Après leur coalition, n’ayant pas empêché la réélection du président IBK à la magistrature suprême du pays, le chérif de Nioro du Sahel, Mohamédou Ould Cheikna Ahamedah Hamahoula, alias ‘’ Bouyé’’ et son candidat du 1er tour de l’élection présidentielle du 29 juillet, Aliou Boubacar Diallo, semblent ne plus parler le même langage. Si le premier, promet de se livrer désormais dans un combat personnel interminable contre le président réélu, dont il met en cause la légitimité, le second Aliou Boubacar Diallo saisit au rebond la main tendue du président IBK. Du coup, c’est désormais la célèbre formule « Je t’aime, moi non plus » entre le Chérif et le minier.
La politique et la religion font très difficilement bon ménage. Cela, s’avère presqu’impossible au Mali. Un pays dans lequel, le politique à l’étiquette de tout, sauf de : l’intégrité, la probité, la loyauté, l’amour du pays et surtout la crainte de Dieu. De ce fait, ce champ demeure impraticable pour les hommes religieux au risque de se décrédibiliser.
Très respecté par l’ensemble des Maliens et bien vénéré par les adeptes de la voie tracée par son père Cheikna Hamaoula, mais reconnu comme un bon ami de l’ancien président Moussa Traoré, qui a fait d’un fils de Nioro feu M’Bouillé Siby la tête pensante du parti UDPM jusqu’à la chute de son régime, Mohamedou Ould Chekné après avoir fait accointance avec l’ex junte de Kati a convaincu l’opinion nationale sur son amitié avec Ibrahim Boubacar Kéita. C’était pendant et au lendemain de l’élection présidentielle de 2013. Cette amitié sera vite mise à rude épreuve avant même la fin du premier quinquennat d’IBK. Le chérif de Nioro, pour plusieurs raisons (mais pour la plupart d’empiétement sur ses intérêts personnels) a décidé, malgré plusieurs médiations de tourner dos à Ibrahim Boubacar Keïta. Ce dernier qui avait bénéficié de son soutien, l’a finalement perdu en 2018, surtout dès qu’il fera allégeance au candidat de l’ADP-Maliba, Aliou Boubacar Diallo, non moins patron de la société minière Wassoulor.
A l’issue du 1er tour, le candidat Diallo arrive en troisième position. Il intègre un collectif des candidats, qui a rejeté les résultats du scrutin au motif de plusieurs ‘’irrégularités’’, dont -il accuse le régime d’en être l’instigateur. Espérant sur un boycott du 2ème tour , au sein de ce collectif, ABD ne verra pas suivi et il ne donnera pas de consigne de vote pour Soumaïla Cissé, arrivé au 2ème position. Sans coup férir, le chérif de Nioro ne suivra pas la logique de son protégé et vire du côté du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, contre le président IBK.
De son retour à Nioro du sahel dans le cadre de sa campagne au 2ème tour, Soumaïla Cissé, se réjouissait déjà du soutien de ‘’Bouyé’’ à travers un communiqué publié sur son mur Facebook. Le démenti ne se fera pas trop attendre. Aliou Boubacar Diallo réagit vite. « Bouyé n’a qu’un seul candidat » avait-il posté sur son mur Facebook également. Après ces jeux de pingpongs aucun message de la famille chérifienne n’aura été aperçu pour éclairer les lanternes. Le suspense est resté total même si tous les observateurs de la scène politique savaient que le candidat Soumaïla Cissé avait les faveurs du Chérif de Nioro.
D’ailleurs après la publication des résultats, lors des activités de protestation des résultats du 2ème tour par le camp Soumaïla Cissé, des représentants de Bouyé ont eu à livrer des messages de soutien au nom du Chérif de Nioro. Lequel, d’ailleurs dans une interview accordée à un journal de la place, a déclaré qu’il combattra inlassablement le président réélu, Ibrahim Boubacar Keïta, jusqu’au bout.
Ironie du sort, au même moment, dans son message de la fête de l’Indépendance, le candidat de l’ADP-Maliba a appelé à l’apaisement en invitant tous les Maliens à saisir la main tendue du président IBK pour sauver l’essentiel.
Aliou Boubacar Diallo, avait-il perçu le sens du combat personnel du chérif Bouyé contre IBK ?
Le grand retour à la raison d’Aliou Boubacar Diallo !
Dans son message adressé à la nation à l’occasion de la célébration du 22 septembre, Aliou Boubacar Diallo estimera qu’il est temps, malgré toute l’amertume, de mettre cette élection derrière nous et d’envisager avec réalisme, détermination et sérieux notre avenir commun. « Le Mali que nous chérissons tant, reste extrêmement fragile » a-t-il reconnu. Et d’ajouter sagement : « Toute l’élite politique sur laquelle les yeux des Maliens sont rivés doit montrer l’exemple et mettre de côté les différences pour s’entendre sur l’essentiel : refonder le Mali. « Renforcer la digue » est donc plus que jamais nécessaire ».
Pour clarifier la nature de son combat, il déclara : « Nous ne sommes pas opposés à un homme ou à un clan mais plutôt à un système qui, depuis plus de 30 ans, valorise la médiocrité au lieu de l’excellence. C’est ce système que nous nous engageons à combattre farouchement en cherchant à construire plutôt qu’à détruire ».
Cette posture du minier va en déphasage de la nouvelle option du Chérif de Nioro, qui a juré de combattre IBK jusqu’au bout. Sans le dire, tous les observateurs de la scène politique malienne s’accordent sur le fait que c’est désormais la formule de « Je t’aime, moi non plus » entre le grand érudit de Nioro et le patron de Wassoul’or. Cela quoi qu’on puisse dire de manière diplomatique.