En réaction à la volonté affichée du Premier ministre de réquisitionner des magistrats en grève depuis près de trois mois, le secrétaire général du Syndicat libre de la magistrature (Sylima), Hady Macky Sall s’est exprimé en ces termes: Soumeylou Boubèye Maïga, membre du pouvoir exécutif ne peut pas réquisitionner les personnes d’un autre pouvoir. “ Nous pensons que c’est du bluff. Mais, ce n’est pas avec les syndicalistes de la magistrature qu’il faut se comporter ainsi“, précise Hady Macky Sall.
Les deux syndicats de la magistrature notamment, le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la magistrature sont déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’à la satisfaction de la plateforme revendicative. Malgré la volonté unilatérale du chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga à reprendre le service, les magistrats ne bougent pas d’un iota. Mieux, ils qualifient la volonté du PM d’intimidation. ” Nous pensons que c’est du bluff. Mais, ce n’est pas avec les syndicalistes de la magistrature qu’il faut se comporter ainsi”, précise Hady Macky Sall.
Le secrétaire général du Syndicat libre de la magistrature dira que la question de réquisition du PM s’appuie sur la loi de 1987.”Or, dans la hiérarchie, c’est la constitution qui prime. Notre dernière constitution date de 1992. Dans cette constitution, il y’a nettement la séparation de pouvoirs dans un Etat de droit. Il s’agit bien attendu des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif. A partir de la constitution de 1992, Soumeylou Boubèye Maïga, membre du pouvoir exécutif ne peut pas réquisitionner les personnes d’un autre pouvoir. Les magistrats et les députés lui échappent. Ils font partie d’autres”, explique-t-il.
Malgré, souligne le magistrat, le PM voulait le faire mais peut-être, il a été dissuadé par notre prise de position. “Même s’il veut, il ne peut pas. Le premier blocage de sa volonté est la loi sur la réquisition des personnes et des biens, indique clairement la possibilité dans deux situations. Si l’Etat est en guerre contre un autre pays. Dans le cadre de l’organisation de la défense nationale, l’Etat peut être amené à réquisitionner les personnes, selon l’article premier de ladite loi. La deuxième possibilité est lorsque le pays est dans une situation d’exception. Toutes les institutions fonctionnent normalement. Le principe ne s’accorde pas avec les circonstances…”
“Sinon, nous étions prêts pour les recours. La suspension et l’annulation du décret. Pour nous, ce que le PM a fait, c’est du bluff. Nous sommes les spécialistes du droit. Nous n’allons pas accepter l’intimidation. Ce que nous demandons est possible. Toutes les couches socioprofessionnelles doivent bénéficier de la croissance du pays”, déclare-t-il. Les campagnes d’intoxication en cours ne marchent pas disant qu’un juge malien touche 700 mille F CFA, ajoute-t-il. “Ce n’est pas vrai. Le juge débutant touche 100 milles F CFA pendant quatre ans. C’est les magistrats de grades exceptionnels qui touchent 800 milles à la Cour suprême. Mais au Sénégal, le juge débutant est mieux payé qu’un magistrat de grade exceptionnel. Même la saisine de la Cour suprême par le Premier ministre, à l’effet de savoir si la grève des magistrats est légale ou pas, est illégale, et le Premier ministre n’a aucune qualité pour saisir la cour suprême en la matière. Il en ressort que tous les actes subséquents à cette saisine sont donc nuls et de nul effet, notamment une éventuelle décision de réquisition des magistrats… “.
Par conséquent, le comité directeur du syndicat autonome de la magistrature SAM et le bureau exécutif du syndicat libre de la magistrature, Sylima, appellent tous les chefs de juridictions et de parquets, tous les juges de paix de la république du Mali et l’ ensemble de leurs militants, à ne donner aucune suite à une éventuelle décision de réquisition des magistrats par le gouvernement et à ne poser aucun acte qui puisse mettre en cause le mot d’ordre. Les syndicats assumeront toute la responsabilité.
Les syndicats rassurent les militants de leur engagement et de leur détermination à faire aboutir les doléances. Les syndicats appellent une fois de plus les militants au respect strict du mot d’ordre de grève, à la solidarité et à l’union sacrée autour de la magistrature.