L’initiative Jiriba Koro a organisé une conférence-débat le dimanche 30 septembre 2018 au Carrefour des jeunes de Bamako. L’objectif était de faire le point sur les acquis de l’indépendance du Mali. À cette occasion, plusieurs personnalités issues de la société civile étaient présentes.
Le Carrefour des jeunes a servi de cadre, le dimanche dernier, à une grande conférence-débat organisée par l’initiative Jiriba Koro. Une initiative pour la défense de la liberté, de la démocratie et de la dignité humaine. À l’occasion de cette cérémonie, Souleymane Niaré, poète traditionaliste, a donné le ton à travers un poème sur les vertus de Jiriba koro. Aux dires de ce dernier, « Personne d’autre ne viendra construire notre pays pour nous ». Chaque citoyen doit comprendre que les conditions de vie des générations futures dépendent des actions entamées par les hommes d’aujourd’hui, a-t-il laissé entendre dans son poème qui a tenu en haleine toute l’assistance, avant que Siriki Kouyaté fasse le point sur la lettre ouverte adressée au président Macron le 16 septembre dernier.
À ses dires, celle-ci a fait écho car à la suite à celle-ci, une ONG centrafricaine a également entamé une telle action. Comme conséquence inattendue de ces lettres ouvertes, Bill Gates s’est adressé aux Nations-Unies, a expliqué Siriki Kouyaté, Porte-Parole de Jiriba Koro et modérateur de la conférence-débat. Dans la déclaration de Bill Gates, on pouvait entendre ceci : « Les Nations-Unies sont un repère criminel sanitaire ». À partir de ces quelques explications, Siriki Kouyaté a rappelé le rapport des Nations Unies sur la situation au Nord du Mali. Un rapport dans lequel on laisse entendre que l’argent investi dans la lutte contre le terrorisme ne servait absolument à rien. Mais, regrette le porte-parole, lors de la 73e Assemblée Générale des Nations-Unies, le président IBK n’a ménagé aucun effort pour inviter à continuer le financement du G5 Sahel afin de permettre l’application de l’accord pour la paix et l’instauration d’une paix durable dans le Sahel et par ricochet dans le monde.
Après ces quelques interventions, Sidiki Kéita, un maître coranique, s’est attelé à une explication du drapeau national et notamment le sens des trois bandes verticales qui le composent. À travers ses explications, il a tenu à inviter tous les Maliens au respect du contenu de ces bandes verte, jaune et rouge.
De son côté, Imam Diankou Bah a expliqué les raisons pour lesquelles les pères de l’indépendance malienne ont choisi le 22 septembre comme date de l’indépendance du Mali. À ses dires, cette date qui correspondait à un jeudi n’est pas fortuite. Cela à un fondement religieux, dit-il, avant de préciser que deux jours étaient chers au prophète, le lundi et le jeudi. Il poursuit en expliquant que le lundi correspond à la naissance du prophète et qui jeûnait tous les lundis ainsi que tous les jeudis.
Pour ce dernier jour, il jeûnait parce que pendant ce jour les faits des croyants se présentent au créateur, explique-t-il. Quant à la date du 22 septembre, la commission mise en place par Modibo Kéita pour rechercher un jour d’indépendance est arrivée, dans sa recherche, que cette date est celle de l’indépendance dans la mesure où tous les grands prophètes ont acquis leur indépendance à cette date. Religieusement, cela correspond à « Achoura », dit-il.
À son tour, Sam Samaballi, animateur à la radio Peace FM, a expliqué comment les Blancs sont arrivés au Mali. À l’en croire, ils sont venus avec la solidarité, la fraternité dans la bouche. À ses dires, une fois arrivés sur le territoire, ils se sont adonnés à autre chose et notamment au pillage des richesses du pays. Dans son intervention, il n’a pas manqué de féliciter les actions des pères des indépendances et particulièrement Amadou Seydou Traoré dit Amadou Djicoroni. Beaucoup de remous se sont emparés du monde durant les périodes indépendantistes, précise-t-il.
