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Situation sécuritaire dans le Centre : Les Peulhs exposés à l’extermination
Publié le lundi 8 octobre 2018  |  L’Inter de Bamako
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Le cessez-le- feu unilatéral signé par la milice dogon vient encore une fois éventrer la politique de deux poids deux (02) mesures du gouvernement malien dans sa gestion des groupes armés d’auto-défense dans le Nord et dans le Centre du pays. En effet, en intégrant toutes les autres milices dans le processus de paix, sauf celle des Peulhs, le président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) et son Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) programment le pogrom des Peul.

Par le jeu des intérêts personnels et égoïstes, des alliances contre nature et de compromissions de toute part, les dirigeants maliens, en l’occurrence, le président IBK et son Premier ministre SBM, ont cassé tous les ressorts qui ont fait du Mali, un pays où l’intégration et l’interpénétration des ethnies avaient fini par créer un sentiment patriotique. On est loin et très loin de ce Mali dont rêvaient le président Modibo Keïta et ses compagnons, un pays où tous les Maliens se sentaient dignes fils de ce pays partout où ils se trouvaient. Et dans lequel aucun Malien ne portait la moindre étiquette de Nordiste, Sudiste, Centriste ou de l’Ouest.

En adoptant la manipulation et l’instrumentalisation des ethnies et des communautés les unes contre les autres comme gestion politique des grandes questions de la nation, Ibrahim Boubacar Kéita et son Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga sont presque arrivés à leur fin: hiérarchisation des ethnies pour créer le chaos dans le pays.

Ils viennent de le prouver avec la signature unilatérale d’un accord de cessez- le- feu avec la milice dogon dénommée Dan na- Ambassagou, un groupe armé que le Premier ministre avait menacé de désarmer lors d’une de ses tournées à Mopti.

Cet accord lui garantit les mêmes avantages que les autres groupes armés signataires de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger de 2015: intégration dans l’armée, dans la fonction publique, insertion socio-économique. Ainsi, cet accord vient d’élire cette milice au rang des enfants gâtés de la République et expose de surcroit les Peuls à un génocide qui ne dit pas son nom. Sans protection, ils sont face à leur destin.

Par cet accord unilatéral, IBK et SBM viennent de boucler la machine infernale de favoritisme et de hiérarchisation des ethnies qu’ils ont installée pour créer des Maliens de première et de seconde zones. Et dans cette gestion de la crise sécuritaire, les Peulhs deviennent ainsi les parents pauvres et des laissés pour compte. Ils sont désormais plus exposés à l’extermination dans la mesure où les autres milices sont vues d’un bon œil par l’Etat. Ils peuvent être l’objet de racket, d’exactions de la part des autres groupes armés qui bénéficient déjà de la couverture de l’Etat.

Comment une milice créée après l’Alliance pour le salut au Sahel (ASS, défend la cause des Peulhs) peut-elle bénéficier d’une telle largesse de la part du gouvernement malien incarné par Soumeylou Boubèye Maïga ? La raison, elle est toute simple: ‘’les Peulhs accusés de pactiser ou d’avoir intégré les rangs des djihadistes luttent contre les Dogons, défendus par la milice dozo (chasseur) «Dan na Ambassagou», qui a juré de protéger les populations dogons’’. ‘’Les Peulhs sont accusés d’être des djihadistes, des pro-djihadistes ou des complices des djihadistes’’.

Il a suffi que certains hauts cadres de notre pays prononcent ces propos pour qu’on s’acharne contre les Peulhs alors qu’ils sont autant victimes des djihadistes que les autres communautés. Et lorsque cette milice a été mise en place, on a crié au scandale. Des personnalités peul civiles aussi bien que militaires ont été accusées à tort ou à raison. Mais, de l’autre côté, on a applaudi des deux mains.

On se rappelle que l’ASS a été créée au mois de mai dernier pour jouer sa partition dans la kyrielle de mouvements armés déjà présents dans le centre du Mali. Elle a pour objectif premier la défense des populations peules contre les exactions des chasseurs dozos, mais affirme aussi cibler toutes les forces qui veulent nuire aux communautés qui vivent dans ces zones.

Il est clair aujourd’hui que les Peul sont laissés à leur propre sort. Non seulement, ils ne sont pas protégés par l’Etat mais quand ils s’organisent pour se défendre contre les exactions des autres groupes armés, ils sont accusés d’être des djihadistes à la solde d’Amadou Koufa.

Certes, le groupe d’Amadou Koufa contient en son sein des Peulhs, mais il faut dire que tous les Peul se sont pas djihadistes encore moins terroristes.

Dans la recherche de la paix dans le Nord et dans le Centre, l’Etat malien, à travers ses représentants, notamment le président de la République Irahim Boubacar Kéita et le Premier ministre Soumeylou Boubèye MaÏga, est en train de conduire le Mali vers sa perte. Tous les groupes armés, qui ont été constitués pour défendre les intérêts de leur communauté sont devenus des enfants de cœur, sauf les Peul appelés à prendre la route de l’exil ou disparaître. Ils ont été regroupés dans les mouvements avant de les promettre monts et merveilles.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) pour les Touaregs, le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) pour les Arabes, la Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance (FMFPR2) pour les Sonraï et enfin Dan na Ambassagou pour les Dogon. Ce dernier intègre ainsi l’accord de paix signé, en 2015. Alors qu’il n’est pas signataire.

Ainsi, l’Alliance pour le salut au Sahel (ASS) devient un singleton et un ennemi à abattre au même titre les djihadistes et terroristes alors qu’il ne fait que le même travail de défense que les autres faisaient avant d’intégrer la République.

Au moins, si le Premier ministre SBM voulait la paix comme il prétend le dire, il devait s’engager dans la dynamique initiée par les associations Dina Dogon et Tapital Pulaaku qui ont abattu un travail remarquable sur le terrain pour le rapprochement entre les deux communautés.

Au lieu de cela, il a choisi la voie de la division et du favoritisme et non de la paix et de la cohésion sociale. Il va sans dire que cette politique de deux poids deux (02) mesures n’est pas de nature à ramener la paix entre deux peuples qui s’estiment, s’apprécient mais victimes des hommes politiques ternes qui veulent profiter des affrontements communautaires pour se refaire une santé politique.

Qu’est-ce que les Peulhs ont fait pour mériter un tel sort dans la gestion des affaires de la nation ? Récoltent-ils les pots cassés d’Amadou Koufa ?

Que Dieu sauve le Mali des mains des hommes politiques haineux !

Yoro SOW

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