Après sa victoire contestée çà et là par l’opposition et tous ses démembrements y compris le guide spirituel de Nioro, les menaces d’IBK à l’endroit de ce dernier commencent à faire effet. Mais le chérif semble être un homme qui ne se laisse pas démonter pour si peu.
“Il faut abattre l’arbre en commençant par lui couper la cime”, a-t-on appris des sagesses d’ailleurs. Mais l’arbre est si gros qu’il est impossible de le déraciner. Lui couper la cime et les branches ne fait que le fleurir davantage. Même Soundiata ne peut réussir l’épreuve.
La légende reste la légende et les réalités socio-politiques et religieuses sont des phénomènes sociaux bien existants au Mali. Les religieux ont un poids considérable dans la société malienne. Ils demeurent presqu’immortels dans la mémoire collective de leurs adeptes alors que les dirigeants sont si éphémères qu’un jour après leur magister, ils sont déjà aux oubliettes.
IBK doit savoir que s’il est le président de la République légal du Mali, le chérif de Nioro est le Guide spirituel par excellence de cette nouvelle région et personne n’ose se tailler à sa mesure. Il est une pointure sans égale ni conteste dans la zone. Il a le droit d’agir, de faire et défaire toutes les affaires courantes. Il dispose d’un monopole de sorte que cinq ans où dix ans de règne ne peuvent lui faire perdre la main.
Le duel sans merci ni répit
Comme dans un combat de boxe conventionnel, un premier round vient de commencer par l’asphyxie économique de la ville de Nioro par le chérif. Mais dans ce duel, il n’ y’a ni de convention ni de répit donc tous les coups sont permis. Le chérif, avec ce premier coup de poing sur la face du régime, fait une grande démonstration pour démontrer à tous ceux qui le croit petit, faible ou incapable de faire élire un candidat à la magistrature suprême, qu’il est un homme de poids et peut se mesurer à un Roi.
Toujours avec cette même démonstration, il a visé la partie la plus sensible et mortelle du pouvoir : des denrées de premières nécessités dont il fait flamber leur prix de sorte qu’on peut se demander si cette localité appartient géographiquement au Mali dont IBK est président. Il sait parfaitement que parmi les combats les plus sordides du pouvoir, il y a la lutte pour l’autosuffisance alimentaire et la stabilisation des prix des produits de premières nécessités. Et cela le jour même ou le Mali célèbre son 58e anniversaire de l’indépendance en présence des chefs d’Etats étrangères. Le Mali est honoré par les étrangers pendant que certains de ses fils lui arracher les pieds. Quel paradoxe !
Le chérif ou plutôt le prophète de circonstance (il fait ce que bon lui semble et personne n’ose dire mot par crainte d’être maudit par sa bouche bénie selon l’imagination populaire) ferme ses magasins d’approvisionnement suite à la saisie d’un de ces véhicules et la réclamation par la douane de ses arriérés de taxes.
L’effet est immédiat et les conséquences ne font pas attendre. Le sac de lait en poudre qui était vendu à 46 000 F CFA est actuellement à 65 000 FCFA. Le sac de 50 kg de sucre est passé de 16 500 f à 21 000. Par contre le sac de 50 kg de farine qui était à 18 500 F CFA connaît une baisse de 4250. Un jeu de prix à tout prix pour montrer que c’est celui le chérif qui détermine le cours du marché dans sa région récemment créée sous l’autorisation d’IBK.
Il lance une alerte à tout va : “Je veux juste que la population souffre un peu”. Il frappe les morts (ses propres populations qui sont sous sa protection) pour que les vivants prennent conscience.
Preuve qu’il est désormais engagé dans un duel sans merci contre le régime et il n’a pas le droit de bafouiller les lieux communs ni reculer. Un duel qu’affirmait un confrère «qui ne peut prendre fin qu’avec la “mort” de l’un des deux protagonistes. Un duel dont les signaux ont été lancés avec le soutien de l’ADP-Maliba lors du premier tour de l’élection présidentielle. Mais, il a échoué en occupant le troisième pied du podium, au résultat du premier tour. Faut-il le rappeler: le parti était sorti de la majorité pour occuper les devants de la scène dans l’opposition. Le chérif *Bouyé décide alors de jeter tous ses moyens dans le second tour au profit de Soumi pour mettre IBK hors d’état de nuire: peine perdue.
Il ne désarme car jusqu’à preuve de contraire, il ne reconnaît pas IBK comme président et il continue le combat pour le dégager. Première réponse à cet entêtement, aussitôt après la réélection d’IBK, ce dernier avait riposté en relevant les éléments du Cherif de leur poste. Comment va-t-il se terminer ce combat peu loyal et indigne entre deux personnalités de poids. Quelle sera la suite de cette belligérance ?