NEW YORK (Nations unies) - L'ONU s'inquiète de la détention par les autorités maliennes d'enfants accusés de collusion avec les extrémistes qui occupaient le nord du pays, a souligné lundi la représentante spéciale de l'ONU pour les enfants et les conflits armés, Leila Zerrougui.
"Nous continuons de recevoir des informations préoccupantes sur des enfants détenus par les forces de sécurité maliennes pour association présumée avec des groupes armés, ainsi que sur des enfants qui se cachent dans leurs communautés par peur d'être arrêtés" pour la même raison, a-t-elle déclaré.
"Je demande aux autorités maliennes de traiter ces enfants de manière conforme aux normes internationales", a ajouté Mme Zerrougui, qui présentait son rapport annuel devant le Conseil de sécurité.
Elle a aussi fixé comme "priorité" de faire en sorte que les responsables des exactions commises au Mali à l'encontre d'enfants soient sanctionnés, citant "les attaques contre les écoles et les hôpitaux, les meurtres et mutilations d'enfants et la violence sexuelle".
Son rapport 2012, qui inclut pour la première fois le Mali, accuse groupes islamistes, rebelles touareg et milices gouvernementales d'avoir recruté des centaines d'enfants soldats. "En février 2013, 86% des élèves qui se trouvaient encore dans le nord restaient privés d'accès à l'éducation" en raison des dégâts causés aux écoles, note le rapport.
Le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a jugé "essentiel" le fait que les soldats qui feront partie de la nouvelle mission de l'ONU pour la stabilisation au Mali (Minusma) soient sensibilisés à la protection des enfants et accompagnés par des conseillers spécialisés de l'ONU. La Minusma doit prendre début juillet le relais de la force
panafricaine.
"Rendre les Casques bleus conscients de leur obligation professionnelle de protéger les enfants et de leur responsabilité personnelle en la matière est essentiel, au Mali et sur les autres théâtres d'opération" de l'ONU, a affirmé M. Ladsous.
Le rapport annuel dénonce par ailleurs des exactions contre les enfants en Syrie et en République centrafricaine notamment, tandis que les 15 pays membres du Conseil de sécurité devaient adopter lundi une déclaration de portée générale sur la protection des enfants dans les conflits.
Mme Zerrougui a annoncé lundi son intention "de se rendre en Syrie et dans la région dans les prochains jours pour évaluer les conséquences du conflit
sur les enfants".
Des "milliers d'enfants" ont été tués, torturés, utilisés comme boucliers humains par l'armée syrienne ou enrôlés par l'opposition, dénonce le rapport annuel.
En République centrafricaine, Mme Zerrougui a déploré que les deux tiers des enfants qui avaient pû être délivrés de l'emprise de groupes armés en 2012 aient "été ré-enrôlés par la coalition (rebelle) Séléka au début de 2013".