La Commission électorale nationale indépendante, CENI, se trouve aujourd’hui dans un tourbillon, à cause du soupçon de détournement de fonds, sous le couvert d’indiscipline budgétaire. Deux de leurs responsables, à savoir Amadou Bah, le président et Beffon Cissé le premier questeur, sont dans le viseur d’autres membres du bureau qualifiés de frondeurs. Me Issiaka Sanogo et certains auraient même destitué les présumés coupables de détournement de fonds. Un bras de fer est désormais engagé entre les deux camps opposés. En attendant la fin du feuilleton juridico-politique, l’URD va-t-elle interpeller Beffon Cissé ?
Les Maliens se rappelleront longtemps de l’élection présidentielle de 2018, avec ses péripéties et autres rebondissements dans des affaires aussi scabreuses qu’éhontées. Après la contestation des résultats par l’Opposition suivie des manifestations à l’intérieur comme au sein de la diaspora, c’est la CENI qui défraie la chronique avec une odeur de détournement de fonds. Cette affaire pour le moins rocambolesque concerne en premier lieu Amadou Bah le président de ladite structure et le premier questeur Beffon Cissé.
Ce dernier se trouve être un cadre de l’Union pour la République et la Démocratie, URD, le parti du chef de file de l’Opposition, Soumaila Cissé. Bien que la présomption d’innocence lui est accordée jusqu’à la fin de la procédure, l’URD ne doit pas attendre que le feuilleton soit terminé pour interpeller Beffon Cissé. Elle pourrait écouter sa version pour ensuite faire un communiqué, soit pour le soutenir ou pour le blâmer si tant est que le parti de la poignée de main veut rompre avec les pratiques peu orthodoxes de la gouvernance actuelle. Les leaders de l’Opposition, surtout ceux regroupés au sein du FSD dont Soumaila Cissé est la tête de proue, n’ont jamais manqué d’occasion pour tirer à boulet rouge sur la gouvernance d’IBK.
Voici une des illustrations particulièrement virulente tirée du manifeste du FSD : « (…) mettre fin aux détournements de fonds publics et à traduire en justice les coupables, combattre le mépris arrogant affiché par une oligarchie prédatrice ». Au-delà de l’infraction, bien sûr si elle est avérée, c’est un discrédit qui serait jeté sur l’opposition à travers un de ses représentants de surcroit militant du parti, l’URD, qui passe pour être l’alternative crédible « à la gouvernance calamiteuse d’IBK ».
A défaut du FSD qui est un mouvement hétéroclite, l’URD est fortement interpellée pour démentir le vieil adage selon lequel tous les hommes politiques maliens sont les mêmes et que « Soulé ne vaut pas mieux que Demba ». En sommant Beffon Cissé à venir s’expliquer l’URD va non seulement innover, mais aussi et surtout gagnera la confiance des maliens. Dans le cas contraire, elle contribuera à discréditer l’homme politique.