Le Centre d’innovations vertes pour le secteur agro-alimentaire (CIV) de la coopération allemande au développement (GIZ) a organisé, mercredi dernier à l’Office du périmètre irrigué de Baguineda (OPIB), une journée portes ouvertes sur le système de riziculture intensive (SRI). La journée a été présidée par le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Lassine Dembélé, en présence de Dr Rokia Goldmann, chef du CIV, Daniel Siméon Kéléma, directeur national du Programme d’appui au sous-secteur de l’irrigation de proximité (PASSIP), du chef du Programme Mali Nord-Irrigation de proximité dans le Delta intérieur (PMN-IPRODI), Alhassane Ag Agatham et du directeur de l’OPIB, Djougo Diallo. Plusieurs autres personnalités ont pris part à cette journée parmi lesquelles, Pr Alhousséini Bretaudeau, éminent chercheur et ancien secrétaire exécutif du Comité permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et des paysans qui ont accepté d’expérimenter cette pratique dans leurs parcelles.
C’est ce qui a expliqué la tenue de la journée portes ouvertes à l’OPIB pour constater les progrès réalisés par les paysans depuis cette campagne 2018/2019. Les spécialistes du SRI ont révélé que la pratique a permis, en plus de l’économie d’engrais, d’eau et de semences, de booster les rendements de l’ordre de 50% en zone irriguée (entre 5 et 7,5 tonnes de riz paddy à l’hectare) et de 38% en zone pluviale (entre 1,8 à 2,5 tonnes de riz paddy à l’hectare).
Qu’est-ce que c’est que le SRI ? Il s’agit de produire du riz avec une utilisation limitée de semences, d’eau et d’engrais sur un sol riche en matière organique et bien aéré, toute chose qui favorise l’accroissement significatif de la production. A titre de comparaison, le paysan qui pratique le SRI sur un hectare n’aura besoin que de 8 kg de semences, de repiquer les jeunes plants qui ont seulement entre 8 et 10 jours à raison d’un seul plant par poquet et en ligne et avec un écartement de 25 cm par 25 cm. Ensuite, il aura besoin d’apporter une très grande quantité de fumure organique à raison de 10 à 15 tonnes par hectare, ou une tonne de fertilisants organiques industriels, 50 kg de DAP, 50 à 100 kg d’urée ou par la technique du placement profond de l’urée 72 kg.
Les plants n’ont pas besoin d’une trop grande lame d’eau, et le paysan peut espérer récolter entre 4 et 8 tonnes par hectare. A l’opposé de cette pratique, le paysan utilise de façon conventionnelle entre 50 et 60 kg de semences, repique ses plants qui ont entre 21 et 30 jours et sème entre 3 et 4 plants par poquet avec un écartement de 15 cm par 15 cm. Il doit aussi apporter 100 kg de DAP, 200 kg d’urée et maintenir la lame d’eau à plus de 10 cm du sol. Le tout pour un rendement moyen de 4 à 7 tonnes pour les plus performants.
Ainsi l’argument économique et le temps de travail militent plus en faveur du SRI que la pratique traditionnelle. C’est ce qui a convaincu une dizaine de producteurs de la zone de l’OPIB à expérimenter la pratique. L’occasion était opportune pour partager ces expériences.
Ainsi, Mohamed Samaké, membre de l’interprofession riz et président de la plateforme riz, a vivement conseillé la pratique à ses collègues. Il a dit avoir produit 7,5 tonnes de riz paddy à l’hectare avec cette pratique. Ses autres collègues Mahamadou Diarra du village de Dougourakoro, Bakary Doumbia de Kognimba, Sibiry Konaté de Tiéman, Dramane Diallo de Baguineda ont, tous, apprécié la pratique et les avantages économiques qu’ils espèrent tirer. La visite des parcelles expérimentales a fourni des motifs de satisfaction et d’espoir pour ces paysans et les visiteurs. Le constat était surtout palpable sur les deux parcelles contiguës de Bakary Doumbia qui a semé sur une superficie identique de 0,5 hectare du riz avec la méthode SRI et sur celle dite conventionnelle ou la pratique paysanne.
Il a révélé avoir utilisé 4 kg de semences, 10 sacs de fertilisants organiques, 25 kg de DAP, 64 kg d’urée sur sa parcelle de SRI contre 40 kg de semences, 100 kg de DAP et 250 kg d’urée pour sa parcelle avec la pratique paysanne. Il espère récolter 7 tonnes sur sa parcelle SRI contre 4 à 5 sur la conventionnelle.
Et ce n’est pas un hasard si le projet CIV a décidé de récompenser ces paysans qui ont accepté d’expérimenter la pratique en vue d’encourager d’autres à adopter le SRI. Excepté le paysan Sibiry Konaté qui a reçu en plus de la dizaine de sacs d’engrais, un motoculteur, les 4 autres paysans récompensés ont aussi reçu les mêmes quantités d’engrais. Il faut rappeler que ce sont en tout 690 paysans qui ont semé 510 hectares avec la technique du SRI dans le périmètre de Baguineda.