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Découpage territorial ou partition programmée du Mali : Complot contre la République !
Publié le lundi 15 octobre 2018  |  L’aube
Cérémonie
© aBamako.com par Momo
Cérémonie de lancement des travaux du projet PADUB
Bamako, le 15 décembre 2015 la L’AFP en partenariat avec la mairie de la commune V a lancé les travaux du projet PADUB a la mairie de Badalabougou.
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Le nouveau projet de découpage territorial provoque actuellement de vives contestations partout au Mali. Ce scandaleux projet, qui jette les bases de la partition du pays prévoit notamment de doubler le nombre de régions administratives de dix à Vingt régions… Mais, pour de nombreux Maliens, le nouveau découpage projeté s’inscrit en droite ligne d’un vaste complot contre le Mali, et dont l’exécution est confiée à de hauts responsables du pays. Alors, des voix s’élèvent à l’intérieur et à l’extérieur du pays, pour sauver la République et mettre en échec le complot orchestré.

A peine annoncé, le projet de nouveau découpage administratif connait une vive polémique. Ainsi, plusieurs organisations et associations rejettent ou jugent insuffisante la proposition faite par l’équipe technique du ministère de l’Administration territorial et de la Primature.



Ce nouveau découpage administratif prévoit la création de dix autres régions : Bougouni, Dioïla, Nioro, Koutiala, Kita, Nara, Bandiagara, San, Douentza, Gourma. Les vingt Régions et le District sont érigés en collectivités territoriales de région et de District. Les régions portent les noms de leurs chefs-lieux, les cercles composants les régions sont érigés en collectivités territoriales de cercles et portent chacune le nom de son chef-lieu.

Quant à Bamako, la capitale, il est prévu qu’elle soit divisée en dix communes urbaines. Le district de Bamako ayant toujours joui d’un statut particulier. Mais, le découpage divise déjà les populations concernées. D’ores et déjà, cette ébauche de réforme fait grincer des dents. Des ressortissants des localités du Sud évoquent un découpage « favorisant les populations nomades et défavorisant les sédentaires ». Et les habitants du Nord dénoncent également le document. Aussi, plusieurs associations, à travers des communiqués, rejettent le dit projet. Elles accusent le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, d’avoir fait dans ces localités un découpage sur mesure, favorisant le séparatisme et d’autres s’interrogent sur les critères de désignation. C’est le cas de la population de Goudam. En effet, la population de Goundam s’étonne que malgré son histoire et sa géographique, leur ville ne soit pas érigée en région. Conséquence : « Tous les ressortissants de Goundam étaient invités à une AG, le samedi dernier, pour soutenir la création de la région de Goundam ».

De son coté, IR Ganda, l’Association des communautés Songhaïs en mouvement, rejette à l’état le projet. « Après avoir pris connaissance du projet de loi dont les insuffisances sont notoires, avec le caractère discriminatoire du contenu du texte qui ne prend pas en compte les réalités sociales et économiques des sociétés dont elle est soucieuse de la défense de ses intérêts Irganda se désolidarise en état actuel de sa présentation. Elle demande une relecture du texte en vue de la prise en charge de l’ensemble des préoccupations des populations et invite les autorités à prendre en compte un nouveau découpage territorial plus juste et équitable ». Autre association à exprimer son refus du projet, l’association Songhaï Ganda Borey qui regroupe les associations et regroupements de communautés sédentaire et nomades de l’intérieur et de l’extérieur du Mali. Elle accuse, dans un communique, les initiateurs du projet de semer « la discorde, le désarroi et surtout les germes d’une implosion sociétale dont les conséquences seront préjudiciables pour une réconciliation sincère pour une paix sociale durable et pour le vivre ensemble ».

