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Art et Culture

Lanfia Sinaba à propos de son livre ‘‘Cohabi-Tension à Farafinland : Tollé et tohu-bohu dans un pays en proie à une instabilité multiforme’’
Publié le samedi 29 septembre 2018  |  La Sirène
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‘C’est un ouvrage qui parle de l’Afrique aux africains et au reste du monde’’

Journaliste, directeur de publication de “L’Eveil Hebdo” et du site web Leveilinfo.net, aussi correspondant de l’agence de presse Chine Nouvelle au Mali, Lanfia Sinaba est par ailleurs écrivain. Après un premier livre intitulé “Révélations sur Amadou Hampâté Bâ : le visionnaire le francophone et le tradiféministe”, ‘‘Cohabi-tension à Farafinland’’ est désormais disponible dans les librairies. Un ouvrage récemment décortiqué par l’auteur sur le plateau de M7TV. Morceaux choisis.

M7TV : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre

Lanfia Sinaba : Quelque part, cet ouvrage est la suite du précédent parce qu’ily a un chapitre où je parle beaucoup de mariage. De mariage hétéro, mais je me dis aussi de l’autre côté de l’occident on parle d’une autre forme de mariage. Je peux dire que le déclic est parti de là. Mais il faut reconnaitre que ça va au-delà, ça a juste servi de prétexte pour parler d’un certain nombre de sujets, sinon, comme vous l’avez dit tantôt, je parle de l’Afrique. C’est un ouvrage qui parle de l’Afrique aux africains, de l’Afrique aux autres, au reste du monde.

Il y a beaucoup de sujets qui sont d’actualité. Des sujets comme l’immigration clandestine, la scolarisation de la petite fille ou encore cette fourberie de certains qui se servent des religions, notamment de l’islam ou du christianisme, c’est le cas d’un imam, un faux imam, je dois m’en presser de le dire, qui se sert de l’islam…

Cohabi-Tension, pourquoi ce jeu de mots ?

Oui, parce que dans le livre ‘‘Cohabi-Tension à Farafinland’’, la réunionqui allaitse tenir, la réunion des homosexuels, c’est vrai la réunion n’a pas eu lieu, malgré tout ça a créé destollés et tohu-bohu.Il y a eu une tension, la tension dans la cohabitation.

Donc j’ai fait ce jeu de mots ‘‘Cohabi-Tension’’ au lieu de ‘‘tension dans la cohabitation’’. Donc ‘‘Cohabi-Tension’’ à Farafinland. ‘‘Farafinland’’ aussi est un jeu de mots : ‘‘Farafing’’ comme la peau noire et ‘‘land’’ comme terre en anglais. On a joint les deux pour former Farafinland, au début je dois avouer que c’était ‘‘Noirland’’. Mais quand j’ai fini les premièresmontures en Avril 2017, je me suis rendu compte que ‘‘Noirland’’ existe déjà et pour rester fidèle à l’esprit on a trouvé le mot synonyme, ‘‘Farafinland’’.

‘‘Cohabi-Tension à Farafinland’’, c’est un ouvrage qui, comme on l’a dit, parle d’actualité, de politique, de gestion du pouvoir, ça parle un peu de tout ça, de tout ce qu’il ya autour du pouvoir.

Justement dans l’ouvrage, on parle de réunion avortée de gays, c’est d’actualité, qu’est qui vous a motivé d’aller vers ce monde de gays ?

Comme je l’ai dit, je m’imaginais sur un plateau de télé en train de répondre à une question par rapport aux mariages. Dans mon précédentouvrage, je parle beaucoup du mariage et de toute cette éducation qui est menée en amont pendant et à l’aval du mariage.

Donc je me suis imaginé moi-même en train de répondre à cela et qu’on m’a posé la question pourquoi ne pas aussi parler de mariage des homosexuels. Etdans ma réponse imaginaire, c’était que ce n’est pas à moi de parler à la place des homosexuels, c’est à eux de se défendre parce que je ne suis pas homosexuel. La particularité de cet ouvrage est que les homosexuels ne sont pas agressés et je ne fais pas non plus la promotion de l’homosexualité. C’est d’ailleurs l’une des raisons que l’ouvrage n’allait pas avoir jour parce que quand j’ai voulu écrire cela mon propre frère qui est médecin de surcroît, me dit : ‘‘Tu es dans une société qui n’est pas encore prête à ce qu’on évoque certaines choses de façon officielle’’. Je lui ai répondu que l’objectif n’est pas de faire la promotion de l’homosexualité, mais d’évoquer des sujets qui sont là. Vous verrez que ça engendre beaucoup de situations jusqu’à ce qu’il y a un homosexuel qui ne s’assume pas, mais qui est en fait un bigame, un bisexuel.

