Voilà plus de trois ans depuis que l’Accord d’Alger, tiré par les cheveux, a été officiellement paraphé. Sur papier, tout ou du moins, bon nombre d’engagements prometteurs avaient été signés entre Bamako et les Groupes armés sous l’égide de la communauté internationale comme garant de l’application à la lettre la teneur du document. Mais, au grand dam de l’opinion nationale, la mise en œuvre de cet Accord n’évolue que très difficilement, qu’à pas de caméléon. Ce, en ce sens qu’analysant de plus près le processus enclenché, on constate que c’est le Peuple malien seul qui est en train de consentir plus de sacrifices et faire preuve de dos large pour que soit possible de matérialiser ce qui lui est obligé sur fond d’un calendrier caché.
Au moment où le Peuple malien se croyait au bout du tunnel, voilà du côté de notre voisin mauritanien en complicité stratégique et militaire avec les ex-rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), signataires de l’Accord d’Alger, on est toujours dans la fourberie et les volte-face tactiques. Pourtant, la signature du document était bel et bien accouplée d’un chronogramme clairement défini dont le Gouvernement et les ex-rebelles sont tenus à respecter forcément. Cependant, il fait maintenant trois ans, jour pour jour, c’est pratiquement le statuquo, l’impasse totale à tous les niveaux. En tout cas, c’est toujours le même flou, le même jeu de cache-cache. Le constat est là, il est clair, stressant. Il est avéré que les exigences de la paix sont toujours confrontées à des sérieuses difficultés surgissant les unes après les autres. Et toujours c’est du côté des ex-rebelles du MNLA implicitement caressés dans le sens du poil et par la France et par l’Algérie et par la Mauritanie et, désormais, par Koulouba aussi. Pour preuve, nous voici à nouveau, après un climat de tensions et d’incertitudes relativement atténué entre les parties signataires du document, dans une atmosphère où la situation est en train de changer subitement. Précisément, au cours de ces trois derniers mois.
En tout état de cause, sur le terrain, il y a raison de s’inquiéter. Du moins, tout porte à croire qu’il y a complot ourdi entre Paris, Alger, Nouakchott sous une attitude silencieuse coupable de Koulouba contre l’intégrité territoriale du Grand Mali.
En effet, rappelons que le 19 juillet 2017, il y a eu, à Alger, une réunion à huis clos entre la France et l’Algérie plus un observateur de la Mauritanie. Une rencontre dont le seul et unique point inscrit à l’ordre du jour portait sur le processus de paix au Mali, mais sans la présence d’aucune autorité compétente malienne. Ce qui suscita des interrogations sur la sincérité de ces trois pays. Car, Koulouba devrait y être. Donc, pour bien d’observateurs avertis, il ne s’agit là qu’un complot fomenté contre la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali. Pour un départ, on mise sur la création inventée de l’État d’Azawad.
Le 3 septembre dernier, c’est une présence inopinée des troupes mauritaniennes qui a été signalée aux alentours de la ville de Kidal. Alors qu’il est toujours interdit aux Forces armées et de sécurité malienne d’y accéder. Cela, sous l’œil glacé et indifférent sinon complice de Koulouba et ses partenaires, dont la France.
Au grand dam du Peuple malien, c’est la CMA qui est en passe de changer son fusil d’épaule. Avec la complicité ou l’accord implicite de la communauté internationale, l’ex MNLA est en train de renaître de ses cendres schismatiques et autonomistes avec des actes de sabotages concertés pour faire échouer le retour de l’Administration et l’Armée maliennes à Kidal et sur l’ensemble du territoire national.
Depuis les derniers violents conflits d’Anéfis entre les Groupes armés et le démarrage des préparatifs de l’élection présidentielle 2018, le processus de libération intégrale du Mali, de sa pacification et de réconciliation nationale est remis en cause. Seule la mise en application de l’esprit de l’Accord d’Alger prônant implicitement la partition du pays par voie de Régionalisation est désormais en vigueur sur le terrain. C’est le tréfonds même du pacte du candidat IBK et les Seigneurs de guerre de Kidal dont le seul objectif à atteindre est la création d’un État touareg en dehors l’État malien. Alors que, du côté du Peuple malien, on s’attendait à ce que Koulouba et la communauté internationale haussent le ton. Ne serait-ce que pour situer les responsabilités dans la violation des termes de l’Accord d’Alger et ramener les différentes parties à respecter les Droits de l’Homme dans la Région.
