De janvier à ce jour, ce sont plus de 1500 de nos compatriotes en détresse en Libye qui ont été rapatriés, à travers des vols charters. À ce chiffre s’ajoutent des milliers d’autres compatriotes qui ont été rapatriés d’autres pays de la sous-région et de l’Europe. Le retour quotidien des migrants dans des conditions très difficiles n’est que la face visible du drame de la migration irrégulière. Un phénomène qui prend de l’ampleur malgré les milliers de pertes en vie humaine dans le Sahara et dans la Méditerranée chaque année et les traitements inhumains que les migrants subissent dans certains pays d’accueil.
Pour bien cerner cette pratique qui persiste malgré les conséquences drastiques, il est nécessaire de faire un zoom sur les causes qui poussent les jeunes à explorer cette voie incertaine.
Le Mali a toujours été un pays de forte tradition migratoire. Si jadis certaines ethnies étaient connues à travers la migration, aujourd’hui aucune communauté malienne ne fait exception. Au-delà de son caractère traditionnel, les jeunes voient en la migration comme une voie pour accéder à une vie meilleure. La recherche de ce mieux-être se transforme le plus souvent en drame.
Au Mali le motif déterminant de la migration est l’extrême pauvreté. Le baromètre des constats des causes de l’immigration irrégulière de l’ONG ‘’Transparency International’’, justifie cela du fait que les pays africains sont mal gouvernés par leurs dirigeants respectifs. Ce qui, précise Transparency International, explique ces fuites massives des bras valides ou de cerveaux en Europe tout en abandonnant purement et simplement le continent.
Le choix de la migration clandestine n’est pas sans conséquence néfaste. En 2014 par exemple, des chiffres publiés par le ministère des Maliens de l’Extérieur indiquaient que 225 migrants maliens croupissaient dans les geôles libyennes, alors que de nombreux autres étaient privés de leur liberté en Angola, en Guinée équatoriale, au Gabon…
La problématique de la migration irrégulière est aujourd’hui un casse-tête dans presque tous les pays africains. Plusieurs migrants africains meurent chaque année en tentant de traverser la méditerranée afin de rejoindre l’Europe qui est vue comme un eldorado. Ainsi, pour arrêter l’hécatombe, les autorités maliennes, en collaboration avec les partenaires, ne ménagent aucun effort pour que le Mali soit un pays d’espoir qui donne satisfaction aux jeunes candidats à la migration irrégulière.
Pour faire face à la migration clandestine, le gouvernement a adopté, en 2014, la Politique nationale de migration (PONAM), qui nécessite la mobilisation de 120 milliards de F CFA. Cette politique s’articule autour de la gestion des migrations dans le cadre des normes internationales et de la volonté de mettre en lien la migration et le développement.
La PONAM a pour objectif de protéger et sécuriser les migrants ; d’organiser et faciliter la migration légale ; favoriser une meilleure réinsertion des migrants de retour ; valoriser les capacités des diasporas au développement national ; renforcer les capacités des organisations de migrants et de la société civile ; renforcer le partenariat stratégique et la coopération sur les questions de migration ; améliorer la connaissance sur les migrations ; réadapter les conditions d’entrée, de séjour et d’établissement au Mali.
Avec la mise en œuvre des projets de la PONAN, l’État du Mali, avec l’appui des partenaires, s’emploie à favoriser la création de projets d’équipement agricole, de véhicule de transport, de jardin maraîcher, d’embouche ovine
et d’autres activités génératrices de revenus. Aussi, des actions de sensibilisation sont menées dans les zones à forte migration. L’objectif des dirigeants est d’amener les jeunes à comprendre que le Mali est un eldorado. Cependant, il ne suffit pas de sensibiliser les jeunes à rester sur place tant que des projets ne sont pas mis en œuvre pour les maintenir sur place. Beaucoup reste à faire dans ce sens.
Le côté positif de la pratique de la migration ne doit pas faire oublier tout le drame humain qui se cache derrière. Selon les données disponibles, ces dernières années, le montant des transferts d’argent des émigrés maliens est estimé à plus de 400 milliards de FCFA par an. Les enjeux de l’émigration sont énormes pour le pays et dans les zones rurales des régions comme Kayes, une grande partie des infrastructures sociales de base (centres de santé, adduction d’eau, écoles…) est réalisée par des émigrés.
Face à l’apport de la migration à l’économie du pays, les autorités n’interdissent pas la pratique de la migration. Des efforts sont plutôt faits pour que les candidats à la migration usent les voies légales. Le chemin reste encore long pour que cela soit une réalité.