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B. Bajolet: le chef jihadiste Iyad Ag Ghali «bénéficie de certaines protections»
Publié le mardi 9 octobre 2018  |  RFI
Iyad
© Autre presse
Iyad Ag Ghali
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Amadou Haidara nomméDans son livre, Le soleil ne se lève plus à l’est, publié aux éditions Plon, l’ancien patron de la DGSE Bernard Bajolet livre quelques informations confidentielles sur l’Algérie et le Sahel. Pour lui, le leader terroriste Iyad Ag Ghali est sous protection.


RFI : Vous dites de Daech : « S’il a été vaincu sur le plan territorial il est en train de se reconstituer ».

Bernard Bajolet : Oui, même si le prestige de Daech a été affecté par ces pertes territoriales, son influence, pour autant, n’a pas complètement disparu. Et d’autre part, le traitement politique des situations qui sont à l’origine du terrorisme qui le favorise, ces situations politiques là doivent être traitées. C’est vrai pour l’Irak, c’est vrai pour l’Afghanistan, c’est vrai pour le Sahel.

Au Sahel, vous pensez aux communautés de la région, c’est ça ?

Au Sahel, il y a eu les accords d’Alger qui ont eux-mêmes été d’excellents accords, mais dont la mise en œuvre piétine à cause de la mauvaise volonté du gouvernement de Bamako et peut-être aussi des groupes du Nord qui ont leur propre agenda. Et je ne crois pas, pour ma part, à une réponse purement sécuritaire. Cette réponse sécuritaire est nécessaire, mais le problème de fond c’est la désespérance des populations du Nord. Qu’elles soient touarègues, Arabes bérabiches ou un peu plus au sud les Peuls, aussi, qui se sentent marginalisés. Donc si les gouvernements en question comptent résoudre ces problèmes par la force, ils n’y arriveront pas.

Vous semblez dire que dans la mauvaise application des accords d’Alger, le gouvernement de Bamako a plus de responsabilités que les groupes armés du Nord. Pourquoi ?

J’ai toujours eu le sentiment, et ça ce n’est pas nouveau, c’était vrai du temps, déjà, du président précédent, ATT (Amadou Toumani Touré), une certaine réticence à vouloir agir en direction de ces populations du Nord.

Alors justement, au Sahel, depuis un an et demi les groupes terroristes se sont mis sous la bannière du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans - le GSIM -, et sous la bannière de Iyad Ag Ghali. C’est le signe d’un renforcement ou d’un affaiblissement ?

Iyad Ag Ghali est une personnalité qui a un certain prestige dans cette région, dont on peut tout à fait regretter qu’il soit devenu un chef terroriste. Et qui, je le pense, vous me permettrez de ne pas être trop spécifique, bénéficie de toute évidence de certaines protections.

Et certains soupçonnent Bamako de pratiquer un double jeu avec Iyad Ag Ghali. C’est-à-dire de le combattre le jour et de parler avec lui la nuit.

Je n’irais pas jusqu’à dire cela et je n’ai pas d’éléments qui me permettraient d’aller dans ce sens. Mais, encore une fois, Iyad Ag Ghali bénéficie de certaines protections. C’est vrai.

On n’entend plus parler de Mokhtar Belmokhtar depuis deux ans. Qu’est-il devenu ?

Je pense qu’on n’en entend plus parler sans doute pour de bonnes raisons. Mais voilà, je n’en dirai pas davantage.

C’est-à-dire qu’il n’est plus de ce monde ?

Dieu seul le sait.

Quand vous dites que Iyad Ag Ghali est sous protection, vous pensez notamment à l’Algérie ?

Je ne veux pas être plus spécifique. Mais je pense qu’il bénéficie, en effet, de l’indulgence de certaines parties, mais je ne les nommerai pas.

Y a-t-il un délitement de l’Etat algérien qui profite aux trafiquants et aux terroristes ?

Je n’emploierais pas le terme de « délitement » et les trafics se passent plutôt aux frontières sud de l’Algérie.

En tout cas, il y a un problème dans le Sud algérien.

Il y a un problème en tout cas dans les territoires au sud de ce pays.

Le 20 septembre dans Le Figaro vous avez dit : « Le président Bouteflika, avec tout le respect que j’éprouve pour lui, est maintenu en vie artificiellement et rien ne changera dans cette période de transition ».

Je crois que j’ai été assez clair là-dessus. Je ne veux pas y revenir.
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