A Tombouctou, la noyade d’une fillette de dix ans, mardi 2 octobre, dans « le canal de Kadhafi », a créé l’émoi. Creusé en 2006 avec l’aide de l’ex-guide libyen, le Cour d’eau a fait au moins douze victimes. « Un danger pour la vie humaine », selon les riverains.
Le canal se trouve près d’un check-point de l’armée. Il porte le nom du Guide de la révolution libyenne qui l’a entièrement financé en 2006. Le site attire des centaines d’écoliers par jour pendant la période de la crue. A l’instar de la petite Sagdiya Walett Hamid, dix ans, morte mardi, alors qu’elle se baignait avec deux de ses camarades.
Le choc est terrible pour Ousmane Ag Mohamed Elher, son cousin: « Elle est morte toute petite. » Il ajoute sur le même ton : « Une de ses amies est venue m’en informer. Aussitôt, je suis allé chercher des secours. C’est une heure après que son corps a été repêché avant l’arrivée de la protection civile. »
Pendant cette période de chaleur, relative dans la Cité des 333 Saints, le ‘’canal de Kadhafi’’ est fortement sollicité par des jeunes. Depuis son creusement, plus de douze personnes et des animaux y ont trouvé la mort. Selon le lieutenant Sidiki Sangaré, agent de la protection civile, «il constitue un danger pour la vie humaine.» «Les élèves en font un lieu de distraction sans aucune précaution», déplore M. Sangaré.
«Ce cours d’eau ne sert pas à grande chose. Ces berges doivent être sécurisées et interdites à la population».
Au départ, le Guide libyen a fait creuser le canal pour permettre l’arrivée des bateaux et pinasses en plein Centreville de Tombouctou. L’objectif était de «booster l’économe.» Mais le cours d’eau n’a jamais servi à la navigation. «Il a été abandonné sans aucun entretien par les autorités. De nos jours, il constitue un danger pour nous, dénonce un riverain.
La mort de la petite Sagdiya a affecté la ville. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer la présence de cette infrastructure aux bornes glissantes. « Ce cours d’eau ne sert pas à grande chose. Ces berges doivent être sécurisées et interdites à la population », se plaint un autre habitant.
Manque de financement
A l’inverse, le président de l’autorité intérimaire de Tombouctou, Boubacar Ould Hamadi, estime que «les gens peuvent aménager des espaces maraîchers aux abords pour en tirer profit». Même son de cloche chez le député de ladite localité, Maïga Aziza Mint Khattra. « Le canal sert toujours la population. Certaines personnes y abreuvent leurs animaux. D’autres font du jardinage. C’est à cause d’un manque de financement que les berges n’ont pas été aménagées », précise Aziza Mint Khattra.
Le canal a été financé à plus de huit milliards FCFA. A l’époque, un quartier entier a été délocalisé pour céder la place à « l’espoir de la ville ».