SociétéGreve illimitée des magistrats : Le SAM et le SYLIMA réaffirment que ni les retenues sur les salaires ni les pressions et intimidations n’influenceront les magistrats
Publié le mercredi 10 octobre 2018 | Le Républicain
Depuis le 25 juillet 2018, les deux syndicats de la magistrature au Mali (le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA)) sont en grève illimitée sur toute l’étendue du territoire national pour la sécurité physique et économique. Malgré les désagréments que cause cette grève, les magistrats ne décolèrent toujours pas. D’ailleurs, dans un Communiqué de presse conjoint SAM-SYLIMA en date du mardi 09 octobre 2018, les deux syndicats réaffirment que ni les retenues sur les salaires ni les pressions et intimidations conduites avec acharnement et rodomontade n'influenceront les magistrats et leurs représentants. Au contraire, elles les galvanisent davantage, précisent les magistrats.
«Le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA) prennent acte de l'avis favorable émis par le Président de la Cour Suprême du Mali sur demande de Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement relativement à une prétendue Illégalité de la grève des magistrats. Les syndicats de magistrats déplorent cette inféodation du premier responsable de la plus haute juridiction de la République au pouvoir politique. Tout juge, a fortiori le Président de la Cour Suprême, a l'obligation de respecter et de faire respecter son Indépendance, (articles 3 et 5 du Code de déontologie annexé à Io Loi N°02-054 du 16 décembre 2002 portant Statut de la Magistrature), cela proscrit toute pusillanimité», c’est en substance ce qui ressort du communiqué de presse conjoint SAM-SYLIMA en date du 09 octobre 2018.
Ce communiqué signé par Aliou Badra Nanacassé du SAM et Hady Macky Sall du SYLIMA précise que cette soumission du président de la cour suprême est inadmissible car, elle est consécutive à une demande, du Premier Ministre à solliciter de la Cour Suprême un avis. Aux dires des grévistes, cette demande d’avis du premier ministre est illégale au regard des articles 123 et 125 de la Loi N*2016-046 du 23 septembre 2016 portant Loi organique fixant l'organisation, les règles de fonctionnement de la Cour Suprême et la procédure suivie devant elle.
Par ailleurs, les syndicalistes ont souligné que cet avis constitue une violation grave et intolérable par le Président de la Cour Suprême du serment qu'il a prêté, conformément aux dispositions de l'article 22 de la Loi susvisée, non seulement de se conduire en digne et loyal magistrat mais aussi et surtout de ne donner aucune consultation à titre privé sur les questions relevant de la compétence de la Cour Suprême. « Ceci est d'autant plus évident que les syndicats de magistrats sont fondés à ce jour d'attaquer l'Etat du Mali devant la Cour Suprême pour l'obliger à honorer des engagements auxquels il a librement souscrit à travers les membres de son gouvernement », indiquent les grévistes.
Les grévistes invitent le Gouvernement malien à ne pas exposer le pays à une situation scabreuse
S'agissant de l'usage qui pourrait être fait de cet avis biaisé, le SAM et le SYLIMA invitent le Gouvernement de la République du Mali à un sérieux questionnement avant d'exposer le pays à une autre situation scabreuse. Dans ce communiqué conjoint, les syndicats de magistrats affirment qu’ils sont prêts pour combattre l'illégalité, sous quelque forme que ce soit, devant les instances juridictionnelles nationales et internationales. En outre, ils préviennent les membres du Gouvernement de la République qu'ils supporteront immanquablement toute condamnation pécuniaire de l’Etat de leur fait par le biais de l'action récursoire qui les frappera sans aucun doute sous le regard attentif et exigeant du SAM et du SYLIMA. Le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA) rassurent les magistrats qu'ils disposent aujourd'hui de tous les moyens juridiques et stratégiques appropriés pour faire échec à ce « complot savamment ourdi par le Premier Ministre, ses sbires et autres flagorneurs » pour caporaliser la magistrature au grand dam de la démocratie chèrement conquise par le vaillant peuple malien.
« Le SAM et le SYLIMA réaffirment que ni les retenues sauvages et manifestement illégales sur les salaires ni les pressions et intimidations conduites avec acharnement et rodomontade n'influenceront les magistrats et leurs représentants. Au contraire, elles les galvanisent davantage puisqu'elles convainquent de l'Inimitié et du mépris de ceux qui les exercent contre la magistrature dans son combat légitime pour, d'une part, la sécurisation des personnels et des espaces judiciaires et, d'autre part, l'amélioration des conditions de vie du Magistrat dans le concert des acteurs constitutionnels détenteurs de pouvoir pour le fonctionnement de la République (article 81 de la Constitution du Mali de 1992) », révèle le communiqué de presse. Le SAM et le SYLIMA ont exprimé leur sincère gratitude aux Syndicats frères du Burkina Faso pour l'amitié, la fraternité et le soutien exprimés dans leur communiqué de soutien datant du 07 octobre 2018.
« Preuve, si besoin en était, que l'idéal de justice dépasse les frontières et que la communauté de destin engage les magistrats du monde entier à l'unité et à la solidarité face aux multiples défis auxquels l'acte de juger expose son homme. Les syndicats de magistrats du Mali saluent les efforts inestimables des nombreux médiateurs, aussi bien des congrégations religieuses et de la société civile que des différentes composantes de la classe politique, et les assurent de la disponibilité de la magistrature à l'écoute et à la négociation, conformément aux valeurs sociétales propres à notre pays. Le SAM et le SYLIMA expriment leur fierté et leurs sentiments militants à leurs preux camarades et les engagent à plus de cohésion et de vigilance », conclu le communiqué de presse des grévistes.