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Intox et désintox: les hâbleries ministérielles
Publié le vendredi 19 octobre 2018  |  Info Matin
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Par son énormité, la déclaration du ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Ag Erlaf, mis au pilori par l’avis de la Cour des Sages, au sujet de la tenue des législatives, ne peut qu’interpeler. N’est-il pas temps pour ce ministre en plein délire hallucinatoire de réduire la voilure de ses ambitions toutes théoriques ?
Face à l’INTOX de destruction massive, nous vous proposons la DESINTIX de construction massive.
Il n’a pas perçu les signaux de l’impossibilité d’organiser les élections législatives dans les délais constitutionnels. Grand Maître étoilé de la cuisine électorale, il ne pouvait pas les percevoir parce que muré dans sa tour d’ivoire.
Lisez les croustillantes PÉPITES de la semaine.

Les inepties
INTOX. Très en verve et en veine de détermination, il sérine ses inepties : ‘’la grève des magistrats (ou aucune grève) n’empêchera pas la tenue des élections législatives’’, lors d’une réunion de concertation avec les présidents et les représentants de Partis politiques sur le déroulement des élections législatives de cette année.

DÉSINTOX. Quelle mouche a piqué ce ministre bohémien en s’égarant dans de telles élucubrations ? La rodomontade est flagrante. La grève des Magistrats a bel et bien empêché la tenue des élections législatives. Preuve que le ministre ambulant n’avait aucune arme sécrète, qu’il n’avait jamais prévu de réduire la distance entre les objectifs politiques et les moyens réels permettant une politique plus réaliste, plus pertinente. Cela s’appelle avoir les moyens de sa politique.
Une certitude : après sa fanfaronnade aux allures de bravade, Ag ERLAF est rattrapé par ses propos. Il est proprement mis au pilori par l’avis de la Cour des Sages, en réponse à la demande de l’Assemblée nationale. Par Avis N° 2018-02/CCM du 12 octobre 2018, la Cour constitutionnelle donne son feu vert, sous condition : ‘’la Cour, nonobstant son avis n° 2018-01/CCM du 12 septembre 2018 et le décret n° 2018-0722/P-RM du 14 septembre 2018 portant convocation du collège électoral, ouverture et clôture de la campagne électorale à l’occasion de l’élection des députés à l’Assemblée nationale constate :
– le caractère de force majeure des difficultés entravant le respect scrupuleux des dispositions constitutionnelles et légales sus référencées ;
-la nécessité d’assurer le fonctionnement régulier de l’Assemblée nationale.
Par conséquent, elle donne un avis favorable à la demande de prorogation de la Vème législature jusqu’à la fin du premier semestre 2019 en application de l’article 85 de la Constitution’’.
Les élections n’ont pas été reportées, mais il y a eu prorogation du mandat des députés de 6 mois. Entre nous, c’est du pareil au même, non ?

L’impéritie
INTOX. ‘’Il n’est pas possible juridiquement de prolonger le mandat des députés’’.
DÉSINTOX. Le monde ne s’arrête pas à l’horizon de nos connaissances. Aussi, il n’est pas donné à qui le veut de s’adonner à un juridisme. Ce qui n’est pas possible dans l’univers étroit de Ag ERLAF, c’est exactement ce qui a été possible. En effet, si la Cour a donné un avis défavorable à la demande de report des élections législatives au Gouvernement, parce que non fondée, elle a par contre favorablement répondu à la demande de prorogation du mandat des députés de l’Assemblée nationale. Cerise sur le gâteau : la Cour lui donne gracieusement les moyens de droit de cette prorogation de mandat. Ainsi, par Avis N° 2018-02/CCM du 12 octobre 2018, la Cour constitutionnelle donne son feu vert (à la prorogation du mandat des députés), sous condition : ‘’(…) Dit cependant que ladite prorogation doit intervenir au moyen d’une loi organique’’. Incompétence, inexpérience, ignorance ? Avec cet avis, le ministre est vraiment mal barré, lui qui se montrait plus royaliste que le roi. Selon Henri Boucher ‘’les prétentions sont l’apanage de la médiocrité’’ (Les pensées, maximes et réflexions, 1866).

