Les premières troupes tchadiennes déployées au Mali depuis le début de l’offensive rentrent à Ndjamena. Un bataillon de 700 soldats qui a payé un lourd tribut avec 36 morts et 74 blessés. Un bataillon qui a défilé le 13 mai sur la principale place de la capitale sous les acclamations de la population.
La colonne de blindés qui est arrivée depuis quelques jours sur le territoire a passé la nuit aux portes de la capitale. Elle a fait son entrée dans la capitale, sous les youyous des populations massées le long des avenues. Malgré l’escorte assurée par la police, certains n’ont pas hésité à grimper sur les chars de combat pour saluer les soldats. Des motocyclistes se sont aussi joints au cortège avec des klaxons jusqu’à la place de la Nation où se trouvait le chef de l’Etat, entouré du gouvernement, des diplomates. Idriss Déby prend la parole pour féliciter ces hommes qui « ont porté haut le nom et l’honneur du Tchad au prix de leur vie, mais ce n’était pas pour une vaine gloire, c’est pour une cause juste. Et la Nation tchadienne leur sera éternellement reconnaissante ».
Un contingent va rester au Mali
Les autorités ont insisté justement pour dire que ce premier retrait ne veut pas dire que le Tchad est en train de se retirer du Mali. Les soldats qui sont restés sur place vont dans les jours à venir troquer leurs bérets pour des casques bleus. Cela veut dire qu’ils vont intégrer la Force des Nations unies qui va se déployer au Mali. Car il y a quelques jours encore, le Premier ministre, Joseph Djimrangar Dadnadji, qui recevait son collègue malien, a rappelé qu’il n’est pas question de laisser un vide sécuritaire au Mali parce que même si les terroristes ont été vaincus militairement, cela ne signifie pas que le mal a été éradiqué. Et les attentats de ces derniers jours rappellent qu’il y a encore du travail sur place. Ce sont 400 blindés environ, et 700 hommes plus l’armement lourd ayant servi à la campagne malienne, qui rentrent à la maison. Il reste encore plus de 1 000 hommes sur le terrain.
Retour des Tchadiens
«Ils nous reviennent les héros, gloire à nos martyrs tombés sur le champ d’honneur.» N’Djamena avait déployé les banderoles pour accueillir les premiers soldats tchadiens de retour du front malien. 700 soldats, sur les 2 000 engagés par le Tchad, ont défilé sous les applaudissements dans la capitale. Pour célébrer le retour de ce premier contingent, le président Idriss Déby a décrété la journée du 13 mai fériée. Les soldats tchadiens engagés au Mali ont notamment combattu en première ligne aux côtés de l’armée française dans le massif des Ifoghas, où étaient retranchés les groupes jihadistes. 38 soldats tchadiens ont été tués au Mali, 84 blessés, selon les chiffres du gouvernement.
Le gouvernement avait en mars attribué à ses troupes la mort, restée longtemps confuse, des jihadistes Abou Zeïd, haut responsable d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) et Mokhtar Belmokhtar, chef d’une branche dissidente d’Aqmi à qui est attribuée la prise d’otage d’In Amenas, en Algérie.
La décision d’envoyer des troupes tchadiennes au Mali a été prise par le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef Suprême des Armées, Idriss Deby Itno, en accord avec l’Assemblée Nationale. Ce rapatriement partiel des FATIM fait suite à une interpellation du Gouvernement en avril dernier par la représentation nationale qui a estimé que les FATIM ont déjà accompli leur mission et qu’il faille les rapatrier. La cérémonie de retour des FATIM a été marquée par plusieurs interventions. Le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, Tchonaï Elimi Hassan a qualifié l’envoi de cette mission militaire au Mali d’une opération de grande envergure saluée par tous les acteurs politiques du pays. Il a indiqué que les FATIM ont réalisé un grand exploit pour libérer le peuple malien des affres des narcotrafiquants et autres extrémistes. Le Secrétaire Général du MPS (Mouvement Patriotique du Salut), par ailleurs Ministre Conseiller à la présidence de la république, Adien Beyom Mallo a au nom des partis politiques de la majorité présidentielle souligné que cette intervention des FATIM a fait porté le nom du Tchad au sommet des gloires militaires de ce siècle et grâce à elles (FATIM), le nom du Tchad restera à jamais gravé dans les mémoires et sera inscrit dans l’histoire de cette époque. Le Ministre Délégué à la Présidence de la République, Chargé de la Défense Nationale et des Anciens Combattants, Benaïdo Tatola a pour sa part fait observer que le Tchad, sorti de plusieurs décennies de guerre, connaît mieux que quiconque, le prix de la paix.
Et le Chef de l’État d’affirmer que sa pensée va vers tous ceux qui sont glorieusement tombés sur les champs d’honneur et les nombreux blessés qui, pour certains, porteront pour toute leur vie, les stigmates de cette guerre. Pour déloger ces narcotrafiquants, les FATIM ont mis en avant leur savoir faire et leurs expériences pour obtenir les résultats que la nation leur reconnaît aujourd’hui a salue, le Chef Suprême des Armées. Le Président de la République a saisi cette occasion pour annoncer que les maliens pourront préparer dans la sérénité et la confiance des élections démocratiques libres et transparentes. Le Chef Suprême des Armées n’a pas oublié d’honorer les vaillants soldats de retour au bercail.