Après les communales, dont l’issue a permis aux femmes politiques d’être sur l’estrade politique au niveau de certaines instances électives, au sein des collectivités, la loi 052-2015 sur la promotion des femmes est désormais devenue un outil prometteur pour les femmes politiques qui aspirent d’être à l’hémicycle, via les élections législatives 2018. Cette loi, faut-il le rappeler, exige que chaque liste constituée pour les élections législatives ou communales comporte au moins 30 % de femmes au risque d’être frappée d’invalidation.
Voilà une aubaine pour les femmes, qui sont sous-représentées dans les instances de prise de décision du pays, notamment à l’Assemblée nationale. En effet, seulement 9,52 % des élues parlementaires sont des femmes, soit un nombre total de 14 sur 147 députés. Cette donne doit changer avec les législatives de 2018, car l’application effective de la loi semble avoir un écho favorable au niveau de différents états-majors politiques au niveau des directoires de tous les partis politiques du Mali.
En commune V, sur la liste Ensemble pour le Mali (EPM) on retrouve Mme KATILE Adiaratou SENE et d’autres listes. Partout dans le pays, sur les différentes listes constituées, ce quota de 30 % des femmes, que rien ne sera plus comme avant. C’est pourquoi, les femmes politiques de la majorité et de l’opposition remercient le président IBK pour cette loi qui permet aux femmes d’êtres au niveau des plus grandes instances de prise de décision.
Selon Mme Koné Kadidia Touré, secrétaire exécutive de l’Union des femmes du bureau national du RPM, cette loi sera une opportunité dans certaines localités du Mali où la tâche est très difficile pour les femmes, à causent des réalités socioculturelles.
« Les femmes du Mali doivent se taper la poitrine pour l’adoption de cette loi qui est une première dans notre pays. Que le président de la République en soit vivement remercié. Nous sommes fières, nous les femmes du RPM, de notre président, pour sa volonté réaffirmée dans la promotion de la femme malienne », a-t-elle dit, avant de révéler que le président IBK avait toujours refusé des listes nominatives ou électives qui ne contenaient pas de femmes.
Elle a en effet, rassuré que bon usage est en train d’être fait de cette loi, car au sein du RPM, dit-elle, une campagne de sensibilisation est menée à toute occasion pour donner l’information à toutes les femmes du parti, même dans les zones les plus reculées.
« Elles ont été informées et formées sur les enjeux et les avantages de cette loi. Nous sommes en train aussi de veiller au respect de cette loi. Nous n’allons pas nous battre contre qui que ce soit. Mais nous allons nous faire entendre, car la loi, c’est la loi et force doit rester à la loi. Il faut reconnaître aussi que sans nous, il n’y a pas d’élection », a-t-elle martelé.
Mme Koné de rassurer que la sensibilisation est cheval de bataille, des responsables d’associations et d’organisations féminines dans les coins les plus reculés du Mali, pour faire comprendre qu’être femme n’est nullement un handicap pour devenir maire ou député.
« À Bamako ou dans les capitales régionales, ça va un peu. Mais au-delà de ces grandes circonscriptions, les femmes ont tout un tas de problèmes pour se faire élire comme maire. On va faire comprendre aux gens qu’une femme peut être maire et respecter les réalités de sa communauté », a-t-elle dit.
Quant à Oumou Diakité, une militante de l’URD (Union pour la République et la démocratie) à Kita, elle affirme que cette loi va encourager d’autres femmes comme elle à s’intéresser à la politique.
« On m’a expliqué qu’avec cette loi, les hommes du parti ne peuvent plus nous marginaliser. Vraiment, IBK merci pour cette loi qui est salutaire et pour les femmes de la majorité et celles de l’opposition », a-t-elle dit.
Malgré tout, cette loi ne suffit pas aux femmes pour être représentées valablement aux instances de décision. Car, malgré les efforts, il y a encore des listes sur lesquelles ne figure aucune femme, par exemple dans les circonscriptions à un ou deux députés.
Pour le moment, à notre connaissance, aucune liste dans le cercle de Bougouni (deux députés), ne comporte de femme.
C’est pourquoi Mme DOUMBIA Fatoumata KONTE, ancien maire de la commune I de Bamako, a certes félicité le président IBK pour ladite loi, avant de déplorer que le quota pouvait aller jusqu’à 50 % (parité).
« Ce quota de 30 % était crucial, sinon, l’idéal, c’était 50 %. Il y a eu au moins quelques tentatives pour avoir cela. Malheureusement, ça n’a pas marché partout. Par la grâce de Dieu et avec l’engagement des autorités actuelles, on a pu avoir ce quota. Je pense que l’important pour toutes les leaders féminines, c’est de s’impliquer pour que cela soit une réalité au sein de chaque parti politique », a-t-elle dit, lors d’une interview qu’elle nous a accordée sur le sujet. Par la même occasion, Mme Konté trouve que seule cette loi ne suffit pas pour aider les femmes politiques. Et pour cause, insiste-t-elle, il faut les aider financièrement pour qu’elles aient une position favorable sur la scène politique. « Ce qui est intéressant avec les femmes, c’est que quand elles sont dans les partis, leur engagement ne fait pas défaut, mais elles sont souvent bloquées par des problèmes de supports de campagne, donc des problèmes financiers. Or, il faut quand même un minimum de capacité financière et l’accompagnement des organes exécutifs au niveau des partis politiques. Quand le parti est convaincu qu’une femme au niveau de la commune peut apporter un plus, moi je pense que la direction nationale doit tout mettre en œuvre pour l’aider », a-t-elle conseillé. Elle a, par ailleurs, encouragé les femmes à se mobiliser pour qu’elles puissent participer massivement aux différentes élections, parce que l’opportunité est là et ‘’la balle est dans le camp des partis politiques et des organisations de femmes’’, a-t-elle dit.
Signalons que grâce à cette loi, et à la faveur des municipales de 2016, le pays enregistre un total de plus de 20 maires et 200 conseillères.