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Afin que nul n’oublie : Sory Ibrahim Touré dit Binkè : 21 Octobre 1996 – 21 Octobre 2018 Il y a vingt-deux ans disparaissait le géomètre
Publié le samedi 20 octobre 2018  |  Aujourd`hui
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Le 21 octobre 1996 le monde sportif malien a été foudroyé par une triste nouvelle. Le géomètre, le maestro, le technicien Sory Ibrahim Touré dit Binkè, sociétaire du Stade malien de Bamako, est décédé à la suite d’un accident de train, au passage à niveau de N’tomikorobougou, non loin du Stade Mamadou Konaté. Cette mort fut tellement brutale qu’elle plongea Bamako dans un silence de cimetière. Si l’ami de Binkè, Dramane Coulibaly qu’il venait de quitter savait qu’un drame l’attendait, il l’aurait retenu. Mais hélas ! Le Bon Dieu en a décidé autrement. Et ainsi va la vie.

Dans la vie il y a des gens qui naissent avec des qualités incontestables. Ils marquent leur temps avec dextérité, mais dans la plupart des cas, entre leur firmament et leur déclin (sous la forme d’une mort ou d’un accident fatal), il n’y a qu’un pas. Malheureusement, Sory Ibrahim Touré dit Binkè faisait partie de cette catégorie de personnes. Sa mort, en 1996, constitue à présent une pilule difficile à avaler. Parce que, d’une part, le jeune homme avait des talents extraordinaires, et d’autre part la mort l’a frappé brutalement.

L’entraineur des Aigles du Mali à l’époque, feu Mamadou Keïta dit Capi, convaincu qu’on ne peut rien contre la volonté de Dieu, a dit que son enfant Binkè l’a trahi, parce qu’il comptait beaucoup sur lui dans son ambition de redonner un second souffle au football malien.

Qui était ce jeune doté d’un talent magnifique et qui a marqué son temps ?

Sory Ibrahim Touré débute sa carrière sportive dans les catégories de jeunes de l’AS Réal de Bamako, club coaché à l’époque par son père Idrissa Touré dit Nani. Doté d’une bonne technique de jeu, il intègre, en 1988, l’équipe nationale junior avec des joueurs comme Mamoutou Kané dit Mourlé, Habib Sangaré, Amadou Bass, Mamoutou Tollo, Oumar Guindo, Oumar Sidibé, Alassane Diallo dit Tom foot, Bouba Diabaté, Boubacar Barry « Bory », Mady Diallo, Bakary Traoré « Bakarini », N’Faly Kanté, Malick Tandjigora…

Après avoir participé à la quasi-totalité des matchs éliminatoires de la zone Afrique, il participe l’année suivante au mondial junior en Arabie Saoudite.

Après l’épopée saoudienne, Binkè s’impose comme meneur de jeu des Scorpions. Avec l’AS Réal, il remporte en 1989 la coupe du Mali de football aux dépens du Djoliba (2-0). Nous garderons longtemps en mémoire le premier but de son équipe. Une action sur laquelle, il « dépose », avec une précision chirurgicale, un coup franc sur la tête de Adama Traoré dit boxeur ; avant que Harouna Coulibaly « Diégo » ne donne à la victoire des Noirs et Blancs une allure d’éclat.

L’année suivante, il est régulièrement convoqué en équipe nationale sénior. Il y retrouve d’autres joueurs de sa génération. Il participe aux éliminatoires de la CAN 1992 et prend du galon au sein de son club.

A la fin de la saison 1992, il signe au Stade Malien de Bamako. Chez les Blancs, il ne tarde pas à s’imposer à l’aile droite où ses centres et passes mettent à l’aise les attaquants Mahamadou Cissé « Tostao » et Abdoul Karim Magassouba.
En Juillet 1993, il est l’un des artisans de la qualification du Mali à Tunis 1994. Cette année-là, il participe à la CAN tunisienne.

Après avoir suivi les deux premiers matchs à partir du banc de touche, il est titularisé contre l’Egypte en quarts de finale, où il a pour mission de mettre sur orbite les attaquants Soumaïla Traoré et Fernand Coulibaly. En seconde mi temps, le Mali obtient un coup franc excentré sur la droite. Il place la balle sur la tête de Soumaïla Traoré qui bat le portier Shoubeïr et ouvre les portes des demi-finales au Mali.
Après la CAN, il connaît un passage à vide et perd sa place en équipe nationale du fait de son inconstance. En 1995, il revient petit à petit et réalise le doublé Coupe-championnat avec le Stade Malien.

L’année 1996 fut une année noire pour l’enfant de Bolibana qui perd le championnat et la coupe du Mali. Il promet alors aux fans du Stade Malien de Bamako de se racheter l’année suivante. Au début de la saison 1996-1997, il s’entraîne dur pour aborder les différentes compétitions, retrouver l’équipe nationale et décrocher un contrat professionnel.

Le 20 Octobre 1996, le public du stade omnisports l’aperçoit pour la dernière fois à l’occasion de la finale de la coupe INPS opposant le Stade Malien à l’USFAS.
Le lendemain, au volant de sa motocyclette, il est happé par un train en provenance de Kati, à hauteur du passage à niveau du Stade Mamadou Konaté. Il perd sur le champ la vie. Le jour suivant, il est accompagné à sa dernière demeure au cimetière de Hamdallaye par une foule de parents, d’amis et de sportifs.

Le même jour, des citoyens bamakois signent une pétition pour protester contre l’absence de barrières aux différents passages à niveau de la capitale.
En décembre de la même année, l’éphémère Association des footballeurs du Mali dont il était secrétaire aux revendications, organise un match amical contre l’équipe nationale junior. Match au cours duquel son fils, Adama Touré (qui a joué au Stade Malien jusqu’en 2009) entre en cours de jeu (en portant le N°7 de son père) et gratifie le public de beaux gestes techniques.

Chaque année, ses amis du quartier populaire de Bolibana organisent le Mémorial Sory Ibrahim Touré dit Binkè, sur l’un des terrains jouxtant l’avenue de l’indépendance, afin que nul n’oublie celui dont le toucher de balle donnait la chair de poule aux puristes.

Dors en paix Binkè. « A Dieu nous appartenons et à lui nous retournons ! ».

Mohamed Soumar

O. Roger Sissoko
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