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Menaces de Révélations de scandales financiers au sommet de l’Etat: justice ou chantage des magistrats ?
Publié le jeudi 27 septembre 2018  |  Info Matin
Cérémonie
© aBamako.com par A.S
Cérémonie de prestation de serment à la cour suprême de Bamako
Bamako, le 17 septembre 2013 à la cour suprême de Bamako. L`inspecteur en Chef et son adjoint de l`Artisanat et du Tourisme, ont prêté serment devant les magistrats de la cour.
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Dans le bras de fer qui les oppose à l’Etat malien, les magistrats sont passés de la parole à l’acte. Comme ils avaient menacé de le faire, les magistrats maliens ont décidé de révéler ce qu’ils appellent « des scandales au sommet de l’Etat ». Il faut dire que déjà, dans une précédente grève, ils avaient procédé de la même façon, en menaçant le gouvernement d’alors de faire certaines révélations, concernant des ministres et autres personnalités si d’aventure leurs exigences n’étaient pas satisfaites.

Ainsi, pour affirmer leur détermination, les magistrats maliens exigent (!!!) que toute » la lumière soit faite autour des trois milliards et demi (3.500.000.000) FCFA évaporés curieusement dans la nature à l’hôtel des Finances à l’occasion du soi-disant dédommagement d’un opérateur économique consécutivement à la crise au nord du pays. ». Cette somme se serait volatilisée au cours d’une procédure à travers un marchandage de gré à gré entre le ministre des Finances et l’opérateur économique concerné et ce, en violation des règles élémentaires applicables en la matière (???).
Mieux, les magistrats, décidément en verve et en veine de détermination vont plus loin, en assurant se réserver « le droit de faire d’autres révélations et même d’entreprendre des actions plus fortes (Sic !) visant le même ministre, voire d’autres membres du Gouvernement de la République, impliqués dans d’autres scandales non moins sulfureux. ».
On aurait cru, comme tout simple citoyen (si le citoyen malien a encore … le droit de croire !) que selon la loi, sa fonction et ses responsabilités obligent le magistrat, dès qu’il a connaissance d’un fait délictuel, à ouvrir une instruction et envisager d’engager des poursuites.
Par le passé, le cas de Samba DIALLO, alors PDG de la Sotelma nous le rappelle, quand un Procureur, sur la base d’une coupure de presse, l’avait convoqué dans son bureau. Parti de chez lui PDG, puis de son bureau de la Sotelma avec le même statut, Samba DIALLO était revenu à la maison… quelques 11 mois plus tard, repris de justice même s’il avait été blanchi.
Les dossiers et les autres « scandales non moins sulfureux », était-on fondé de croire, devaient donner lieu à ouverture d’instructions, voire déclenchement de poursuites contre les responsables de ces faits, quel que soit le niveau de la hiérarchie où ils se situent, dès lors que ces actes avaient un caractère délictuel. La justice, pensait-on naïvement, avait pour fonction de défendre la société contre ce genre d’actes.
Mais il a fallu attendre les grèves, passée et actuelle, des magistrats maliens pour que le citoyen malien sache que ces dossiers et autres « scandales non moins sulfureux » servaient au contraire à obtenir des avantages corporatistes, même sils sont estimés légitimes par ceux qui les revendiquent, et non à en punir les auteurs pour dissuader d’autres d’en commettre.
Et l’Etat dans tout ça ? Est-on conduit à s’interroger ! Et les autorités elles-mêmes, dont certaines sont visiblement, du moins aux dires des magistrats maliens, de véritables gredins, des bandits de grand chemin et autres coupe-jarrets ? Où sont-elles et que font-elles ?
De toute évidence, il y a un manque certain de courage au niveau de l’Etat pour s’assumer et prendre des mesures adéquates. Car, un magistrat, ayant eu connaissance d’un délit, qui se refuse tout de même à ouvrir une instruction pour éventuellement engager des poursuites, est-il à même de défendre la société comme il en a prêté le serment ?
Dans quel pays sommes-nous ? Une déculottée nationale, avec perte des 2/3 du territoire national, des records olympiques pulvérisés dans le marathon devant les djihadistes, une gouvernance chaotique pendant cinq ans, des grèves sauvages sans aucun respect de l’éthique, de la déontologie des corps et de la dignité par des gens assermentés, au mépris du droit élémentaire de tout individu, c’est-à-dire simplement la vie, et nous revoilà à la case départ !

Le Mali, en cette année 2018 finissant, n’a apparemment pas bougé d’un iota ! Mieux, le pays nostalgique d’un passé glorieux n’est que l’ombre de lui-même, une caricature du Gondwana de l’humoriste et dont les ancêtres revendiqués à tout de bout de champ s’empresseraient de se retourner dans leurs sépultures plutôt que de voir un tel spectacle désopilant, à défaut d’être désolant, car le mieux n’est-il pas d’en rire ? Avec ses prétendues valeurs sociétales, ses cadres prétendument bien formés, ce pays est en net recul, car n’est-il pas plutôt entre les mains d’une administration sclérosée, digne d’une vraie république bananière, vampirisant un Etat et des citoyens taillables et corvéables à souhait et suivant les humeurs de lucre et de luxure d’agents plus à leur service qu’à celui de la République ?

Par Yaya TRAORE

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