Le second décaissement consenti à notre pays au titre de la Facilité de crédit rapide atteste d’une gestion performante des finances publiques
Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé le 10 juin dernier un deuxième décaissement de 7,5 milliards Fcfa au profit de notre pays au titre de la Facilité de crédit rapide (FRC). Le représentant résident du FMI au Mali, Anton Op de Beke, a saisi l’opportunité pour faire le point et tracer les perspectives de la coopération de son institution avec notre pays.
Interrogé sur les critères d’attribution de ce deuxième décaissement, Anton Op de Beke a expliqué que le Mali a pu bénéficier de ce fonds grâce aux bonnes performances réalisées dans la gestion de ses finances publiques pendant six mois : de novembre 2012 à avril 2013. Pour l’essentiel, a-t-il ajouté, notre pays a honoré ses engagements relatifs aux objectifs quantitatifs basés sur la Loi de finances 2013 et aux reformes structurelles. C’est donc sur la base des performances liées aux reformes structurelles engagées de novembre à avril que le Conseil a décidé d’approuver ce deuxième décaissement. « Le premier décaissement était basé sur des engagements quantitatifs reflétant la loi de finances 2013. Le deuxième, sur la loi de finances rectificative 2013 », a précisé le représentant du FMI. A travers les objectifs quantitatifs, l’Etat s’était engagé à rester dans les limites du budget adopté par le parlement, donc à ne pas permettre des dépassements et à mobiliser les recettes prévues au titre du budget, a t-il indiqué.
Autre point important : dans le programme initié par les deux parties après les évènements de Mars 2012, la question de l’augmentation de l’assiette fiscale figure en bonne place. Le gouvernement s’est engagé à œuvrer en vue d’augmenter l’assiette fiscale dans la mesure où notre pays a besoin de plus de ressources pour faire face à ses problèmes. A cet effet, un comité mixte (une unité de renseignement fiscal) a été créé par la direction générale des impôts et la direction générale des douanes. Ce comité a procédé à des vérifications ponctuelles au niveau de l’ensemble des importateurs sur la valeur des importations et les chiffres d’affaires déclarés. Résultat : 80% des importateurs déclarent des chiffres d’affaires paraissant très bas par rapport à leurs importations, constate Anton Op de Beke. « Cette mesure marque le point de départ pour mieux vérifier les déclarations et augmenter les recettes d’Etat », a-t-il estimé.
Un autre défi important à relever pour notre pays concerne la meilleure gestion des investissements publics. Pour le responsable du FMI, il ne s’agit pas seulement d’augmenter les investissements, mais aussi et surtout d’augmenter leur qualité. A ce niveau également, un processus a été enclenché pour mieux évaluer les investissements publics.
Anton Op de Beke a souligné une difficulté de taille, au centre des préoccupations de nos autorités : le problème d’EDM auquel il s’agit de trouver une solution. Dans le secteur de l’électricité, le prix de revient est au dessus du prix moyen de vente et EDM perd de l’argent sur la production. Par exemple, en 2013, le prix de revient est estimé à 119 Fcfa le kw/h et le prix de vente à 96 Fcfa soit un écart de 25 Fcfa, a-t-il calculé. Là également le gouvernement s’est engagé à trouver une solution dans le cadre du programme en cours. Le Conseil des ministres doit examiner des propositions élaborées conjointement par le ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, celui de l’Energie, EDM et la CREE, afin de créer une marge positive qui permettra à l’Energie du Mali de faire des investissements.
La DGI va, de son côté, présenter un rapport relatif au suivi du dossier des importations. Les mesures relatives aux importations et à EDM sont à exécuter pour le reste de l’année 2013. Après cette étape, le FMI envisage de s’accorder avec le gouvernement sur un nouveau programme de trois ans doté d’un agenda de reformes structurelles plus ambitieux que celui du programme de transition.
PAS DE TROISIEME DECAISSEMENT. Le Mali pourra t-il bénéficier d’un troisième décaissement au titre de la Facilité de crédit rapide ? La réponse est non. Parce qu’il y a une limite dans l’utilisation de l’instrument qu’est la Facilité de crédit rapide. Avec le deuxième décaissement, notre pays a presque atteint ses limites, a noté Anton Op de Beke avant de rappeler que la FRC est utilisée pour des situations exceptionnelles. Il s’agissait de mettre rapidement en place un programme avec le gouvernement malien afin d’aider à la reprise de la coopération avec les PTF. La particularité du programme actuel du FMI avec le Mali est que c’est un programme de transition dans lequel les reformes sont ciblées pendant la durée de la transition. Après les élections de juillet prochain et la formation du nouveau gouvernement, le FMI va discuter avec les nouvelles autorités de la mise en place d’un programme classique, c’est à dire triennal, a annoncé son représentant résident.
Faisant le bilan de la coopération depuis mars 2012, Anton Op de Beke a rappelé que les deux parties organisent des revues conjointes deux fois par an. La dernière a eu lieu sur la base de la performance du pays jusqu’en avril. En attendant, il reste convaincu que le gouvernement va honorer ses engagements pour le reste de 2013.
Le représentant résident du FMI a mis l’accent sur le fait que notre pays a bénéficié en 2013 de deux décaissements totalisant 16,5 milliards Fcfa. « Ce n’est pas beaucoup par rapport aux besoins du pays et par rapport à ce qu’apportent les autres PTF, mais cette assistance permet au FMI de se mettre en programme avec le Mali et par conséquent de suivre sa politique budgétaire, sa mission étant la surveillance macro-économique. Cela rassure également les bailleurs par rapport à la situation macro-économique du pays et donc est déterminant pour la poursuite de leur coopération avec le Mali. Les revues avec le FMI permettent de montrer aux PTF que le pays s’est bien comporté par rapport à la gestion de son budget », a t-il fait remarquer.
Anton Op de Beke a attiré l’attention sur le fait que la reprise de l’aide au Mali est intervenue après le premier décaissement en faveur du pays au titre de la FRC en février. La Loi de finances rectificative a ensuite permis non seulement de faire des modifications dans le budget de dépense et d’investissement, mais aussi de payer des arriérés internes et externes qui se sont accumulés à cause de la crise de 2012. Le paiement des arriérés externes est important pour améliorer les relations avec les bailleurs. Quant à l’apurement des arriérés au niveau local, c’est la meilleure façon pour le gouvernement d’aider le secteur privé et c’est une mesure qui stimule l’économie, a-t-il souligné.
Entre autres, le FMI a assisté le Mali dans la préparation de la Conférence des bailleurs de fonds pour le pays qui s’est tenue à Bruxelles en mai dernier et a participé aux réunions préparatoires de Bruxelles. Les conseils du FMI et de la Banque mondiale se sont investis pour convaincre les bailleurs de nous aider.
En conclusion, le FMI a jugé satisfaisant la gestion budgétaire malgré les crises que le pays a connues en 2012.
C’est en 1963 que notre pays a adhéré au Fonds monétaire international. Les deux parties ont donc une longue expérience de partenariat.