Puisque les pourparlers entre le Groupement spirituel des leaders religieux et les syndicats de la magistrature n’ont pas permis une levée de la grève, tous les regards sont tournés vers la Commission Lois de l’Assemblée nationale, qui s’est impliquée pour la résolution de la grève illimitée des magistrats.
Alors que la Commission Lois de l’Assemblée nationale tente de trouver un terrain d’entente en vue d’aboutir à une levée du mot d’ordre de la grève illimitée du Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et de celui du Syndicat libre de la magistrature (Sylima), les positions semblent se durcir. Lundi, 24 septembre 2018, le ministre des Finances a ordonné au Directeur des Finances et du matériel du ministère des Finances, aux Directeurs régionaux du budget et du District de Bamako « de bien vouloir prendre les dispositions nécessaires et diligentes en vue de l’établissement des ordres de recettes sur les salaires de septembre, des magistrats grévistes de vos ressorts…».
Cette application des textes a été considérée par les grévistes comme une provocation de trop. Comme une réponse du berger à la bergère, le Sam et le Sylima réunis le lundi 24 septembre 2018, ont fait savoir que « toute forme de pression du pouvoir exécutif contre le pouvoir législatif est illégale et donnerait lieu à une réaction juridique appropriée. Les deux syndicats disent déplorer la décision prise par le gouvernement et invite ses membres à en assumée toutes les conséquences ».
Frustrés, les magistrats font des révélations
Les deux syndicats remontés, n’ont trouvé mieux que de faire des révélations jusque-là qu’ils détenaient comme secret. Ils ont exigé que « lumière soit faite autour des 3,5 milliards F CFA évaporés curieusement à l’Hôtel des Finances à l’occasion du prétendu dédommagement d’un opérateur économique consécutivement à la crise du nord du pays ». Les syndicats vont plus loin en parlant de « détournement de la somme d’argent au profit d’une seule entreprise de la place dans des conditions scabreuses ».
Le Sam et le Sylima se disent déterminés à « entreprendre des actions plus fortes sur le même ministre voire d’autres membres du gouvernement ».
Ce bras de fer intervient à quelques jours de la prise en main du dossier par le nouveau ministre de la Justice Garde des sceaux, Tiéna Coulibaly.
Au lendemain de sa nomination, M. Coulibaly a rencontré les deux syndicats. Cette rencontre n’a pu décrisper la situation. La demande de suspension de la grève par Tiéna Coulibaly, qui s’est engagé à faire des efforts pour la satisfaction de leurs doléances a été rejetée par les grévistes.
Cette rencontre du ministre Coulibaly a été suivie par celle de la Commission Lois de l’Assemblée nationale, qui a promis de créer un cadre de dialogue. C’était en présence du ministre de la Justice, celui de l’Economie et des Finances et celle de la Fonction publique. La séance d’écoute a permis à l’honorable Zoumana N’Tji Doumbia, président de la Commission Lois, de s’imprégner du différend. La Commission a promis de multiplier les rencontres afin qu’une issue soit trouvée. En tout cas, l’Assemblée nationale s’est dite confiante quant à un dénouement imminent de la situation.
La pomme de discorde entre le gouvernement et les syndicats se trouve au niveau de la grille indiciaire. Là, les magistrats estiment que le blocage se trouve au niveau de l’Hôtel des Finances, qui « a la clé du problème, mais est de mauvaise foi ».
IBK a la clé
En attendant que les députés ne relancent leur bon office, c’est le premier responsable les leaders du Groupement spirituel des leaders religieux à sa tête, Ousmane Cherif Madani Haidara, qui a tenté mercredi 26 septembre de trouver un terrain d’attente entre le gouvernement et les syndicats grévistes. Peine perdue ! Les magistrats grévistes ont opposé un refus catégorique à la demande de suspension de la grève par les religieux. Les religieux promettent de rencontrer le gouvernement dans les jours à venir.
Aujourd’hui, la seule personne à qui les grévistes comptent rencontrer, c’est le président de la République en personne. « En sa qualité de chef suprême de la magistrature, le chef de l’Etat pourrait être la personne à qui nous pouvons faire confiance », nous a confié un magistrat.
Pour un spécialiste des questions judiciaires, cette partie de ping-pong entre deux pouvoirs ne fera qu’envenimer le problème. Notre interlocuteur suggère la voie du dialogue. « Seules la vertu du dialogue social sur fond de concessions réciproques devraient prévaloir ». Pour lui, « la clé du problème est entre les mains du Premier magistrat du pays, qui doit s’impliquer personnellement, afin de trouver un dénouement heureux à cette crise aux conséquences dramatiques à bien des égards ».
En attendant que les parties accordent leurs violons, les paisibles populations souffrent. Des milliers de dossiers sont au niveau des juridictions et des personnes en attente d’être jugées remplissent les prisons.