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Entre nous : Le découpage de la discorde
Publié le samedi 27 octobre 2018  |  Le challenger
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Gao et Ansongo ont marché le lundi 22 octobre 2018 contre l’avant-projet de découpage administratif. Le lendemain, Tombouctou et Koro ont aussi manifesté leur ras-le-bol. Depuis quelques semaines, les ressortissants de plusieurs contrées se dressent en bloc contre ce nouveau découpage du territoire national, Goundam, Koutiala, Konna, etc. Début de mandat difficile pour un Chef de l’Etat réélu avec 67,17%.



Décidément, le texte élaboré par les services techniques du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, est devenu celui de la discorde et de la division nationale. Face au tollé général, le gouvernement joue à l’apaisement et laisse entendre qu’aucune décision n’est encore prise. Dans le cercle du pouvoir, on avance que le texte fera l’objet d’une large concertation à la base afin de consulter les populations.

Les auteurs de cette fuite savamment et intelligemment orchestrée, en ont eu pour leur dose et ont réussi à détourner l’attention des populations sur d’autres questions aussi importantes que la prorogation du mandat des députés à l’Assemblée Nationale et la signature du pacte pour « la Paix au Mali ».

Quelle est la pertinence de ce nouveau projet de découpage administratif ? Pourquoi un gouvernement, qui peine à matérialiser la loi adoptée en 2012, veut-il créer de nouvelles régions ? Le gouvernement joue-t-il à la diversion ? Ce nouveau projet s’inscrit-il dans le cadre du respect des engagements pris dans l’accord pour la paix et la réconciliation ?

En difficulté, le gouvernement du Mali opte pour la fuite en avant et refuse de poser les vrais problèmes de la nation dans un cadre de dialogue avec les forces politiques et sociales. Il n’y a aucune urgence à sortir un nouveau projet de découpage administratif. Et on ne peut pas non plus soutenir que le découpage administratif s’inscrit dans le cadre du respect des engagements de l’Etat.

Incapable d’expliquer les retards accusés dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, Bamako joue probablement sur la montre en tentant de différer la matérialisation d’autres aspects prioritaires de ce document issu du processus d’Alger et abandonne un pan important de ses prérogatives à la communauté internationale pour faute de leadership. Sans doute, le Président réélu sur fond de contestation et son Premier ministre marchent sur des œufs.

Les réactions négatives contre ce projet présagent des tensions éventuelles pouvant découler de l’adoption d’un texte si controversé. Elles s’expliquent par le fait que les populations ne comptent plus rester spectatrices des questions aussi essentielles que celle-ci.

Le pays est déjà dans une situation difficilement tenable sur les plans politique, économique et sécuritaire. Si le Président de la République ne prend pas toute la mesure de la gravité de la situation pour agir en conséquence, en rassemblant les forces politiques, sociales et religieuses, la patrie risque de se retrouver dans une situation encore très inconfortable. Et cela, avec des conséquences graves sur l’intégrité du territoire national. La pente sur laquelle se trouve le Mali est plus que glissante. Au rythme où le pays avance, il y a de fortes chances que les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur obtiennent ceux qu’ils veulent.

Sans un véritable sursaut national dans les meilleurs délais, les plus optimistes d’entre nous peuvent commencer à endosser leurs manteaux du désespoir.

Par Chiaka Doumbia
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