A l’issue de sa mission, le vendredi dernier à Bamako, la délégation de la CEDEAO a souligné qu’« il est impératif que le gouvernement et tous les acteurs sociopolitiques conviennent, de manière consensuelle, d’entreprendre des réformes courageuses des cadres légaux, y compris la Constitution de février 1992, et du système électoral avant de s’engager dans les prochaines échéances électorales que compte mener le pays »
Des « notes de mission d’information du président du conseil des ministres de la CEDEAO en République du Mali », il ressort que c’est sur instruction du président en exercice de la CEDEAO, le président Muhammadu Buhari du Nigéria que le président du Conseil des ministres de l’organisation, le ministre des Affaires étrangères du Nigéria, Geoffrey Onyeama, était le vendredi dernier à Bamako. Il était en compagnie du président de la Commission de la CEDEAO, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou. Ils ont été reçus en audience par le président de la République, en présence du ministre Kamissa Camara des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Yaya Sangaré des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, du ministre secrétaire général de la présidence et du ministre Directeur de cabinet du chef de l’Etat. Les émissaires de la CEDEAO ont également échangé avec le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga et participé à une séance de travail avec les partenaires internationaux du Mali sous la direction du patron de la MINUSMA.
Les envoyés spéciaux de la CEDEAO ont aussi rencontré, dans la même journée du vendredi 19 octobre, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé non moins finaliste malheureux à la dernière élection présidentielle.
Les échanges ont porté sur la situation de crise post-élection présidentielle et ont permis aux uns et aux autres de brosser le climat politique plutôt tendu dans le pays. Avant que chaque acteur ne se montre disposé à aller à un dialogue national afin de poser les bases du renforcement de la démocratie et de la tenue d’élections libres et transparentes.
Cette visite se situe donc dans le cadre du suivi de la situation pré et post-élection présidentielle de la CEDEAO au Mali. Et, selon les émissaires de l’organisation sous-régionale, l’élection présidentielle au Mali était un défi à relever. Ce, malgré les insuffisances constatées.
A l’issue des échanges entre le président de la République et les hauts cadres de la CEDEAO, Geoffrey Onyeama s’est réjoui de la rencontre avec le locataire du palais de Koulouba. « La rencontre avec le président de la République nous a rassuré de savoir que tout se passe bien. La rencontre avec le président de la République ainsi qu’avec son Premier ministre nous ont rassurés qu’il y a beaucoup de raisons et confiance d’espérer que tous les défis post-élections seront relevés. « Le président de la République nous a expliqué que pour lui, la chose la plus importante c’est le Mali. Que ce n’est pas une question de personne ou d’autres ambitions qui l’animent, mais vraiment ce qui peut améliorer la situation pour le Mali. Donc, tout ce qu’il est en train de faire est au bénéfice du Mali et des populations maliennes. Il a dit qu’il croit et adhère bien à l’esprit de l’intégration africaine à travers la CEDEAO, mais également qu’il poursuit une politique de l’inclusivité, ce qui est très important. Nous étions très contents d’entendre cela parce que le président Buhari, qui actuellement est le président en exercice de la CEDEAO insiste beaucoup sur cet esprit d’inclusivité au Mali. Donc c’était vraiment très rassurant de noter que c’est la même vision chez le président de la République, SEM Ibrahim Boubacar Kéita », a déclaré Geoffrey Onyeama.
Au terme de la mission, la CEDEAO « prend acte de la prolongation de la législature actuelle selon l’avis de la Cour constitutionnelle et au regard des dysfonctionnements largement reconnus et évoqués par tous les interlocuteurs lors du scrutin présidentiel passé ». Et d’ajouter qu’«il est impératif que le gouvernement et tous les acteurs sociopolitiques conviennent, de manière consensuelle, d’entreprendre des réformes courageuses des cadres légaux, y compris la Constitution de février 1992, et du système électoral avant de s’engager dans les prochaines échéances électorales que compte mener le pays ».
Les émissaires d’Abuja demandent d’accélérer ces réformes afin de faire face efficacement aux multiples et importants défis à venir. Ils disent noter que « les Maliens ont besoin de rétablir par tous les moyens nécessaires un climat de confiance réciproque et d’unir leurs forces autour des autorités légalement établies ».
Pour les responsables de la CEDEAO, la situation sécuritaire du Mali est toujours volatile et préoccupante. Elle requiert le renforcement de l’armée malienne et des forces de sécurité pour en faire l’avant-garde de la sécurité nationale. Et, face au phénomène du terrorisme et de l’extrémisme violent, Geoffrey Onyeama et sa délégation exhortent les autorités maliennes à mettre l’accent sur des actions préventives vigoureuses de développement économique et social.