous, malgré la présence massive des policiers, les manifestants étaient là et se battaient face aux gaz lacrymogènes.
Cet évènement, les médias du monde entier en ont fait leurs choux gras car figurant en bonne place des titres, toutes presses confondues, durant toute la journée. Toute chose qui a entaché la fête honteusement grandiose à laquelle IBK s’apprêtait à se livrer devant plusieurs chefs d’Etat invités pour la circonstance, tandis que les ¾ de son territoire sont hors contrôle de l’Etat.
Le 22 septembre, lorsqu’IBK se livrait à un spectacle aux allures de voyeurisme à Bamako, les Maliens de France étaient dans les rues, emboitant le pas aux Bamakois pour le même motif. La diaspora, rappelons-le, ne veut pas sentir IBK et les résultats du scrutin présidentiel l’attestent suffisamment. Raison pour laquelle, aussitôt après la proclamation des résultats du 1er tour de la présidentielle, des diplomates en poste à l’étranger, qui n’ont pas créé des conditions de fraude électorale et de bourrage des urnes, étaient dans le collimateur de Boua. Il n’a pas hésité à les rappeler dare-dare à Bamako.
La grande manifestation de vendredi dernier à Bamako et celle des Maliens de France, le lendemain samedi, ont vraiment altéré la volonté du Roi de réaliser sa mise en scène de semblant de popularité et de légitimité. IBK est donc touché dans son honneur.
Mais les contestataires n’entendent pas baisser les bras, malgré les arrestations dans leurs rangs, le vendredi 21 septembre. Dans les jours à venir, ils comptent entreprendre d’autres actions pour un seul motif : IBK partira.