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Bras de fer entre gouvernement et magistrats: l’indifférence des Maliens
Publié le lundi 15 octobre 2018  |  Info Matin
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse du syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA
Bamako, le 10 octobre 2018 le syndicat des magistrats du SAM-SYLIMA a tenu une Conference de presse sur leur réquisition par le gouvernement
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La grève illimitée des magistrats a permis à l’opinion nationale d’extérioriser le sentiment de frustration ou de jalousie qui anime les autres fonctionnaires de l’État du Mali. Jugés souvent « enfants gâtés » de la république en raison d’une grille salariale et des primes qui leur font la part belle, les magistrats grévistes ne semblent pas bénéficier d’une trop grande sympathie des autres fonctionnaires et même de l’opinion qui sont restés indifférents à cette cessation de travail des juges, malgré ses précédents fâcheux.

Cette grève des magistrats est le sujet qui anime les bureaux et les salons feutrés de la capitale. Apparemment, les hommes en robes se disent compter sur eux-mêmes pour avoir gain de cause auprès du gouvernement.
Pour mieux comprendre les raisons de l’indifférence de l’opinion vis-à-vis de cette grève « sauvage », nous avons interrogé quelques fonctionnaires de l’État pour vous. Seydou Diarra, enseignant à un lycée public de la place, trouve que c’est le laxisme du régime IBK qui se retourne contre lui.
« Ces magistrats ont tout eu ! Ils ont des salaires de plus 500 000 CFA et autres primes qui leur permettent de vivre dans l’opulence dans un pays aussi pauvre que le nôtre. Ces gens ne se gênent même pas de réclamer encore à l’État qui suffoque sous le poids de la crise du Nord et du centre », a-t-il déploré. M. DIARRA a, à cet effet, invité les autorités compétentes à ne plus faire marche arrière après sa décision de réquisitionner les grévistes.
« Je constate que si ça coince, le gouvernement recule. J’ai appris qu’ils ont été réquisitionnés. S’ils ne s’exécutent pas, qu’on les sanctionne conformément aux textes en vigueur ! En tout cas, les cadres juristes ne manquent pas », a-t-il calmé.
Aïssata COULIBLY, médecin de son état, trouve que les juges ne sont pas indispensables pour le quotidien des Maliens.
« C’est vrai qu’ils sont là pour mettre hors d’état de nuire les malfrats parmi nous, mais ils ne sont pas pour autant indispensables. Nous qui sommes des médecins, des enseignants, des agents comptables et autres corporations ne sont pas pourtant aussi exigeants comme eux. J’espère que cette grève sera une opportunité pour le gouvernement de régler une bonne fois pour toutes, cette préoccupation », a-t-elle dit. Selon elle, les médecins, après au moins sept ans d’études universitaires, plus qu’un magistrat, sont moins nantis que ces derniers, du point de vue grille salariale.
« Les doctorants font 7 ans d’universités, tandis que la plupart des magistrats n’ont que la maitrise. Malgré tout, ils sont traités comme des rois », s’est-elle indignée.
Oumar DIABATE, tailleur diplômé de la faculté des sciences juridiques.
« Apparemment, ces magistrats sont sûrs qu’ils peuvent avoir le dernier mot ! J’ai appris que les autorités ont envoyé toute sorte d’émissaires pour les supplier, en vain. Nous, diplômés sans-emplois, sommes là à attendre notre intégration dans la fonction publique en vain, nous sommes prêts à prendre la relève, au cas où ils ne sont plus disposés à continuer. Comme c’est le grand confort qu’ils veulent, que l’Etat fasse appel à nous qui réclamons juste l’essentiel pour gagner notre vie. Je n’aime pas trop votre ‘’Boua’’, mais je le soutiens cette fois-ci », a-t-il dit.
À ces fonctionnaires, s’ajoutent certaines personnes qui apprécient mal la manière de procéder des juges.
Adama SANGARE, un commerçant se réjouit de cette grève. Selon lui, ce sera l’occasion pour le gouvernement de débarrasser notre système judiciaire de toutes les mauvaises graines.

PAR CHRISTELLE KONE

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