À s’en tenir à ses explications, nous comprenons que la persistance de la politique France-Afrique au Mali vient du fait que le Mali a voté en 1958 pour l’indépendance avec pour condition la continuation de la collaboration avec la France. « De nos jours, nous ne devons plus fêter le 22 septembre car nous sommes toujours dans la colonisation », laisse-t-il entendre. La construction d’un pays se fait sur la vérité et non sur le mensonge, martèle-t-il, pour préciser ensuite que tous les pays développés ont procédé de la sorte. L’indépendance du Mali s’est acquise pour une idéologie, il s’agit de l’indépendance politique, économique et militaire. L’objectif était de permettre aux Maliens de réfléchir eux-mêmes sur les voies du développement du pays. C’était la volonté d’une « indépendance totale ». Les Blancs ont réussi dans la colonisation mentale qui se poursuit toujours dans notre pays.
Siriki Kouyaté corrobore tout ceci en tant que modérateur, en soutenant que tout ce qui existe au Mali ne lui appartient pas. « Aucun État ne tombe du ciel », dit-il, avant d’ajouter que « L’État est un système artificiel ».
Quant à Malamine Diarra, ex-élève d’Amadou Traoré dit Amadou Djicoroni, celui-ci n’a ménagé aucun effort pour expliquer le parcours héroïque de son maître. Malamine a brillamment exposé la vie de ce héros de son enfance jusqu’à son adhésion à l’US-RDA en 1947 et son expulsion du parti en 1958. C’est de là qu’il va mettre en place le Parti africain de l’indépendance, précise-t-il, avant de noter que ce parti s’est effondré suite aux nombreuses démarches initiées par les membres de l’US-RDA pour que les deux partis forment une seule coalition. À ses dires, un seul sentiment animait ce héros des indépendances du Mali, celui de la patrie.
Siriki Kouyaté précise à cet effet que la volonté de Jiriba Koro reste une seule chose : que la France reconnaisse que la guerre au Nord du Mali est une politique de la France. Cet amour du Mali qu’avaient les pères de l’indépendance est celui qu’a Jiriba Koro, explique-t-il.
Cette cérémonie a été également une occasion idéale pour expliquer la France-Afrique. Lassine Doumbia s’est attelé à cette explication de la politique de la France-Afrique dont Emmanuel Macron, Macky Sall, Jean Yves Le Drian, Leonel Zinsou entretiennent entre eux en vue de sa pérennisation. À ce titre, il explique les fondements géopolitiques de la France-Afrique. À ses dires, ce fondement est purement stratégique. L’initiateur de cette politique constitue Jacques Faucard, dit-il. Il n’a pas manqué d’expliquer ses mécanismes. Elle institue la désinformation et la politique du divertissement dans nos contrées.
De son côté, Aminata Sanogo n’a pas manqué de faire des témoignages de reconnaissance à l’égard des pères de l’indépendance du Mali, mais aussi à Jiriba Koro qui est aujourd’hui « notre armée puisque nous n’avons plus de militaires ». Elle montre tout son regret face à l’effondrement du Mali, ce pays des hommes valeureux. Elle dénonce le comportement corrupteur des femmes maliennes qui ne sont engagées que lorsqu’il y a l’argent.
Cette conférence-débat a été riche en intervention provenant de plusieurs couches sociales. Zoucka Maiga, ex sous-officier de l’armée nationale du Mali, explique que c’est son père qui a libéré la France. M. Maïga lance alors un appel au président de la République de dire aux Maliens l’ennemi que le Mali est en train de combattre. « L’armée malienne est la plus brave des armées », dit-il. Quant à la commémoration de la fête de l’indépendance cette année, Zoucka Maiga trouve qu’elle ne devrait pas être commémorée pendant que les « pieds de nos militaires sont attachés ». À ses dires, le militaire n’est pas la tenue, mais le cœur, le patriotisme.
De son côté, Boubacar Doucouré n’a mis aucune eau dans son vin en ce qui concerne la dénonciation du comportement des hommes religieux du Mali. À ses dires, nous avons l’impression que leur agissement n’a aucune importance puisque ne produisant aucun effet. La corruption, le vol, le mensonge, etc. vont crescendo pendant qu’il existe tant de prêcheurs. Il a fini en invitant tous les Maliens à l’union, mais aussi à poser des actes bénéfiques pour toute la nation.
Outre ces quelques esprits mûrs, plusieurs autres se sont exprimés en montrant toute leur déception face à la question de l’indépendance, voire de la colonisation au Mali. Après ces interventions géantes et instructives, l’assistance a fait ses recommandations sur la base de ces différentes interventions. Le contenu de ces recommandations fera l’objet prochainement d’un livret par l’initiative Jiriba Koro, a précisé Siriki Kouyaté.