OUAGADOUGOU - Une délégation de la rébellion touareg
malienne du Mouvement national de libération de l`Azawad (MNLA) s`est déclarée
samedi "disponible" pour des négociations, au cours d`une première rencontre
avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur ouest-africain pour la
crise au Mali.
La délégation conduite par un responsable du MNLA, Ibrahim Ag Mohamed
Assaleh, a été reçue durant environ deux heures au palais présidentiel à
Ouagadougou par M. Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats
d`Afrique de l`Ouest (Cédéao), accompagné de son ministre des Affaires
étrangères Djibrill Bassolé.
A l`issue de la rencontre, M. Assaleh a indiqué à la presse avoir remis au
président Compaoré une lettre du secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Achérif.
"Dans la lettre il est dit que nous sommes disponibles, (...) nous
acceptons vraiment la médiation de la Cédéao, de la communauté internationale
pour une sortie de crise", a-t-il expliqué.
Interrogé sur la proclamation de l`indépendance de l`Azawad (région nord)
par son mouvement, rejetée partout à l`extérieur, le responsable touareg s`est
montré ouvert, avançant que "c`est quand on sera à la table des négociations"
que "nous définirons ce qu`est l`indépendance".
Mi-mai, le Burkina avait fait savoir que des consultations, via des
émissaires dépêchés dans le Nord malien, avaient démarré avec les groupes
armés, dont le MNLA, qui contrôlent depuis fin mars cette région.
Après avoir lancé l`offensive contre l`armée malienne mi-janvier, le MNLA
s`est retrouvé ces dernières semaines supplanté sur le terrain par le groupe
islamiste Ansar Dine et son allié jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique
(Aqmi).
Un projet de fusion entre le MNLA, au départ sécessionniste et laïc, et
Ansar Dine, qui prône la charia (loi islamique) dans tout le Mali, a été
suspendu récemment en raison de fortes divergences sur la question de
l`application de la charia.
Le mouvement rebelle touareg apparaît depuis lors divisé entre partisans
d`une fusion et ceux, en particulier ses responsables basés en Mauritanie et
en France, qui y sont farouchement hostiles.
"Le MNLA se démarque carrément de tout autre groupe armé à velléité
islamique dans la zone", a affirmé le chef de délégation à Ouagadougou. "Ce
n`est pas de notre vision politique, de notre culture, de nos moeurs, de nos
traditions, de prôner une charia".
Un accrochage entre éléments du MNLA et d`Ansar Dine dans la nuit de jeudi
à vendredi près de Kidal, l`une des grandes villes du Nord malien, a rappelé
la précarité de la situation.
L`Union africaine (UA) s`apprête à saisir l`ONU pour obtenir son appui à
une intervention militaire dans le nord du Mali, ont annoncé jeudi à Abidjan
des responsables des Nations unies, de l`UA et de la Cédéao.
A l`issue d`une réunion de chefs d`Etat mercredi à Lomé, la Cédéao avait
appelé à la poursuite des négociations avec les mouvements armés "à
l`exclusion des groupes terroristes", mais décidé d`une saisine du Conseil de
sécurité de l`ONU en vue d`une éventuelle intervention.
Toutefois les contours, les composantes et le mandat exact d`une telle
opération dans l`immense Nord malien ne sont toujours pas déterminés.
"On n`a pas le choix: si la Cédéao ou la communauté internationale choisit
de nous faire la guerre, nous allons nous défendre comme nous l`avons fait
(face à) l`armée malienne sur le terrain", a réagi M. Assaleh.
Le chef de la diplomatie burkinabè s`est réjoui que "le MNLA marque sa
disponibilité à trouver une solution négociée" à la crise.
La réunion de samedi a servi à "préparer les conditions et les modalités du
dialogue", a-t-il fait valoir, promettant que la Cédéao associerait "les
acteurs régionaux importants que sont l`Algérie et la Mauritanie à la
recherche d`une solution durable".