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Mali : dans le centre du pays, les enseignants ont la peur au ventre [reportage]
Publié le lundi 15 octobre 2018  |  RFI
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© Autre presse par DR
le Premier ministre
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Le Premier ministre malien s'est rendu dans le centre du pays, cette fin de semaine, pour y réaffirmer l'autorité de l'Etat. A bord d'un MI35 de l'armée de l'air, Soumeylou Boubeye Maïga s'est rendu dans deux localités de la région de Mopti où sévissent les jihadistes, Togoré-Coumbé et Ténenkou.





A Ténenkou comme à Togoré-Coumbé, localités situées dans le centre du Mali, il y a longtemps qu’on n’avait pas vu sur place une délégation officielle venue de Bamako. En faisant le déplacement, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a marqué un point.

A Togoré-Coumbé, par exemple, il y a peu, les jihadistes imposaient leur loi : pas de marchés, les femmes séparées des hommes sur les lieux publics et l’application de la charia… Les militaires maliens contrôlent désormais la localité. Ils sont nombreux, bien équipés, nous les avons vus. Mais la victoire est loin d’être totale. Les jihadistes sont en périphérie de Togoré-Coumbé, assiègent la ville d’où quasiment personne ne rentre et personne ne sort…

Comment les repousser définitivement en cette période hivernage alors que la zone est inondée ? Ensuite, c’est bien de reprendre le contrôle de la localité, de redéployer l’armée et un embryon de l’administration, mais il reste à remettre en état de marche le système de santé et d’éducation, par exemple.

A Ténenkou, les enseignants ont la peur au ventre

A Ténenkou, restée fermée plusieurs mois à cause de l’insécurité, l’école Tahirou Cissé aouvert à nouveau ses portes. Le jeune Ali vient de commencer les classes, mais quasiment sans matériel scolaire : les cahiers, les BIC, les livres manquent, nous explique t-il.

L’Etat malien s’est engagé à fournir des kits scolaires, alors que dans les classes les effectifs sont pléthoriques comme en témoignent les enseignants. « Dans les classes vous avez au moins plus de 150 élèves par classe ».



Le problème ici, c’est la sécurité. Le préfet de la localité, Makan Doumbia, a été enlevé il y a six mois par de présumés jihadistes à quelques dizaines de kilomètres de Tenenkou. Alors, c’est la peur au ventre qu’instituteurs et professeurs restés sur place dispensent les cours. « Nous sommes comme des soldats. Les soldats, ils ont des AK47. Nous, on n’a pas d'AK47, mais nous avons nos craies, nous avons nos BIC. Nous, au quotidien, c’est la galère. C’est la galère… »

A part les enseignants et les agents de santé, il n’y a quasiment pas d’autres fonctionnaires maliens à Ténenkou où le Premier ministre a notamment annoncé le « renforcement de l'administration » et du « dispositif sécuritaire ». On le voit, la tâche n’est pas terminée et c’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon.
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