Depuis que l’ex Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maiga, a démissionné du RPM où il était le premier vice-président, les Maliens ne cessent de s’interroger sur les mobiles réels de ce divorce d’avec le parti présidentiel, après près de 20 ans de militantisme. Si certains lient sa démission à la querelle de clochers tournant au conflit ouvert, entre lui et le président du RPM, Dr Bocary Treta, d’autres estiment que c’est lié surtout au découpage administratif des nouvelles régions au Nord du Mali au sujet duquel le gouvernement courbe encore l’échine devant la CMA, cause principale de son départ du gouvernement en tant que Premier ministre.
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Selon une révélation qui a nous été faite sous l’anonymat, le dossier du découpage administratif des nouvelles régions cause beaucoup de problèmes au nord du Mali, particulièrement à Gao. En effet, beaucoup estiment qu’à travers cette politique de découpage administratif, le gouvernement du Mali donne la possibilité aux « Touaregs » d’annexer le Nord. Et d’ajouter que les sédentaires noirs se retrouveront affaiblis démocratiquement. Donc, ce découpage administratif est perçu comme une trahison des populations. Est-ce alors la véritable raison du départ du RPM du désormais ex 1ervice-président de ce parti présidentiel, Abdoulaye Idrissa Maiga ? On peut bel et bien l’imaginer car étant ancien Premier ministre du président IBK, 2ème responsable du parti au pouvoir, si de telles choses arrivent à se faire sous ses yeux, alors qu’il reste dans la passivité, les populations peuvent le pointer du doigt comme un des responsables. Donc, pour éviter cela, il aurait préféré prendre ses distances pendant qu’il est temps.
Selon notre source, le dossier des nouvelles régions qui est actuellement sur la table du ministre Mohamed Ag Erlaf crée la confusion totale au nord et fait déjà des mécontents. « Avec ces nouvelles régions, sur les 40 probables députés au Nord du Mali, les sédentaires noirs (Songhoi, Bellah…) n’auront qu’au maximum huit (8) députés », relate notre source, avant d’indiquer que c’est à cette option que le gouvernement est favorable, pour faire plaisir à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Aussi, précise-t-elle qu’une nouvelle région que le gouvernement veut créer va décapiter le cercle de Gao. « Quand cela sera fait, il ne restera rien historiquement pour les sédentaires », regrette notre source.
A l’en croire, cette politique va donner la suprématie à une minorité démographique pour qu’elle soit une majorité démocratique et pourrait, sans nul doute, conduire à « l’annexion du nord par les Touaregs ».
La même source indique que le gouvernement du Mali donne raison à tous ceux qui ont le cœur meurtri par ce qui se passe au Mali. Irrité et accusant le gouvernement d’être en train de favoriser la partition du Mali, notre source martèle : « Nous n’allons jamais accepter cette division. Cela n’est pas une question politique, c’est une question territoriale, d’honneur, de patriotisme …». Ces propos lâchés par notre interlocuteur nous fait croire que la démission de l’ancien Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maiga, pourrait être liée à ce problème de découpage car étant fils de la zone, il ne pourrait jamais accepter d’être parmi les décideurs de cette mesure qui risque de rendre la cohésion sociale impossible. Et surtout qu’on connaît l’adversité, voire l’animosité entre les responsables de la CMA et Abdoulaye Idriss Maïga qui leur tenait tête lorsqu’il était au poste de Premier ministre.
En effet, ce dossier sur le découpage administratif a certes poussé l’ex Premier ministre à hâter le pas de la rupture avec le camp du pouvoir. Mais la rupture était déjà consommée et certainement qu’il cherchait le bon moment pour partir en beauté. Ce n’est pas un hasard si son départ du RPM, a fait l’objet de plusieurs fausses annonces. Il n’y a pas de fumée sans feu, dit-on souvent car soit des proches ont trahi ses intentions ou ses adversaires cherchaient à anticiper son départ du parti présidentiel pour le pousser en même temps à la faute et le disqualifier sur le terrain politique.
On dit souvent qu’il a été enlevé de son poste de Premier ministre, à la demande de proches du président de la République qu’il gênait beaucoup dans leur entreprise de pillage des ressources du pays, notamment en bloquant certaines décisions qu’il jugeait inopportunes ou illégales, en tant que chef du gouvernement. Ce qui a provoqué un séisme au sein de « La famille d’abord » en son temps et motivé de l’animosité à son égard. Les choses allaient se précipiter lorsqu’il a voulu impulser un tantinet de changement positif dans la gouvernance publique, notamment en se débarrassant de ministres devenus des dinosaures du gouvernement et ne devant cette longévité que par leur proximité de la famille présidentielle, s’ils n’en sont pas d’ailleurs des membres.
Le président IBK, a succombé à l’influence suggestive de ses plus proches parents qui réclamaient la tête de ce Premier ministre empêcheur de tourner en rond dans la valse des prédateurs des ressources publiques.
Mais c’est parce que le président de la République, lui-même, était fâché contre Abdoulaye Idrissa Maïga, suite à une passe d’armes du Premier ministre d’alors avec les représentants de la CMA, venus le rencontrer pour poser leurs conditions d’acceptation de la tenue des élections locales qui se préparaient. Abdoulaye Idrissa Maïga leur avait tenu tête, rejetant leurs prétentions ; notamment en refusant le chantage éhonté que faisaient ces apatrides pour que ces élections locales puissent se tenir dans les localités sous leur influence. Ils demandaient de l’argent, sous le prétexte que c’est pour pouvoir convaincre les autres groupes armés de laisser se dérouler le scrutin. Ce qui d’ailleurs rappelle le deal de l’élection présidentielle passée, pour laquelle ces responsables de la CMA ont bourré les urnes au profit du président sortant, et attendent maintenant l’exécution, par Boua et son équipe, de leurs exigences comme contrepartie, non sans déjà rempli leurs poches. Les prochains jours nous édifieront à ce sujet et nous aurons l’occasion d’y revenir.
De toute façon, Abdoulaye Idrissa Maïga, droit dans ses bottes, avait fait entendre aux responsables de la CMA qu’il n’y avait pas d’argent à leur distribuer en contrepartie de leur adhésion au processus électoral. Rejetant cette pratique en tant que Premier ministre, il leur rappelait aussi que, lui, descendant de Sony Ali Ber, n’a pas peur de leurs menaces.
C’est donc, en toute logique, qu’il prenne actuellement et définitivement ses distances vis-à-vis du camp présidentiel qui continue de cajoler ces enfants gâtés de la République que sont les responsables de la CMA et autres, au mépris de la cohésion nationale et du respect des communautés autres que celles des Touareg.