«L’histoire se charge de nous enseigner ce que nous n’avons pas su apprendre de l’histoire» (dixit Desmond M’Pilo TUTU). Après vingt-sept (27) ans de pratique démocratique, il importe de reconnaître que le Mali se trouve dans le creux de la vague.
Il n’est pas besoin de dire aujourd’hui qu’à l’avènement du multipartisme intégral dans notre pays, l’espoir était né en notre peuple travailleur, non sans raison:
– Premièrement, le règne du parti unique de Moussa Traoré avait montré toutes ses limites objectives, conduisant les Maliens à ce constat amer que celui qui veut faire de la politique et bénéficier des bribes du régime militaro-udpmiste n’avait qu’une seule alternative (n’en déplaise aux démons de la démocratie) celle d’intégrer le parti mort-né en l’occurrence l’UDPM. Avec la chute de Moussa Traoré, l’espoir d’un Mali nouveau était né: celui de voir les Maliens libres de faire la politique dans les formations politiques de leur choix sans s’inquiéter pour cela.
– Deuxièmement, l’avènement du pluralisme démocratique a permis aux Maliens de croire qu’un Mali nouveau est possible, un Mali où il fera bon vivre sous les couleurs du multipartisme intégral. Désormais, les Maliens devraient prendre en main leur propre devenir et cela sur pratiquement tous les plans. En tout cas, c’était là une forte attente de nos masses laborieuses.
Vingt-sept (27) ans se sont écoulés sans que l’espoir soit comblé. Bien au contraire ! Le constat est frustrant. La montagne de la démocratie malienne a accouché d’une souris à l’odeur nauséabonde: le vœu pieux de tout un peuple de voir l’assainissement de ses affaires en marche comme il le réclamait à cor et à cri à savoir le kokadjè est non seulement jeté dans les calendes grecques mais surtout vu aujourd’hui comme un crime abominable.
Mais il ne pouvait en être autrement quand on sait que les élections capitalistes bourgeoises ne sauraient porter aux affaires les femmes et les hommes crédibles acquis à la cause du changement à l’avantage du peuple travailleur.
Pendant vingt-sept ans de gestion chaotique de la chose publique les démocrates en mal de crédibilité transforment la politique en un lieu de mensonge et d’affairisme sans scrupule aucun. Par le truchement de cette fâcheuse politique, des politiciens creux se sont construit des châteaux en Espagne et cela au grand mépris du sang versé par nos femmes et nos enfants lors des événements douloureux de 1991.
De Alpha Oumar Konaré à Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) en passant par Amadou Toumani Touré (ATT), les ’’démocrates’’ se sont discrédités et ont plongé le Mali dans un chaos indescriptible.
L’on ne peut dire aujourd’hui que la démocratie a servi ou sert la cause supérieure de notre peuple travailleur, à moins d’avoir la conscience grillée sans le moindre souci du mieux être socio-économique national.
L’achat des consciences est devenu au Mali le créneau essentiel pour se hisser aux affaires: l’intégrité morale, le sens de la décence, la conscience professionnelle ont cédé le pas à la fourberie et l’ignominie qui font la fierté des petites gens.
Pour redonner confiance à notre peuple, il est temps que la jeunesse s’engage à faire le discernement entre ceux qui se servent du peuple et ceux qui veulent un Mali radicalement autre où la probité morale fera date. Mais il faut s’en convaincre, la morale nue ne saurait redresser ce pays déjà à terre. Ceux qui sont convaincus qu’il faut un autre Mali doivent exiger de façon la sanction exemplaire des fautes et la récompense du mérite.
Pour ce faire, les hommes acquis au changement doivent travailler à occuper le devant de la scène politique nationale car la lutte politique est la forme supérieure de la lutte des classes. Ce qui leur permettra de s’appuyer sur la loi pour appliquer la morale. Cela est d’autant indispensable qu’il ait certain que la morale ne peut être efficace sans le secours des lois, que les simples discours ne sauraient suffire pour réformer les mœurs.
Aristote avait coutume de dire à cet effet: «Les hommes obéissent bien mieux à la nécessité qu’à des paroles, à des châtiments qu’à des représentations. La loi seule a le pouvoir de les contraindre. On prend en aversion les hommes lorsqu’ils contredisent les passions, mais on ne hait point la loi.»
Il est temps d’arrêter cette hémorragie et cette bamboula qui tuent à petit feu le Mali: la corruption et la délinquance financière, deux causes ignobles de la désagrégation du tissu socio-moral national. Il faut donc à présent une recomposition du paysage politique national. Pour ce faire, les hommes acquis au changement doivent plancher sans délai sur notre système éducatif national en vue de servir l’avenir.
Nelson Mandela disait à cet effet: «L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde.»
Tant que notre jeunesse n’apprendra pas à dire non à ceux qui s’enrichissent aux dépens de notre peuple, il n’y aura pas de changement. Par conséquent, les riches s’enrichiront chaque jour davantage et les pauvres s’appauvriront toujours inévitablement.
Il faut que sans change maintenant.
Soni Labou disait: «Il faut des hommes pour sauver l’avenir.»
Notre jeunesse consciente doit s’approprier cette assurance de feu Mamadou Konaté: ‘’Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent pas échouer’’.