Il ne s’agit pas de faire de la promotion, il ne s’agit pas non plus de les agresser, parce que là aussi, ça a ses conséquences. Plus forts que moi ont tenté et on a vu ce que ça a donné. Et même dans l’ouvrage, le président ‘‘farafinlandais’’ a plus peur des lobbys gays que des puissances occidentales. Parce qu’il sait qu’une fois que leurs intérêts (puissances occidentales) sont préservés il peut s’en sortir, mais avec les gays, c’est autre chose.

Donc il n’y a ni agression ni promotion. Et même si je faisais cette agression ça n’allait pas marcher parce que l’ouvrage a une ambition. C’est d’aller au-delà de nos frontières et il y a certains de ces pays où il y a une loi qui interdit l’homophobie.

Cohabi-Tension, qu’est-ce qu’on peut retenir réellement de cet ouvrage ?

Ce qu’on peut retenir, c’est que ça parle de nos difficultés. Par exemple, il y a une jeune fille dont le sujet doit interpeller en Afrique : Les notes sexuellement transmises. Mais elle, au lieu d’aller dans le canapéd’un professeur, ellea préféré aller à la rencontre d’un marabout. Et ce marabout lui donne des filtres pour passer à l’examen. Mais ce qu’elle ignore, ce n’est pas à cause des effets (des filtres) du marabout, mais plutôt compte tenu du fait que le ministère cette année-là, dans l’ouvrage, a décidé de faire un repêchage.

Donc elle va à la rencontre de ce marabout, Malheureusement c’est ce jour-là qu’elle a eu la malchance de sa vie parce que, cet imam-là, lui a une particularité. AFarafinland, il est dit qu’aimer une femme, ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Cela est admis. Mais le cas du marabout va au-delàde la moyenne. On a l’impression que, comme on le dit à Farafinland, c’est comme si ses géniteurs avaient bu sonurine tellement que c’est un obsédé sexuel. Et il n’aime pas toutes les femmes, il aime surtout les petites filles, les fraîches. C’estlà où il y a un passage qui dit qu’il aime la fraiche chair. Ce n’est pas la fraicheur en un seul mot, mais la chaleur juvénile féminine, qu’elle soit halal ou haram pourvu que cette chaleur soit de nature à ensoleillerses nuits et les rendre torrides, lui est partant.

Et malheureusement pour la petite Samira elle va à la rencontre de cet imam jusqu’à ce que par finir elle va se prostituer. Le drame c’est que l’imam va l’enceinter et malheureusement, l’imam ne va pas reconnaître l’enfant et son père la chasse de la maison parce que lui, il estime qu’il a une place de premier rang juste derrière l’imam, donc lui, son enfant ne doit pas être porteuse d’un enfant bâtard.

A travers vos explications, on sent que vous vivez la passion de l’amour, pourquoi l’amour a une place différente dans votre roman ?

Comme on le dit le monde lui-même est fait d’amour. Le jour où l’humanité manquera, ça n’est fini pour humanité, je parle beaucoup d’amour. L’amour entre les conjoints… A cause de l’amour (dans l’ouvrage), il y a un personnage qui va suicider…

Justement, avant que ce personnage ne se suicide j’ai lu ces vers qui sont titrés même amour : ‘‘Qu’il me soit permis de te chanter, mon amour ! Mon amour indéfectible et inaltérable, Mon amour inépuisable et éternel !Un amour qui aura résisté aux méchantesEt mauvaises langues,Et aux sortilèges…Un amour qui aura résisté à tout.Vanter tes qualités serait-il un crime ? Non !’’

C’est quel amour que vous chantez-là ?

C’est un personnage qui parle comme ça, du nom de Sirakatou. Lui, il aimait une jeune fille du nom de Rama, mais il se trouve qu’il y a un clivage, un problème d’ordre social. On estime que Sirakatou est un homme de caste, un griot qui ne mérite pas d’être l’époux de la noble Rama. Et quand il faisait ce poème c’est parce que on les avait laissés flirter un peu, mais quand il s’agit de procéder aux choses sérieuses (mariage), on lui a fait savoir qu’il n’est pas la personne la mieux indiquée. Et c’est là par la suite qu’il dit que sa vie sans Rama n’a pas de sens. Il dit que la mort est dure, il le reconnait, mais elle devient davantage plus cruelle quand elle s’offre à l’individu, la mort, comme solution comme alternative à l’humiliation. Il dit que malgré tout cela il préfère la mort. Ce qu’il dit dans sa lettre d’Adieu.

