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Accord de Ouagadougou sur Kidal : – «Plus rien ne sera jamais comme avant» affirme Tiébilé Dramé – La fermeté de Bamako a payé
Publié le jeudi 20 juin 2013  |  Le 22 Septembre


© AFP par AHMED OUOBA
Crise Malienne : Ouverture des négociations entre Bamako et groupes touareg
Samedi 08 juin 2013. Ouagadougou. Les négociations entre le pouvoir malien et les rebelles touareg qui occupent Kidal, dans le nord-est du pays, se sont ouvertes sous l’égide de la médiation burkinabè. Photo:M Tiébélé DRAME, Conseiller Spécial du Président malien, en charge d’engager des contacts avec les groupes armés du Nord-Mali


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«Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali», tel est l’intitulé officiel du texte qui a été signé dans l’après-midi du mardi 18 juin 2013 à la Présidence du Faso, en deux vagues. A lire le document et au vu du déroulement des négociations, d’aucuns diront peut-être que le verre est à moitié vide et d’autres qu’il est à moitié plein. Une chose demeure, et elle est d’importance: la fermeté sur leurs principes de l’émissaire du Président Dioncounda Traoré et de nos autorités, qui se sont montrés intraitables sur des points importants, a payé. Même si certains l’ont qualifié d’intransigeance… Une qualité dont nos négociateurs ne devront plus se départir dans l’avenir.

Si dimanche dernier, conciliabules de couloirs et rencontres à huis clos se sont succédé dans divers lieux de la capitale burkinabè, c’était certainement pour aboutir à un accord convenable pour tous les acteurs de sa rédaction. On s’est vu, on s’est concerté, on s’est revu en têtes à têtes Médiation – Délégations, pour se coucher tardivement après avoir bien avancé.
Comme l’affirmera Tiébilé Dramé, pas de suspension des mandats d’arrêt international émis contre les leaders des groupes armés, ce qui serait d’ailleurs contraire au principe de séparation des pouvoirs dans une démocratie et aucune restriction au redéploiement immédiat de l’armée et de l’administration générale malienne à Kidal, dès la signature de l’accord, étaient les points encore défendus par notre gouvernement dans la version amendée du texte dimanche soir à la médiation.

Le lundi 17 au matin, coup de tonnerre dans tous les hôtels: le Coordinateur du MAA, l’avocat Malanïne Ould Badi, membre de la communauté berrabiche, était décédé dans la nuit. Selon les membres de sa délégation, après la suspension des travaux tard dans la soirée de dimanche, il s’est senti mal et s’est fait délivrer des produits contre la «fatigue» par une pharmacie avant d’aller se coucher. Vers 4 heures du matin, suite à des douleurs à la poitrine, il a alerté ses compagnons, qui l’ont amené à l’hôpital où il est décédé vers 5 heures d’un infarctus.

Cet activiste de la communauté arabe malienne, qui résidait à Nouakchott (Mauritanie) a occupé, entre autres, les fonctions de Secrétaire général du Front islamique arabe de l’Azawad (FIAA), puis de Secrétaire général du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) sous la Transition. Dans la matinée, toutes les délégations, de même que les membres de la Commission de médiation, se sont rendus à l’hôtel où les représentants du MAA résidaient pour présenter leurs condoléances.

Dans l’après-midi du lundi, Tiébilé Dramé et sa délégation rencontraient de nouveau la presse malienne pour faire taire certaines rumeurs. «Il n’y a aucune raison que nous quittions le navire du dialogue, tout comme nous n’allons pas nous fâcher. Nous allons continuer jusqu’à obtenir un texte acceptable, et partagé par nos autorités, avant de parapher quoi que ce soit» a affirmé l’émissaire du Président malien pour répondre à ceux qui disaient que les négociations étaient «suspendues». De fait, les réunions allaient toujours bon train au Centre de conférences de Ouaga 2000, la dernière session reprenant à 17 heures.

