les pouces en attendant la décrue. Ils évoquent des contraintes liées à la montée des eaux mais aussi aux intempériesPlus il y a la crue, plus les conditions d’extraction du sable dans le lit du fleuve sont difficiles. La situation pose des questions de compréhension à certaines personnes qui espèrent sur une réduction de ce matériau de construction pour réaliser leur rêve de vivre chez soi.
Pourtant le paradoxe de voir les prix du chargement de sable prendre l’ascenseur pendant l’hivernage est bien réel et peut se justifier, même si la situation n’est pas forcément bien appréciée par le tout le monde. Mais une chose est sûre, avec le boom immobilier dans notre pays, le granulat (sable, graviers et autres cailloux) reste un enjeu essentiel.
Ceux qui pratiquent l’extraction de sable expliquent à qui veut l’entendre que la saison pluvieuse n’est pas propice à la pratique. La montée du niveau d’eau, les vents forts peuvent chavirer les pinasses voire conduire au pire. Mais une chose est claire, ces conditions difficiles impactent le coût du chargement de sable qui n’est pas accessible pour la bourse du citoyen moyen dont le portefeuille est suffisamment pressuré, ces derniers temps, par une conjoncture économique.
Aujourd’hui, le prix du granulat connait une hausse importante. Le chargement d’un camion benne de sable est passé de 40.000 Fcfa à 60.000Fcfa, soit une majoration de 10.000 Fcfa. Pour le même volume, le gravier est allé de 90.000 Fcfa à130.000 Fcfa, selon la qualité. Mais les prix varient selon le volume des camions de transport de granulat.
Il ressort des explications de certains de nos interlocuteurs que la hausse est liée aux difficultés à trouver du granulat en cette période d’hivernage. Kadiatou Kamissogo officie dans la vente de sable depuis vingt ans environ. Elle témoigne avoir rarement vécu une telle saison pluvieuse avec des eaux de pluie en abondance et des vents violents et fréquents qui sont contraingnants.
Un jour, sur la berge du fleuve Niger à sébénikoro, les extracteurs de sable avaient presque les larmes aux yeux. L’un d’entre eux, Ali Diakité, déplorait les conditions d’extraction du sable voire d’autres matériaux de construction pendant l’hivernage. Il montre du doigt la vingtaine de pinasses stationnées sur les berges mais vraiment vides. «Impossible d’extraire du sable dans ces conditions. « Il nous est déjà arrivé de perdre des pinasses remplies de sable. Il y a eu aussi des pertes en vies humaines», explique notre interlocuteur qui grince des dents contre la nature.
Propriétaire de plusieurs pinasses, Ali Diakité loue ces petites embarcations pour joindre les deux bouts. L’extraction de sable est extrémement difficile pendant l’hivernage. Le jeune homme a de quoi être préoccupé car les pinasses coulent facilement pendant la période hivernale. Alors qu’une embarcation peut coûter environ 500.000 Fcfa.
Selon les explications de Ali Diakité, une pirogue qui diparait au fond des eaux peut être retrouvée plusieurs jours après, mais très souvent en mauvais état. Les bozos peuvent aussi repêcher une pirogue contre le paiement d’une grosse somme atteingnant jusqu’à 200.000 Fcfa. Les activités des ouvriers qui remplissent les pinasses de sable tournent aussi au ralenti en ce moment. En effet, ils sont payés au prorota des pirogues remplies. «Nous sommes rémunérés en fonction du nombre de pinasses chargées. Quand il n’y a pas assez d’activités, on reçoit moins», explique Sékouba Coulibaly, un des chargeurs. Il ajoute que pendant la période de décrue, les pinasses peuvent effectuer trois voyages par jour. Mais actuellement, elles n’en font que trois par la semaine. Ce qui constitue une énorme perte de gains pour les chargeurs.
Les prix du sable prennent de l’ascenseur en période hivernale. « Nos clents comprennent nos difficultés à nous procurer du sable et ne marchandent pas trop les prix», affirme la vendeuse de sable, Kadiatou Kamissogo qui espère contnuellement satisfaire sa clientèle.
Ce secteur d’activité représente une niche pour vendeurs de sable, locateurs de pinasses et ouvriers journaliers en d’autres temps. Mais ce «beau monde » se tourne les pouces en attendant la décrue.