Les sornettes
INTOX. ‘’Les élections législatives se tiendront avant le 31 décembre 2018’’
DÉSINTOX. Voici le genre d’histoire à dormir debout. Impertinence, insolence : la prétention du Chef cuisinier étoilé des élections était déraisonnable, parce qu’objectivement intenable, et dangereuse, parce que tendant à aller à contre-courant de l’évidence d’organiser des élections libres, transparentes, crédibles, intégrant les recommandions des observateurs internationaux des précédents scrutins électoraux, ainsi que la nouvelle configuration administrative du pays. Ne devons-nous pas prendre en compte le momentum propice pour assurer notre propre résilience ? Avec cette affirmation qui détruit d’avance toute objection, il est clair que le ministre vit dans son monde irréel, qu’il ne vit pas dans le Mali de 2018, avec une élection présidentielle toujours contestée par une frange non négligeable de la classe politique et de la société civile et dont les manifestations perlées sont la plus parfaite illustration. Le Mali de 2018, ce sont aussi des dizaines, voire des centaines de déplacés qui se trouvent aussi être des électeurs. Le Mali de 2018, c’est une insécurité au quotidien, quand bien même cela ne saurait être la raison première du report d’une élection dans la mesure où elle est contemporaine, universelle et non circonscrite dans le temps.
Pourtant, l’Opposition avait fait une ouverture qui aurait pu sauver la mise à toutes les parties. Dans une déclaration signée par 9 candidats à l’élection du Président de la République, le 26 septembre 2018, il a été suggéré, après un rappel des ‘’difficultés contextuelles’’ :‘’l’élection étant la première institution qui fonde le système démocratique, il entre dans la mission conférée par l’article 85 de la constitution à la Cour Constitutionnelle d’en être l’organe régulateur, c’est-à-dire de veiller à ce qu’existent les conditions qui garantissent la régularité, la sincérité et le caractère démocratique du scrutin. Que la Cour Constitutionnelle s’y étant dérobée, il est de devoir de l’autre institution (le Président de la République) qui est le gardien de la constitution d’y pouvoir par les voies de droit qui lui sont ouvertes’’.
‘’Nous invitons par conséquent tous ceux qui ont en souci la consolidation de la démocratie au Mali, le confort de nos Institutions, la paix et la stabilité du Mali d’amener les organisateurs de l’élection législative à surseoir à leur tentative de passer en force, de leur demander de dire aux Maliennes et aux Maliens la vérité sur l’impossibilité de respecter les dates annoncées’’.
‘’Nous rappelons que l’avis de la Cour Constitutionnelle n’a aucun caractère contraignant pour le gouvernement ; que l’article 94 ne donne ce caractère qu’aux seules décisions dont la Cour a fixé la contexture par une délibération du 28 août 2008 qui a précisé que les ‘’décisions de la Cour Constitutionnelle se présentent sous forme d’arrêt’’.
Mais on n’a pas saisi la balle au bond, préférant s’arc-bouter sur des certitudes ayant plutôt besoin d’un aggiornamento. ‘’On n’est ridicule, on n’est vulnérable que par ses prétentions’’ ; citation de Madame de Girardin (Les maximes et pensées, 1855).

Les lunettes roses
INTOX. Selon le Dr Temoré TIOULENTA, membre de la délégation de l’Alliance Ensemble pour le Mali (EMP) : ‘’les élections présidentielles ont prouvé qu’il est possible de tenter ce qui apparaît comme impossible. L’impossible n’est pas malien’’.
DÉSINTOX. Arrêtons de planer et revenons sur terre. Il faut être d’un optimisme naïf pour se convaincre que, parce que l’élection présidentielle a été organisée dans un contexte de scepticisme ambiant, le tour de force marchera aux législatives. Il faut comparer les valeurs comparables et se garder des assimilations hâtives et rapprochements arbitraires, des amalgames et des schémas réducteurs. Surtout, point de griserie.
Un Mali où le civisme, le patriotisme ont foutu le camp par la fenêtre, face à l’invasion en tous genres des promotions contre nature ; un Mali conduit en laisse-guidon, avec une assurance tout-risque et une prime à la médiocrité… ; ce Mali-là ne peut pas multiplier les miracles. Il faut arrêter de regarder la réalité à travers des lunettes roses.
L’impossible n’est pas Malien ? C’est bien, pour se donner de la motivation. Un adage béat benoîtement énoncé, un discours politicien lénifiant et démagogique.
En réalité, les pirouettes, le bidouillage, les camisoles de force ne sauraient indéfiniment prospérer. Le dialogue avec l’ensemble des acteurs n’est pas un mode de gouvernance facultatif, par les temps de galère politique qui courent dans notre bled. Il faut se rappeler : ‘’au nom des idéaux formels, on fait des États totalitaires. Au nom des idéaux créateurs, on avance par dialogue et inclusion. Les idéaux créateurs sont des êtres d’avenir, des forces de devenir’’ ; Comenius, ou Combattre la pauvreté par l’éducation pour tous (2005) de Jean Bédard.

Des futilités
INTOX. Selon la présidente du PRD, Mme Assetou SANGARE, en sérieuse difficulté avec ses notions de droit : ‘’en tant qu’homme politique, qu’on soit d’accord ou pas, c’est d’aller vers le renouvellement du mandat’’.
DÉSINTOX. C’est une lapalissade. La 5e roue du carrosse de l’EMP n’apporte rien au débat par cette affirmation d’une futilité déconcertante. C’est connu : la vocation de tout Parti politique est la conquête et l’exercice du pouvoir et le pilier de la démocratie est l’alternance. Il est évident, dans ces conditions, que l’on ne saurait permettre à des élus de s’éterniser dans leur fonction. C’est d’ailleurs tout le sens de la notion de mandat.
En droit, le mandat est ‘’le pouvoir conféré à une personne qui lui permet d’agir au nom d’une autre’’.
En politique, le mandat est ‘’la fonction, charge d’une personne élue dans une assemblée’’.
Le mandat par essence est appelé à être renouvelé permettant l’alternance.
Il n’y a que les Peulhs pour douter qu’il puisse y avoir une divergence de vues sur l’impératif d’aller aux élections, le rêve de l’ensemble des acteurs politiques étant la conquête et l’exercice du pouvoir. Nous irons bel et bien au renouvellement du mandat des députés.

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