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Une jeunesse en guerre contre l’état des routes : Comment le commerce tue la route du développement au Mali
Publié le mardi 25 septembre 2018  |  Le Témoin
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«La route du développement passe par le développement de la route». Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, la formule vient de Ousmane Issouf Maiga, lors d’un passage en qualité ministre de l’Equipement et des Transports à l’Assemblée nationale alors présidée par IBK, dans le cadre d’une interpellation très corsée. Ironie du sort, les routes maliennes n’ont jamais été dans un état aussi piteux et exécrable que depuis que l’ancien détenteur du perchoir s’est hissé au sommet de l’Exécutif. Non seulement son premier quinquennat n’en a pas encore réceptionné de nouvelles infrastructures, mais aussi le capital d’équipements légué par les prédécesseurs est menacée de dilapidation irréversible, faute d’entretien. Las de supporter les désagréments et supplices d’enclavement imputables à l’état des routes, usagers et riverains sont montés au créneau à certains endroits, la semaine dernière, pour exercer et accentuer la pression sur les autorités. Leurs actes de désobéissance civile ont finalement eu une résonance satisfaisante, du moins à Kati et Kolokani où des gages ont été donnés aux populations pour rendre plus praticable la RN3. Mais le problème est beaucoup plus profond et va au-delà du seul tronçon concerné, lequel met en exergue une brûlante problématique des routes en général liée à moult facteurs. Primo, il est étonnant que les routes maliennes soient l’objet d’une maltraitante aussi impitoyable alors que les structures chargées de les entretenir disposent des ressources publiques les pérennes pour l’accomplissement de cette tâche. L’AGEROUTE, par exemple, est alimentée par la contribution des usagers à un double niveau : le droit de péage pour l’interurbain et les prélèvements au Contrôle Technique sur l’ensemble des véhicules. Lesdites ressources n’étant tributaires d’aucun aléa, leur indisponibilité pour servir à l’entretien des infrastructures routières peut s’expliquer autrement que par leur orientation vers d’autres destinations voire un détournement.
Il n’est toutefois point évident que leur utilisation à bon escient aurait solutionné la complexe équation des routes au Mali. Et pour cause, une autre inconnue très peu explorée réside dans leur dégradation par la densité d’une activité commerciale à l’aveuglette. Ses acteurs n’ont naturellement cure des conséquences de leur dessein vénal impudique et ne connaissent aucune limite aux pratiques subversives de la place du commerce dans le développement économique. Par-delà les manœuvres pour enfermer l’économie dans un régime d’importation abusif des exonérations (au grand dam d’une production nationale porteuse d’emplois), les normes sous-régionales de pesage applicables aux trafics sont allègrement foulées aux pieds. Et le bakchich perçu en lieu et place des pénalités n’est qu’une licence à la surcharge et à la dégradation des infrastructures que les prélèvements au péage ne peuvent suffire à compenser. Il en résulte à la longue une double peine pour l’usager ordinaire condamné d’une part à contribuer pour des routes à peine praticables et, d’autre part, à faire les frais des implications des mauvaises routes en termes de surcoût du transport transposable sur le prix à la consommation.

A Keïta

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