Le pire, notons qu’aux dernières nouvelles, ce sont des troupes mauritaniennes qui se positionnent aux abords de la ville de Kidal. Cela, sous un silence complice ou, du moins, coupable sinon injustifiable du Gouvernement malien. Ce qui constitue un manquement grave du pacte de non-agression entre les États voisins de la Sous-région, dont la Mauritanie et le nôtre; un incontestable cas de violation de l’intégrité du territoire malien. Ce qui entraînera une suite grave de conséquences pour l’actuel Régime. Car, il s’agit d’une haute trahison, d’une violation de la Constitution malienne en son chapitre consacré à la Souveraineté nationale et à l’Intégrité territoriale de notre pays. Ce blocage du processus de libération totale des Région du Nord et l’empêchement du retour à Kidal principalement des symboles de l’État malien (Armée nationale et Administration) prouvent à suffisance qu’une main invisible étrangère continue d’apporter aux ex-rebelles une assistance stratégique, militaire, diplomatique et politique pour freiner le processus de retour de la paix définitive au Mali et la Région de Kidal dans la patrie mère. Ce qui, par ricochet, compromet l’ensemble du processus de paix et de réconciliation nationale.
Pourtant, ce retour de l’Administration à Kidal était convenu entre le Gouvernement et les autres acteurs. Ce fut un Arrêt signé à la suite de plusieurs rencontres organisées par le Gouvernement de l’époque et les Représentants de tous les protagonistes. De commun accord, la date du 20 juillet 2017 avait été fixée pour le retour de l’Administration et des forces armées et de sécurité nationale à Kidal. Mais, juste après cette convention, c’est une nouvelle crise fabriquée de toutes pièces qui éclatera dans la crise. Ce qui emporta le Premier Ministre, à l’époque Abdoulaye Idrissa Maïga en décembre 2017. Un remaniement ministériel advenu au moment où un nouveau chronogramme était en cours d’élaboration sous la direction de ce dernier (l’ex Premier Ministre Abdoulaye Idrissa Maïga).
Certes, IBK a été réélu triomphalement dans le Nord du pays à l’issue du dernier scrutin présidentiel ; mais, ce fut à quelles conditions tacitement convenues avec les ténors du projet irrédentiste kidalois? Et, financièrement, à quel coût pour le Budget national ? Ce qui plonge davantage les populations dans une profonde inquiétude.
En outre, cette présence inadmissible des troupes mauritaniennes dans la Région de Kidal ne serait-elle pas préjudiciable au processus de pacification et de réconciliation nationale en cours ? Surtout que tout se déroule sous l’œil indifférent non seulement de l’Algérie médiatrice attitrée, mais aussi de la France, de la Communauté internationale et de Koulouba même. Pourtant, toutes ces parties prenantes à l’Accord de paix avaient promis solennellement d’œuvrer fermement à la libération totale du territoire malien en veillant strictement à la bonne application de l’Accord d’Alger. Des attitudes qui donnent matière à réfléchir. Pourra-t-on réussir à appliquer l’Accord d’Alger sous un tel silence coupable?
Du côté des gouvernements français, algérien, mauritanien, voire même malien, s’agitant sous la bannière de la communauté internationale, l’on est en droit de conclure que, jusqu’à preuve du contraire, au fond il y a un agenda caché. Voilà ce qui explique bien pourquoi trois ans après la signature de l’Accord d’Alger, c’est le statuquo, une évolution clopin-clopant. Donc, à l’État malien de savoir s’assumer formellement et courageusement. Ce, en optant franchement pour la restauration de son autorité sur le terrain ou, par défaut, en s’attendant à des accusations frisant la haute trahison. Surtout, que le Président IBK ne feint plus d’ignorer que son prédécesseur ATT a été accusé par les Maliens d’être «Ban bankan tyi kuntigi » (littéralement traduit : Chef rebelle) !