Depuis 2017 le Mali connait des épisodes de grève de très longue durée dans la justice, la santé, et tous les ordres d'enseignement, notamment. Les ministres ont semble-t-il répondu en ordre dispersé, de sorte que fin 2018 l'Etat est incapable de tenir les promesses faites aux syndicalistes. Dans ce qui suit, on aborde quelques aspects totalement absent des discussions, et pourtant essentiels.
Les mouvements sociaux qui agitent le Mali depuis 2017 imposent d'examiner les rémunérations des agents de l'Etat au Mali en prenant un peu de recul. L'extrême faiblesse des gouvernements qui se sont succédé depuis le début 2007 les a amenés à accepter des revendications considérables (tel l'octroi de statuts dérogatoires alors que la Constitution énumère limitativement les corps à statut) et d'importantes révisions des grilles indiciaires. Ces décisions concourrent-elles à une plus grand justice ? à la lutte contre la pauvreté ?
Deux points seront abordés ci-dessous : i) quelle est la validité de la comparaison entre les salaires maliens et ceux des pays voisins ? ii) que sait-on de l'évolution des salaires de certaines catégories d'agents de l'Etat au Mali ?
La comparaison avec les pays voisins
Chacun sait qu'il convient de comparer ce qui est comparable. Comparer les salaires maliens aux salaires des pays voisins, c'est supposer que l'économie malienne est comparable à l'économie des pays voisins. Qu'en est-il ?
Le meilleur étalon disponible pour une comparaison des niveaux de vie entre pays est le produit national brut par tête en parité de pouvoir d'achat. Cette variable est exprimée en dollar international, une unité monétaire commune étant nécessaire à la comparaison entre pays. La base de données de la Banque Mondiale fournit ce chiffre sur longue période, et nous avons choisi d'en donner une représentation graphique pour les vingt cinq dernières années et pour onze pays d'Afrique de l'Ouest (graphique 1).