Les chefs d’État du G5 Sahel ont snobé l’Assemblée générale de l’ONU afin de transférer le Quartier général (QG) de la force de l’organisation à Bamako. Contrairement à la précédente Assemblée générale annuelle des Nations Unies qui a vu les 5 chefs d’États du G5 Sahel se mobiliser à New York pour plaider leur cause, cette année, seul le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK) est monté au front.
Les moyens financiers font toujours défaut et la communauté internationale frileuse à décaisser les fonds promis, obligeant le transfert du QG de la force conjointe de Sévaré, au centre des opérations, à Bamako. De quoi amplifier les inquiétudes sur la capacité de l’organisation à répondre aux menaces sécuritaires qui ne cessent pourtant de s’amplifier.
Décidément, le G5 Sahel a du plomb dans l’aile, ce qui commence à effriter l’élan des chefs d’États de l’organisation sous régionale. Alors que la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader particulièrement au Mali et au Burkina, et que de nouvelles menaces apparaissent au Tchad et s’amplifient au Niger, l’organisation peine toujours à mobiliser le soutien financier international nécessaire pour le démarrage effectif des opérations militaires.
Sur les cinq chefs d’État que compte l’organisation, seul le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK), a daigné prendre part à l’Assemblée générale annuelle des nations unies dont les travaux se sont poursuivis à New York. Pourtant, le G5 Sahel et la situation sécuritaire au Sahel a été à l’ordre du jour des travaux de la 73e Assemblée, au cours de laquelle, des promesses encore ont été réitérés à l’organisation notamment par l’Union européenne (UE) et par la France d’Emmanuel Macron.
Toutefois, et comme l’ont dès le départ fait savoir les États-Unis, aucun mandat sous chapitre 7 de la charte de l’ONU n’est encore envisagé. Du déjà vu qui explique l’absence des chefs d’État du G5 Sahel. Si IBK, qui vient d’être réélu pour un second mandat, avait tout intérêt à se rendre au siège de l’ONU où la situation sécuritaire de son pays était également inscrite à l’ordre du jour, le chef de l’État nigérien, Mahamadou Issoufou, présent pourtant à New York, n’a daigné prendre part à la session consacrée au G5 Sahel dont il assure pourtant la présidence. Ni le président de Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz, ni son homologue tchadien, Idriss Déby, et ni le burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, n’ont estimé nécessaire de se rendre au siège des nations unies pour plaider leurs causes, comme ce fut le cas l’année dernière où les 5 chefs d’État étaient tous présents.
Le QG de la force conjointe transféré de Sévaré à Bamako
Sur le terrain, la situation sécuritaire ne cesse pourtant de se dégrader et malgré les annonces répétées, les opérations militaires de la force conjointe (FC G5 Sahel), n’ont toujours pas véritablement démarré. Le commandement de la force militaire a d’ailleurs décidé de changer de stratégie avec la décision que vient de prendre le nouvel chef d’État-major, nommé en juillet dernier, le général mauritanien Hanena Ould Sidi, de transférer le quartier général de la force anti-jihadiste du G5 Sahel, de Sévaré dans le centre du Mali, à Bamako la capitale. L’ancien QG a été détruit le 29 juin dernier à la suite d’une attaque de grande ampleur d’individus lourdement armés, ce qui avait mis à l’évidence la faiblesse de la force.
Bien que l’UE a décidé de prendre en charge la reconstruction du QG, la décision du déménagement a été acté. « En tant qu’organe de coordination, le siège de cette force doit se trouver là où les communications et les liaisons sont les meilleures », a expliqué une source sécuritaire dans un communiqué publié par la suite. Également, l’état-major français a confirmé que le général Ould Sidi « a décidé d’installer son poste de commandement (PC) à Bamako et a l’intention de reprendre les opérations dans les meilleurs délais ».
La force française Barkhane, qui lutte également contre les jihadistes dans le Sahel, a ajouté qu’elle « continuera d’appuyer la force conjointe», mais preuve qu’elle n’attendra pas l’entrée en scène des militaires sahéliens, elle a dernièrement lancé de nouvelles opérations militaires dans la zone de Ménaka au Mali. Au cours de la semaine, quelques 120 militaires français ont ainsi été parachutés dans la zone où la situation sécuritaire s’est de nouveau dégradée avec une trentaine de morts enregistrés en quelques jours à la suite de violences intercommunautaires mais aussi d’attaques djihadistes contre l’armée malienne.