Le drame aurait pu se limiter à lui seul, malheureusement, la première personne à entrer en contact avec son corps inerte sans vie c’était la ravissante Rama. Quand elle lit la lettre, elle se rendit compte que le jeune Sirakatou s’est donné la mort à cause d’elle. Elle aussi avale le reste de la combinaison dangereuse. Sirakaou avait mélangé deux médicaments dont la combinaison donne un poison mortel.

Le drame aurait pu se limiter aux deux également si Rama n’était pas enceinte. On l’a su tardivement par l’intermédiaire d’une amie, une confidente à Rama, parce que Rama est ce genre de femme dont on découvretard la grossesse. Et ce jour-là, c’était vraiment l’émoi à Farafinland. Il y avait un sentiment de culpabilité qui se généralisait. Chacun se sentant coupable, coupable de n’avoir rien fait lorsqu’on empêchait ces deux jeunes gens de se marier. Et c’est dans ce contexte d’amour échoué, d’amour contrarié, de mélancolie amoureuse et de mélodrameque l’intello (dans l’ouvrage) prend la parole et va jusqu’à proposerune révision conventionnelle. Il précise que cette révision conventionnelle n’a rien à voir avec la convention qui régit les liens entre l’employeur et l’employé, mais cette révision conventionnelle dans le sens de la révision des normes parce qu’en vivant dans la société on vit selon des normes, il estime qu’il ya lieu de revoir ces normes, donc il interpelle.

Il interpelle, c’est vrai. Mais on a l’impression que c’est un fait vécu. Est-ce un fait de société ?

C’est un fait de société. Personnellement je n’ai pas vécu. Je ne l’ai pas dit dans l’ouvrage. J’ai interverti les rôles. Sinon quand on était adolescents, on a vécu un cas comme ça. C’est la jeune dame qui s’est donné la mort et on estimait que c’est une jeune fille qui est de la classe des castes. Les parents de l’autre n’ont pas voulu qu’elle soit mariée. C’est peut-être le déclic. Le drame est que, dans l’ouvrage, c’est l’homme et la femme qui se donnent la mort.

Quel message particulier on peut retenir en lisant ce roman pour sensibiliser sur ce phénomène qui est vraiment réel ?

C’est ce que le personnage Barthélemy dit. Il dit que lui, il n’est pas contre les traditions mais lorsqu’il y a des cas exceptionnels, comme ceux de Rama et Sirakatou, qu’on les laisse ceux-ci vivre leur amour du moment où les principes du Coran ou de la Bible ne l’interdisent pas. C’est vrai, on va dire que ce sont des religions importées, mais nous nous sommes conformés à ces religions et l’évolution est là. Il le dit bien, il n’a rien qui puisse aller à l’encontre de ces pratiques, mais un moment donné, il faut savoir évoluer avec le temps.

La crasse politique… ?

L’un des échecs de la démocratie, ça a été la formation des militants. L’argent qu’on donne, au lieu de former les gens, très souvent c’est pour l’achat de grosses cylindrés ou encore le mariage de seconde ou troisième noce et la presse qui est censée venir en aide, elle aussi est dans la précarité. Tout cet argent qu’on donne aux partis, il faudrait qu’on revoie cette aide pour que l’éducation civique des militants soit au rendez-vous. Pour que cela soit il faudrait qu’on revoie également le mode de gouvernance de nos partis politiques.

Justement, on va donner l’occasion à nos téléspectateurs de se familiariser avec le contenu de ce roman, et précisément cette partie. Vous dites : « Les agissements et les comportements de certains hommes politiques à Farafinland donnent l’impression qu’ils appartiennent à une crasse politique. Il ne faut cependant pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il y a des bons acteurs sur la scène politique à Farafinland. C’est cet échec de la formation des militants qui pourrait expliquer cette divagation des habitants de Farafinland entre les partis politiques. Généralement, les activités des partis politiques et autres mouvements politiques se tiennent les week-ends. Il n’est pas rarement de voir des jeunes participer à un meeting d’un parti politique X le samedi et revoir ces mêmes jeunes le dimanche avec le parti politique Y. »
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