N’Djamena, 8 oct 2018 (AFP) - La force antijihadiste du G5 Sahel, qui tarde
à monter en puissance, a programmé "trois opérations ces prochaines semaines",
a annoncé lundi à l’AFP ministre française des Armées, Florence Parly, en
visite de deux jours au Tchad.
"L’équipement de la force conjointe (du G5 Sahel) est encore très
insuffisant mais la force n’est pas inactive, loin s’en faut. Elle a mené six
opérations depuis le lancement, et trois sont programmées dans les prochaine
semaines sur chacun des trois fuseaux", a décrit Mme Parly à son arrivée à
N’Djamena, où elle doit rencontrer le président Idriss Déby Itno et des
soldats de la force française Barkhane déployée au Sahel (4.500 hommes).
La ministre française avait annoncé plus tôt lundi sur Radio France
International que le nouveau chef d’état-major de la force du G5 (le général
mauritanien Hanena Ould Sidi, assisté d’un adjoint tchadien) avait
"reprogrammé des opérations pour le mois d’octobre".
"Nous comptons beaucoup sur ce nouveau tandem pour poursuivre la montée en
puissance de la force du G5", qui réunit des soldats du Mali, de la
Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Burkina Faso, a-t-elle dit à l’AFP.
Le G5 Sahel a réactivé en 2017 son projet de force conjointe, initialement
lancé en 2015 avec l’appui de la France. Mais les 414 millions d’euros promis
lors d’une conférence internationale des donateurs en février tardent à se
matérialiser.
En outre, le PC de la force du G5 Sahel, initialement implanté à Sévaré
(centre du Mali), a été relocalisé fin septembre à Bamako après avoir été la
cible fin juin d’un attentat qui a fait trois morts.
En un an, la force a atteint quelque 80% de ses effectifs prévus de 5.000
militaires et mené une poignée d’opérations avec l’appui direct et logistique
de Barkhane, sans réel impact sur le terrain, où elle n’a pas encore croisé le
fer avec les jihadistes.
Interrogée sur la dégradation sécuritaire au Burkina Faso, où se
multiplient les attaques ces derniers mois, Mme Parly a souligné que la force
Barkhane avait prêté main forte à ce pays à deux reprises ces derniers jours,
à la demande des autorités.
"Il y a quelques jours une première opération a eu lieu, ce qui ne s’était
jamais fait jusqu’à présent, suivie d’une autre ce week-end", a-t-elle déclaré
à l’AFP.
On indique de source militaire française qu’une "mission de reconnaissance
franco-burkinabé" a eu lieu le week-end denier dans l’est du Burkina.
L’armée française a également mené mercredi une intervention aérienne dans
le nord du Burkina Faso après l’attaque d’une gendarmerie qui a coûté la vie à
un gendarme.
"Lorsque j’avais rencontré le président Kaboré (en juillet à Ouagadougou),
j’avais fait une offre de service en disant que si les autorités burkinabè
souhaitaient pouvoir s’appuyer sur Barkhane, comme on le fait au Niger ou au
Mali, Barkhane était tout à fait disposée à monter ce type d’opérations", a
expliqué Mme Parly.
"Je ne dis pas que c’est la solution à tous les problèmes du Burkina Faso
mais je pense qu’une étape utile, constructive a été franchie", a-t-elle
ajouté. "Avec le Burkina, nous restons disponibles car le rôle de Barkhane,
c’est aussi d’appuyer les forces nationales partout où c’est nécessaire et si
elles le demandent".
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une
intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui
se poursuit.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes,
françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières.
Depuis 2015, ces attaques se sont en outre étendues au centre et au sud du
Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina
Faso et le Niger.
dab-vl/jh