Un avant-projet de découpage territorial du Mali a été élaboré par le gouvernement. Il instaure 20 régions et un District, 92 cercles contre 49 existants. 34 cercles pour le Nord et sur lesquels, Tombouctou et Gao ont 10 cercles. Pour manifester leur désaccord, une coalition d’associations sœurs du Nord et Sud du Mali a animé une conférence de presse, le mardi 16 octobre, à la Maison de la presse. Elle demande la démission du ministre de l’Administration territoriale.
La conférence de presse était animée par le président de l’association Gao Lama Bory, Abdel Kader Maïga ; le président de l’association des Bellah, Isbypty Ag Akado ; le secrétaire général de l’association Songhoy Ganda Borey et le représentant de l’association Ir-Ganda, Alassane Amadou.
Selon la déclaration lue par Abdel Kader Maïga, «quoi qu’on puisse dire aujourd’hui, force est de constater que le caractère unitaire de la République du Mali est menacé par une mise en œuvre non inclusive de l’accord d’Alger qui fragilise l’Etat à travers ses institutions. Ce qui conduira inévitablement à la partition du Mali. C’est pourquoi, la coalition des associations sœurs du Nord et du Sud rejette avec force et détermination le projet de morcellement du pays».
Selon la déclaration, il est patent que cette gymnastique de création de cercles est calculée et basée justement sur l’institution d’une hégémonie arabo-touarègue dans les régions du Nord du Mali. Elle indique aussi que le caractère injuste, inéquitable et unilatéral, sans concertation des populations à la base autour du découpage ainsi projeté, est «attentatoire à la cohésion sociale, à la paix et à la prospérité du Nord du Mali».
Et d’ajouter : «De par cette boucherie territoriale, selon la déclaration, nos autorités confèrent à une minorité démographique la majorité démocratique. Démocratiquement, comment une majorité de la population du nord du Mali à 90% pourrait se retrouver avec 8 députés alors que la minorité 10% se tape 32 députés». Cette déclaration estime également que ce découpage est une bombe qui gangrènera tout le Mali car d’autres personnes ou communautés tentent déjà et tenteront le même exercice pour leur terroir.
C’est pourquoi, la coalition réitère son rejet catégorique du projet de découpage territorial du Mali, en général, et en particulier, du Nord du Mali, en cours d’élaboration et exige le retrait de ce projet de découpage unilatéral dangereux pour nos régions, en attendant que toutes les composantes de la nation malienne soient conviées, en temps opportun et par qui de droit, à une large et inclusive consultation dans le cadre d’une concertation nationale.
Préoccupés par les menaces de partition du pays qui prennent de plus en plus corps, ces associations, société civile, Maliens de la diaspora, personnalités indépendantes, leaders d’opinion, décident de mettre en place une coalition des associations sœurs du nord et du sud, afin de conjuguer le dynamisme des initiatives individuelles de chaque entité avec le sens de l’action commune pour la défense du caractère unitaire de notre Etat, sa forme républicaine et réinstaurer la cohésion sociale sur toute l’étendue du territoire national.
Le président de l’association des Bellah, Isbypty Ag Akado, a expliqué que le projet de loi de découpage territorial, qui vient renforcer le malaise des Maliens, n’est qu’une suite logique des coups qui nous ont été portés par le pouvoir depuis 2013. Il dira que le pouvoir en place se donnera le moyen de créer un espace pour les Touareg en oubliant les autres communautés avec lesquelles les Touareg partagent le même espace.
«Nous sommes prêts à rejeter tout accord qui met dans un ensemble les régions du Nord, mais qui n’accorde aucune importance aux majorités sédentaires noires que nous sommes. Aujourd’hui, le peuple ne saurait se considérer comme étant le responsable des dérives, du déshonneur et de la perte de souveraineté sur notre territoire. Les responsables de cette situation continuent de pactiser, de jouir du labeur des citoyens et de se taire sur le péril dans lequel ils nous ont installés. Nous demandons la démission du ministre de l’Administration territoriale. Nous n’avons pas le droit de refuser à l’Etat de créer autant de cercles et de régions qu’il veut. Mais nous refusons que l’Etat nous comptabilise comme des faire-valoir dans un espace où nous sommes majoritaires», a-t-il déclaré.