Rejet des mouvements armés

Du côté des mouvements armés, même son de cloche dans le refus du projet de découpage, alors que le gouvernement justifie, en grande partie, ce découpage par l’application de l‘Accord de paix. Pour le congrès pour la justice de l’Azawad (CJA), « le découpage administratif était un des points essentiels de l’Accord qui impose au préalable des consultations avec les populations et tous les mouvements politico-militaires ». Idem pour le Front populaire de l’Azawad (FPA) qui fait part de sa surprise dans le fait que le projet n’est basé sur aucune logique.

Pour la tribu Imididaghane de Tombouctou, « la réforme doit être participative, inclusive, juste et objective ». Quant au Conseil supérieur des touaregs de la tribu des Imrad, il marque son opposition au texte. Réagissant à la polémique, le cadre de concertation de Kel Ansar considère le projet de loi de découpage territoriale comme une source de conflit en raison du non-respect d’un principe fondamental, la consultation des populations sur toute forme organisation les concernant. En conséquence, il considère le projet comme « attentatoire aux libertés fondamentales des populations concernées ».

Quant au Conseil supérieur des Imghads et alliés, il appelle à de plus large concertation de toutes les composantes de la population et des mouvements impliqués dans le processus d’Alger. Le CSIA rejette toute création de collectivités territoriales non issue d’un consensus totalement inclusif conformément aux dispositions de l’accord d’Alger.

Un projet inéquitable

Pour le Collectif des régions non opérationnelles (CRNOP), le projet de loi ne prend pas en compte les spécificités des localités concernées. “La proposition faite par l’équipe technique du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ne prend pas en compte, dans plusieurs localité, les réalités politiques, économiques, socioculturelles et sécuritaires. Elle est en déphasage avec l’esprit de la loi 2012-017 qui est de rapprocher l’administration aux administrés”, indique les responsables du Collectif. En outre, le CRNOP souhaite que ses propositions faites sur le découpage administratif des nouvelles régions, doivent servir de document de référence à l’équipe technique dans l’élaboration dudit projet de loi. « On ne comprend pas comment la région de Koutiala, qui est la plus peuplée de toutes les nouvelles régions créées, ne compte que trois cercles », s’interroge le président du Collectif.

Les contestataires du projet avancent aussi des arguments sur l’opérationnalisation de ces nouvelles régions qui poseront de multiples problèmes. D’abord, la création administrative des circonscriptions administratives (cercles, communes et arrondissements) n’est pas suffisante pour prendre en change les enjeux électoraux. Ensuite, le potentiel humain est également un facteur déterminant dans la fonctionnalité de ces collectivités. Dans leurs récriminations, les contestataires du projet dénoncent, par ailleurs, le manque d’ouverture et d’inclusivité du processus d’élaboration de cette loi et pointent son caractère non équitable. En effet, en cas d’application du nouveau découpage, la région de Koutiala, avec 1,5 millions d’habitants aura 3 cercles donc 3 députés alors que la région de Kidal avec ses 200 000 habitants aura 8 cercles donc 8 députés. Ce qui fait dire à certains que c’est un découpage territorial sur mesure. Alassane Touré, par exemple, élu municipal de la commune II de Bamako. Dans une tribune intitulée « Chronique d’une désintégration annoncée et programmée », il est en colère : « Comment peut-on attribuer à trois régions désertiques du nord du Mali, 18 cercles ? Alors qu’elles ne valent pas 5% de la population. Au même moment, au Sud par exemple dans le lot découpage, 3 régions réunies qui comptent 20% de la population du Mali n’ont que 14 cercles », écrit l’élu. Et plus loin, le facteur financier est également un enjeu de taille pour rendre opérationnelles ces collectivités. S’agissant du facteur financier, il concerne la représentation des services déconcentrés de l’Etat auprès de ces collectivités. Il s’agit à ce niveau des équipements (bureaux et véhicules de service), mais également la prise en charge des agents dans ces localités (prise en charge en termes de salaire). On voit donc que ce nouveau projet de redécoupage territorial fait face à beaucoup d’obstacles juridiques et politiques à sa matérialisation et exacerbe les antagonismes et surtout le projet fait face à un véritable rejet général dans sa forme actuelle.

Mémé Sanogo

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