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Corruption: quand la ministre se sentie morveuse…
Publié le mercredi 17 octobre 2018  |  Info Matin
Conseil
© aBamako.com par A S
Conseil de cabinet à la primature
Bamako, le 12 septembre 2018 le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, a eu une première rencontre avec les membres de son gouvernement. Photo: Safia Boly
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L’adage selon lequel, «celui qui ne sait pas supporter tous les racontars va certainement rater bien d’occasions pour faire passer son message annihilant les premières allégations», traduit à suffisance la réaction de cette toute nouvelle ministre qui, après avoir prononcé son discours d’ouverture, s’est précipitée pour quitter la salle, pour ne pas écouter la chanson bien connue du musicien Master Soumy sur la corruption « L’heure est grave».

En fait, dans le cadre du lancement de la semaine d’actions de lutte contre la corruption dans notre pays, initiée par la Coalition des organisations de la société civile pour la lutte contre la corruption et la pauvreté, Master Soumy était invité à faire une prestation, à travers son titre phare sur la corruption et la délinquance financière. Avant la fin du morceau, Mme la ministre a pris ses bagages, sans dire mot et disparaît.
En effet, dans cette chanson «L’heure est grave», Master Soumy, «Galedou» pour les intimes, qui se veut l’avocat de la rue, ne fait que dénoncer la corruption et l’enrichissement illicite de nos hauts responsables, ayant engendré la pauvreté et la misère galopante des populations.
Et pourtant, c’était une véritable aubaine pour notre jeune ministre de prendre la parole pour non seulement magnifier le courage et l’inspiration du jeune artiste, mais surtout pour expliquer ce que le gouvernement, à travers son ministère, est en train d’entreprendre pour endiguer le mal, devenu un véritable fléau national.
Peut-être que la jeune ministre a eu peur, comme dans un passé très récent (affaire de l’écharpe de la femme de Kidal, qui défrayé la chronique) de ne pas rester dans une cérémonie où l’on parle mal du président de la République et de son régime.
Il n’est un secret pour personne : de nos jours, la corruption a atteint une telle proportion que pour la combattre avec efficacité, il faut mettre un accent particulier sur l’éducation citoyenne active, afin d’amener tous les citoyens à appréhender le phénomène sous toutes ses formes et le combattre à tous les niveaux. Toutes choses qui ne peuvent aboutir sans une réelle volonté politique et l’instauration d’un contrôle systématique suivi de sanctions efficaces.
Les musiciens, notamment les rappeurs de la nouvelle génération, sont la voix des sans voix. Ils dénoncent les tares et les maux de la société pour afin que les autorités leur trouvent le plus rapidement possible des solutions. Et Dieu seul sait aujourd’hui, les phénomènes de corruption et de délinquance financière sont, à l’instar de certaines maladies, en passe de se transformer en véritable « problème de santé publique ».
A moins qu’au Mali, la lutte contre la corruption et la délinquance financière se traite dans la plus grande confidentialité et discrétion, comme la preuve nous a été donnée, la semaine dernière lors de la signature d’un cadre de collaboration formelle entre la Cour suprême, l’épicentre de la lutte et l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), son bras séculier sur la déclaration de biens des agents assujettis.
Au-delà des dispositions juridiques, c’est un arsenal technique (de véritables chambres-fortes, dotées de battants blindés, d’armoires ignifuges, de vidéosurveillance et autres équipements informatiques à la pointe de la technologie) qui sera mis en place pour réceptionner, archiver, surveiller, numériser et traiter les déclarations de biens), mais aussi des mesures de protection numérique seront prises pour garantir la confidentialité et l’intégrité des données liées aux déclarations de biens.
Alors, comment saura-t-on ce que le voisin du quartier ou le collègue de service, ou encore les présidents des institutions ont déclaré comme biens ?

Par Sékou CAMARA
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