Y a-t-il une route à Kalabancoro ? Oui. Comment on y roule ? Serrés comme des harengs ou des sardines. Pourquoi ? Parce qu’elle a plus l’allure d’un mouchoir de poche qu’autre chose. Il y a quelques mois, ce qui s’est passé de notoire sur cette route au sud-est de Bamako, ce sont surtout les accidents impliquant les étudiants et les professeurs de l’université de Kabala dont la vie a été abrégée par les camions à benne. Ces incidents tragiques avaient amené les étudiants, au désespoir, à descendre dans la rue pour dénoncer la mort de 7 étudiants et professeurs sur cet axe de la mort.
En mars 2018, le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga a lancé les travaux d’élargissement de la voie. Depuis, les usagers de ce tronçon n’en finissent pas d’essuyer les plâtres. De fait, sur une route à deux voies, où les gens ont pris la coutume de confondre conduire et se regarder le nombril, des bornes ont été placées des deux côtés, ce qui fait déjà révolter les commerçants installés, qui dénoncent un problème d’accès pour leurs clients.
Mais il n’y a pas que ça, bien sûr. Il y a mieux ou pire. Le fait est que les usagers, comme moi, ont le sentiment de s’être fait blouser en ce sens qu’au lieu d’une route élargie, nous en avons eu une étroite où conduire est devenu un enfer. Les arrêts anarchiques et intempestives des transports en commun (Sotrama, taxi) pour déposer ou embarquer un client, ainsi que les voitures personnelles donnent lieu à des embouteillages monstres à toute heure de la journée. De plus, les bornes semblent devenues une source d’insécurité routière : sous mes yeux deux motocyclistes tombés dessus se sont fracturés la jambe.
Quelqu’un peut-il donc dire à la ministre de l’équipement et des transports que la route de Kalabancoro est devenue un merdier ? Même si, en dehors de l’état de la route, il faut aussi rappeler qu’ici, sous nos latitudes, nous ne savons pas nous comporter sur une route. Tout le monde est pressé pour aller vers on ne sait quelle urgence. Quand des hommes et des femmes raisonnables échouent se comporter sur une route, c’est que la société elle-même perd la tête quelque part. C’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Ce qui nous renvoie au problème le plus crucial qui nous attend dans ce pays : l’éducation. J’ai l’habitude d’écrire qu’il faut d’abord qu’on éduque nos enfants, ensuite on pourra parler du reste, c’est à dire du pays.
Mais avant d’oublier, encore une fois, faites passer le message à la ministre : la route de Kalabancoro est un merdier.
B. S.