Depuis plusieurs semaines au Mali sévit une grève des magistrats. Plusieurs raisons motivent le bras de fer entre les centrales syndicales et l’Etat malien et les revendications peinent à trouver satisfaction face au gouvernement qui ne démord point. Il urge de réunir les camps protagonistes autour de la table de négociation afin de sauver l’administration de ces grèves perlées. Quelles sont les alternatives possibles de sortie de la crise sociale au Mali ?
Le dialogue social est en panne depuis plusieurs mois et les syndicats s’offusquent du manque de considération affiché par le gouvernement à leur égard et le mépris avec lequel leurs légitimes doléances sont considérées. L’exécutif excelle dans une parodie de dialogue social et les syndicats dénoncent sa persistance dans la multiplication des actes attentatoires aux libertés syndicales. En effet, au niveau du secteur de la justice, les deux syndicats des magistrats fustigent les dispositions liberticides du gouvernement à leur égard. Le gouvernement, comme pour crever l’abcès, veut opérer des défalcations sur salaires aux différents agents en grève. Cela frise davantage leur colère car ces dispositions contredisent la loi portant exercice du droit de grève. En effet, les grèves ayant pour motif la violation des libertés fondamentales et des droits syndicaux universellement reconnus ou le non-paiement des droits acquis, ne devraient donner lieu à aucune réduction de salaire. Leur motif de cessation de travail ne devrait donc donner lieu à aucune sanction. Au regard du dialogue de sourd entre les parties en conflits, il urge donc de mener des actions de médiation favorables à la reprise du dialogue.
De l’urgence d’une médiation efficace pour lever la fronde sociale.
Le gouvernement ne recule aucunement face aux partenaires sociaux assimilés à des capricieux qui se croient tout permis. Sûr de son coup et renforcé dans sa logique, l’Exécutif a suscité la fronde sociale alors que certains syndicats, de la santé notamment, avaient déjà baissé la garde. Les défalcations que le gouvernement veut opérer sur les salaires vont tout chambouler. A bon droit, le chef de l’Etat et ses collaborateurs peuvent estimer qu’ils ont la possibilité de « punir » les travailleurs. Mais que gagne le gouvernement à attiser la colère des travailleurs alors que ceux-ci étaient déjà revenus à de meilleurs sentiments ?
Au banc des accusés, clairement indexé par les partenaires sociaux comme l’auteur de leurs malheurs, le gouvernement est appelé, non pas à monter au créneau pour se dédouaner, mais plutôt à rassurer. Demandeurs permanents du dialogue social, les syndicats n’ont aucun intérêt à tourner dos au gouvernement ; s’ils en sont arrivés à l’extrême, c’est que le malaise ne permet pas la recherche du dialogue social afin de trouver les solutions idoines. Ces derniers de leur côté sont aussi appelés à mettre un peu d’eau dans leur vin. De gré ou de force, tôt ou tard, ils seront bien obligés de discuter avec le gouvernement. Les magistrats, sont convaincus que le gouvernement prend du plaisir à leur tendre les nerfs et de son côté, l’Exécutif a le même sentiment. Dans ces conditions, seul le recours à une médiation efficace pourrait favoriser le dégel ; un appel au Médiateur de la République ainsi qu’aux leaders religieux serait idéal pour réussir le conciliabule entre les différentes parties. Mais en l’absence d’une autorité morale, religieuse ou d’une personnalité unanime, le Conseil Economique et Social pourrait être aussi interpellé. Cette institution de la République qui regroupe les forces vives de la Nation serait une force de propositions crédibles. Elle peut valablement jouer le rôle de facilitateur entre le gouvernement et les syndicats. A l’heure actuelle où tout espoir de dialogue fructueux semble être perdu, l’intervention du CESC et d’autres acteurs pourrait sauver les meubles.
Trouver un terrain d’entente et éviter que les positions se radicalisent, telle doit être la préoccupation des deux camps. Si par contre, chaque partie reste campée sur sa position, il y a des risques de non-cessation des mouvements de débrayage. Les partenaires sociaux autant que le gouvernement ont donc intérêt à fumer le calumet de la paix dans des délais raisonnables. S’ils décident par contre d’aller au pourrissement, ils seront en ce moment contraints de se parler pour trouver une porte de sortie. Le mieux serait d’ores et déjà de limiter les dégâts afin que les brèches soient colmatées. Mais encore et on ne le dira jamais assez, la balle est dans le camp du gouvernement. C’est au Chef de l’Etat de présenter un bilan qui sera apprécié par ses concitoyens. C’est lui qui a pris le soin de choisir ses collaborateurs de qui il attend des résultats. Vivement qu’il leur montre la voie afin que le dialogue ne soit pas rompu avec les syndicats. Car, lorsque ceux-ci décident de sortir des muscles, c’est tout le pays qui en pâtit.