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Chronique du web : Bamako, ma hantise
Publié le lundi 1 octobre 2018  |  Infosept
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© Autre presse par DR
Échangeur à deux roues Pond Fahd - Hôtel Salam - CICB enfin ouvert à la circulation
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Bamako me hante. La ville des Trois Caïmans hante mes jours et mes nuits. Ce n’est rien de le dire. En bon chrétien, je porte cette croix avec courage, résignation et fatalisme. D’ailleurs, je ne suis pas seul dans cette situation.

De l’exécutif au citoyen Bakary, en passant par les élus, les urbanistes, les aménagistes, les transporteurs, les entreprises, les acteurs de la vie administrative, socio-économique, politique…, tout le monde est écrasé par le poids de la croix que représente notre capitale. Qui fut jadis belle, coquette, comparable à une perle qui s’étirait au long du Djoliba. Demandez aux anciens et ils vous diront, avec une dose de nostalgie et peut-être une larme, combien ils étaient fiers de Bamako, la cité avec ses grandes bâtisses coloniales qui s’harmonisait avec les maisons et comptoirs commerciaux ainsi que les habitations.

A notre décharge à tous, nous n’étions pas encore trois millions et plus d’âmes à nous mouvoir quotidiennement dans un tissu urbain que tout le monde sait saturé, et nous n’avions pas encore renoncé à tout ou partie de notre patriotisme soudanais, de notre fierté nationale et de notre amour congénital du bien commun. Aujourd’hui, tout a changé. Autres temps, autres mœurs, dirions-nous.

Par dépit ! Mais, par faiblesse – je l’assume- je m’interdis de jeter la pierre à quelque victime convenue car je n’ai pas la certitude absolue d’avoir, moi-même, rigoureusement et méthodiquement balayé devant ma propre porte. Il me suffit donc largement de jeter le pavé dans notre mare commune et d’espérer que le projectile touchera quelques bonnes cibles qui daigneront réagir dans le bon sens. Entendons-nous : je ne suis pas en train de soutenir que rien n’a été fait pour ancrer résolument Bamako dans la modernité. Pas du tout ! On est très fier de nos bâtiments administratifs modernes, de nos belles villas particulières de nos commerces, de certaines de nos avenues, de nos monuments, des services publics (écoles, eau, électricité, éclairage public, feux tricolores…), et de tous ces signes extérieurs d’aisance et de réussite que beaucoup de bamakois exposent à la vue de leurs concitoyens forcément envieux.

Mais il faut le dire, sans aucune précaution oratoire, on n’est pas fier de figurer dans le palmarès africain des quinze (15) villes les moins propres (Forbes, 2018). Ce classement de sinistre mémoire qui date du mois de janvier dernier a été repris à l’époque par de nombreux confrères du continent, non pas pour régler des comptes avec nos édiles et leur tutelle, mais pour attirer leur attention sur la dérive de nos cités. Et aussi, certainement, pour sensibiliser les populations qui produisent une très bonne partie des ordures ménagères, de la pollution et de toutes les autres formes de nuisance.

Certaines images de Bamako qui défilent encore et toujours dans ma tête me hantent. Pourrais-je un jour effacer de mon disque dur ces images apocalyptiques des montagnes d’ordures qui s’étirent au Dabanani, à Médine, non loin du Stade Omnisports Modibo KEITA, à Lafiabougou… ? Et ces autres images d’une ville sous les eaux qui peine à trouver un système adéquat de drainage ? Ces suspensions dangereuses dans l’air qui, combinées le soir aux fumées des moteurs et d’ordures ménagères brûlées à l’ancienne, vous étouffent et favorisent les maladies des voies respiratoires ? Et ces embouteillages gigantesques dignes des « go slow » de Lagos ? Enfin, que dire de cet incivisme qui n’a de limite que le ciel ?

Il est temps de prendre le taureau par les cornes, de le secouer vigoureusement et de lui montrer le droit chemin. Celui de l’enclos. Un aîné à moi très tôt disparu aurait suggéré de nettoyer les écuries d’Augias. A défaut de cela et sans aucun blasphème, il faudra attendre tranquillement que le Bon Dieu Lui-même veuille bien descendre sur terre pour nous parler. Et avec candeur afin que nous obtempérions.

Ah oui, j’oubliais, il y a aussi la solution de l’extrême : pourquoi ne faut-il pas envisager de faire pousser carrément une nouvelle capitale quelque part dans la brousse sur l’axe Bamako-Bougouni ou l’axe Bamako-Ségou ? Ce n’est pas du tout une utopie. C’est une piste qui doit être dans les cartons et qui n’attend sûrement que le bon moment pour sortir. Après tout, le Mali ne serait pas le 1er pays au monde à créer ex-nihilo une nouvelle capitale. La Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Brésil, le Pakistan, le Kazakhstan, la Malaisie… l’ont fait. Et je n’ai pas le sentiment qu’ils s’en plaignent trop. L’Egypte aussi ne caresse-t-elle pas un projet pharaonique de construction d'une nouvelle capitale en plein désert, à l'est du Caire. Si cela réussit ailleurs, pourquoi pas chez nous ! Messieurs, un peu de folie pour marquer notre entrée au XXIème siècle !

Serge de MERIDIO
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Dans l’ordre : Antananarivo, Madagascar (3ème rang mondial) ; Addis Abeba, Éthiopie (6ème rang mondial) ; Brazzaville, Congo (10ème rang mondial) ; Ndjamena, Tchad (11ème rang mondial) ; Dar es Salam, Tanzanie (12ème rang mondial) ; Bangui, République de Centrafrique (13ème rang mondial) ; Ouagadougou, Burkina Faso (15ème rang mondial) ; Bamako, Mali (16ème rang mondial) ; Pointe Noire, Congo (17ème rang mondial) ; Lomé, Togo (18ème rang mondial) ; Conakry, Guinée (19ème rang mondial) ; Nouakchott, Mauritanie (20ème rang mondial) ; Niamey, Niger (21ème rang mondial) ; Luanda, Angola (22ème rang mondial) et Maputo, Mozambique (23ème rang mondial)
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