La délégation malienne s’évertuera aussi à mieux communiquer sur le déroulement de sa mission et le contenu du document en discussion, intervenant devant les caméras de l’ORTM en français, bambara, tamasheq, arabe et sonrhaï. Objectif: assurer que le drapeau malien flotterait bientôt sur Kidal et demander à tout le peuple malien de rester mobilisé pour la restauration de la dignité de notre pays. L’explication de texte n’a pas omis de reprendre, point par point, les principes défendus par notre gouvernement pour inclusion dans le projet d’accord (lire ci-dessous), ce qui aurait dû être fait bien plus tôt, de notre point de vue, pour éviter des amalgames dangereux. De fait, de retour à notre hôtel nous recevions un SMS nous informant qu’un compromis accepté par tous avait été trouvé et qu’il serait paraphé et signé dans les jours prochains.

Mardi 18 juin au matin, le chronogramme se clarifie: la signature solennelle de l’accord se déroulera en deux temps à la Présidence du Faso à partir de 16 heures 30, après une dernière rencontre Médiation – Délégation du Mali – Commission conjointe HCUA – MNLA à l’hôtel Laïco. Sur les coups de midi, Tiébilé Dramé rencontre les leaders de la Coordination MAA – CMFPR, auxquels, après un petit speech introductif, il remet deux copies de la version finale de l’accord, qu’ils seront, s’ils estiment qu’il prend suffisamment en compte leurs préoccupations, appelés à signer.

Le Médiateur Blaise Compaoré, le Mali, représenté par le ministre Moussa Sinko Coulibaly (en l’absence de son homologue de la Défense), les membres de la Commission de Médiation et la Commission HCUA – MNLA (représentée par Bilal Ag Chérif et Alghabass Ag Intallah) apposeront tout d’abord leurs signatures sur le document au cours d’une première cérémonie.

«Plus rien ne sera jamais comme avant», avait dit Tiébilé Dramé au MAA et à la CMFPR (Coordination des Mouvements et Forces Patriotiques de Résistance) en leur remettant le texte qui leur était proposé. C’est certainement vrai et le moment fut, osons le mot, historique. Pour la première fois, un accord avec des rebelles «terroristes et indépendantistes», pour reprendre les termes du porte-parole des FPR, Me Harouna Toureh, après que le doyen Ahmed Ould Sidi Mohamed eut apposé sa signature au bas du protocole d’adhésion à l’accord, était suivi d’un protocole avec d’autres groupes armés, dit d’autodéfense qui, eux, n’ont jamais pris les armes contre le Mali et sont largement plus représentatifs de l’ensemble des populations du Nord du Mali. Nous reviendrons plus en détails sur cette dernière journée du marathon des négociations dans notre prochaine parution.
Ramata Diaouré depuis Ouagadougou


Les 9 points défendus par le Mali depuis la réunion de Niamey (mai 2013)
1. Approche inclusive de la résolution de la crise, impliquant tous les groupes armés et toutes les communautés du Nord,

2. Signature d’un Accord intérimaire pour la tenue de l’élection présidentielle afin que les nouvelles autorités négocient une paix définitive,

3. Confirmation de l’adhésion des groupes armés aux principes de la laïcité de l’État, de respect de l’intégrité du territoire et de l’unité nationale,

4. Affirmation solennelle que Kidal est au Mali et que la souveraineté de l’État malien y sera exercée avec le concours de tous,

5. Retour de l’administration et des autres démembrements de l’État à Kidal dans les meilleurs délais,

6. Accord des groupes armés au retour de l’armée dans Kidal. Ils y apporteront leur contribution effective. Ce retour se fera en relation avec la médiation de la CEDEAO et l’accompagnement des forces internationales.

7. Désarmement des groupes armés, exigé par la CEDEAO, l’Union Africaine et le Conseil de Sécurité des Nations Unies, accepté par tous. La 1ère étape de ce désarmement sera le cantonnement des éléments armés desdits groupes sous contrôle et accompagnement international. Les sites de cantonnement seront définis de commun accord.

8. Forum des communautés des régions du Nord organisé dans les meilleurs délais, après la signature de l’Accord intérimaire, pour débattre de la réconciliation des communautés et du retour définitif de la paix.

9. La Commission Dialogue et Réconciliation sera chargée de l’organisation du Forum des communautés du Nord, en relation avec les parties signataires de l’Accord intérimaire.

Document de travail transmis à la Médiation et aux autorités françaises le 27 mai 2013

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